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sans aucun doute, à mesure que la foi diminuera. Un médecin italien avoit calculé, dans

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>> toutes les personnes qu'il connoît, et particulièrement de celles auxquelles il est habitué à commander; de ne le contrarier jamais en lui parlant le langage de la raison, sans lui présen» ter en même temps l'appareil d'une force physique à laquelle » il ne puisse espérer de résister. Ainsi à un fou furieux qui re» fuse d'entrer dans sa loge, ou qui s'est armé d'un débris de >> meuble pour en défendre l'entrée, on envoie dix domestiques : » si on ne lui en opposoit que deux ou trois, quoique plus foi>> ble que chacun d'eux, il essaieroit de leur résister, et on ne pourroit le désarmer qu'en le blessant; mais dès qu'il voit une » force tout-à-fait supérieure, il se rend. Il apprend ainsi peu à >> peu à reconnoître la supériorité physique, et de là il est con» duit à reconnoître la supériorité morale. Il obéit d'abord dans » ses actes; il finit par soumettre son jugement. C'est dans ce >> dernier point que consiste la plus grande difficulté du traitement; >> et cette difficulté est d'autant plus grande que le malade, par » son caractère propre, ou son genre de vie, est naturellement plus impérieux, ou plus indépendant. Il est d'expérience que >> les hommes les plus exposés à l'aliénation mentale, et les plus » difficiles à guérir, sont les célibataires, qui vivent dans un état » d'isolement, et par conséquent dans une grande indépendance » de l'autorité, et même des idées d'autrui, et les hommes ha>> bitués au commandement. Personne n'est plus difficile à gué>> rir qu'un officier-général, et surtout qu'un capitaine de navire. >> On sait que l'autorité de ce dernier est plus despotique que >> celle du potentat le plus absolu.» Voyez le Traité de la manie, de M. Pinel, et les Mémoires de M. le docteur Esquirol sur le même sujet.

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le dernier siècle, qu'il existoit en Italie, proportionnellement à sa population, dix-sept fois moins de fous que dans les contrées protestantes. Ces faits, sous plus d'un rapport, méritent d'être remarqués. Nous sommes loin de nier que la folie ne soit fréquemment produite par des causes particulières, des émotions vives, de profondes douleurs; mais cela n'empêche pas de reconnoître une cause générale de folie, dont l'action se manifeste uniformément chez tous les peuples, à mesure que cette cause s'y développe, c'est-à-dire à mesure que les esprits s'affranchissent davantage de l'obéissance à l'autorité.

En cherchant par quelles voies l'homme parvient à la connoissance certaine de la vérité, nous avons été conduits à examiner une question peu éclaircie jusqu'à ce jour, et qui a fait naître un grand nombre d'erreurs. On s'est imaginé qu'il existoit des vérités indépendantes de la raison, des vérités senties avant d'être conçues, et qu'à cause de cela l'on nomme vérités de sentiment. On ne pouvoit confondre plus dangereusement des facultés distinctes, et, par

une suite nécessaire de leur nature, liées entre elles dans l'ordre inverse de celui qu'on supposoit. Les déistes ont étrangement abusé de ce faux principe : les athées mêmes s'en accommodent; et ils en ont tiré une espèce de religion où tout entre, excepté Dieu.

Nous montrons que tout sentiment suppose une vérité ou une idée préexistante dans l'entendement: car il faut connoître avant d'aimer; et l'homme aime naturellement la vérité, qui est le bien des intelligences. Ainsi la foi précède l'amour; et l'amour n'est que le mouvement de l'âme, qui se porte vers l'objet de sa foi. Le bon croit à la vertu ; il la regarde comme son véritable bien, et il l'aime. Le méchant, qu'elle fatigue, la hait, parce que, dans l'erreur de son esprit offusqué par les passions, elle est à ses yeux un mal. Le bien, pour lui, c'est ce qui flatte ses penchans corrompus ; il croit au plaisir, et cette foi aveugle et déraisonnable détermine un amour désordonné. Chaque croyance, vraie ou fausse, produit ainsi un sentiment analogue; et si l'on observe chez tous les peuples des sentimens généraux inaltérables

pour le fond, c'est qu'il s'y trouve aussi des croyances générales, conditions nécessaires de l'existence du genre humain.

Considérons sur ce point de vue la plus importante des vérités et la plus universelle des croyances. Partout, dans tous les temps, les hommes ont eu l'idée de Dieu; mais, avant Jésus-Christ, ils ne le connoissoient pas selon tout ce qu'il est il n'avoit encore pleinement manifesté que sa puissance; et cette notion du souverain Être produisoit un sentiment de respect et de crainte, dont le culte public étoit l'expression.

La sagesse éternelle se revêt de notre nature; Dieu se manifeste comme vérité : aussitôt on voit naître un sentiment nouveau ; la vérité a ses témoins, ses martyrs, et les hommes qu'elle a éclairés se dévouent à tous les travaux, à tous les opprobres, à tous les tourmens, pour la défendre et la propager et aujourd'hui encore des millions de chrétiens mourroient avec joie dans les supplices, plutôt que de renoncer à cette vérité qu'ils ont

connue.

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Dieu achève de se découvrir; il se manifeste comme amour, et un amour immense s'empare du cœur de l'homme : alors, et alors seulement, il commence à aimer ses frères jusqu'à se sacrifier pour eux, en vue de celui qui nous a tant aimés (1). Un esprit de miséricorde pénètre toute la société ; chaque misère trouve un asile, chaque douleur une consolation, chaque larme une main compatissante qui l'essuie. Et cet amour qui vient de Dieu, remontant jusqu'à lui, se perd et se renouvelle sans cesse dans le sein de l'Etre infini, devenu l'objet d'un sentiment qu'il faut éprouver pour le comprendre ; sentiment si vif, si profond, qu'on a vu des hommes mourir, n'en pouvant supporter l'inexprimable douceur (2): heureuse mort, qui n'étoit qu'une extase d'amour!

(1) Joan. III, 16.

(2) « O mon Sauveur ! s'écrie sainte Thérèse, quel attrait dans >> ces eaux vivifiantes du pur amour! Heureux qui pourroit s'y » voir submerger jusqu'à y perdre la vie au milieu de ses trans>>ports et de ses ravissemens! Pensez-vous que cela soit impos>>sible? Non, sans doute. Notre amour pour Dieu, le désir de » le posséder, de confondre notre néant avec sa gloire, peut → croître à l'infini, et arriver à un tel degré que le corps ne puisse

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