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De cette confusion il arrive, etc. Pascal continue de pousser à bout la raison humaine. Nous sommes gouvernés par des lois, et notre raison ne sait ni ce qui rend une loi juste, ni d'où dérive l'obligation de nous y soumettre. Le premier moyen qui se présente pour résoudre cette importante question, celui qui au premier coupd'œil paroît le plus sensé, c'est d'examiner le motif de la loi et de remonter à l'origine et aux fondemens de l'autorité qu'on est obligé de reconnoître. Mais lorsqu'on considère la chose de près, rien n'est plus dangereux : souvent le motif de la loi est si foible et si léger, l'origine de l'autorité si suspecte ou même si criminelle, qu'on ne rapporte de cette recherche que mépris ou aversion et pour la loi et pour l'autorité. Lorsqu'on en est venu à ce point, tout est prêt pour opérer des révolutions et des bouleversemens, et c'est par là en effet, qu'on y dispose les esprits. Quel parti faut-il donc prendre? S'interdire tout examen, et se soumettre aveuglément à la loi et à l'autorité des chefs de l'état, uniquement parce que tout cela est établi ? C'est bien le plus súr; mais c'est donner à cette soumission ce que Pascal appelle un fondement mystique c'est nous soumettre comme des êtres sans intelligence. La conséquence de toutes ces observations, c'est que nous sommes placés dans une étrange défilé. Examiner, c'est exposer la sûreté de l'état et la nôtre propre : nous soumettre sans examen, c'est faire le sacrifice de notre raison: ainsi il faut que nous renoncions à notre raison ou à notre sûreté. Il n'existe qu'une manière de concilier ces deux choses: c'est de dire, que Dieu ayant établi toutes les puissances qui sont sur la terre, c'est s'opposer à son ordre de s'opposer aux puissances, et qu'ainsi nous devons nous soumettre à l'ordre que nous trouvons établi sans nous permettre d'en sonder indiscrètement la nature ou le prin

que

cipe. Par là nous conservons la sûreté et la tranquillité dans l'état, et nous tenons une conduite très-raisonnable, puisqu'il n'y a rien de plus raisonnable que d'obéir à l'ordre de Dieu. Mais cette solution, ce n'est pas notre raison qui nous la donne; où l'auroit-elle trouvée ? et d'ailleurs, quelle garantie pourrions-nous en avoir ? C'est de la révélation seule que nous la tenons, et il n'est pas possible de l'obtenir par une autre voie. Voilà donc en core la révélation démontrée nécessaire, pour nous éclairer et fixer toutes nos incertitudes sur des objets qui sont du plus grand intérêt pour nous.

Pascal ne borne pas là ses instructions; il nous montre l'homme placé dans un ordre de choses en apparence bien bizarre, bien incompréhensible à sa raison, bien humiliant pour lui, et qui est la source d'une foule de crimes, d'injustices et de maux. Mais pourquoi s'y trou ve-t-il placé ? C'est que cet ordre est nécessaire pour l'empêcher de devenir une véritable bête féroce, pour le rappeler à ses devoirs, et pour lui rendre l'usage de ses facultés intellectuelles. « L'homme, dit David, étant en >> honneur a été sans intelligence; il est devenu compa» rable aux animaux qui sont sans raison; il leur est de» venu semblable : » ( Ps. 48. ) il a donc fallu le mettre sous le joug comme ces animaux au rang desquels il est descendu. Aussi voyons-nous qu'averti par ses besoins, sans même penser à ce qui pouvoit rendre légitime l'autorité de ses semblables sur lui, partout il s'est hâté de l'établir ou de la reconnoître; et qu'il l'a regardée comme sacrée par une espèce d'instinct qui ne pouvoit lui venir que de Dieu. La conséquence de ces observations saute aux yeux: par l'institution des gouvernemens et du droit civil, l'homme est puni, il est humilié, il est traité comme un malade qu'il faut guérir, ou comme un forcené qu'il faut charger de chaînes ; et tout cela est né

cessaire il naît donc dans le désordre. Nous voilà encore ramenés au dogme du péché originel.

1

......

pour le

La loi est reçue ; c'est le fondement mystique de son autorité,...... l'usurpation a été introduite autrefois sans raison; elle est devenue raisonnable.. bien des hommes, il faut souvent les piper, etc. Toutes ces maximes dont on peut faire un abus détestable, s'entendent ici parfaitement et dans un très-bon sens. Pascal s'en sert pour établir cette vérité de fait; que dans l'hommage que l'homme rend aux lois et à l'autorité, il est conduit par son imagination et non par sa raison ; que vû le caractère que présentent les lois et l'autorité, il est avantageux pour lui que les choses soient ainsi ; et qu'un des plus grands malheurs qui puissent lui arrirer, c'est que les illusions de son imagination vinssent à se dissiper, et que les lumières de la raison en prissent la place. Tel est ici-bas son état. Pascal ne prétend pas que cet état soit bon, ni qu'il soit selon l'ordre mais il le décrit tel qu'il est. Répétons ici les raisonnemens que nous venons de faire; ils nous conduiront encore à ce résultat si triste et si humiliant pour nous, mais dont il nous importe extrêmement d'être bien persuadés ; que l'homme en venant au monde est un être dégradé et par conséquent coupable.

Ainsi tout est clair, tout est beau, tout est exactement vrai dans ce paragraphe : tout tend a prouver que hors de la révélation, nous ne sommes par rapport aux choses qui nous intéressent le plus, que mensonge, erreur, incertitude ; que notre condition sur la terre est des plus tristes et des plus humiliantes, que cette condition n'est pas naturelle, et qu'elle ne peut s'expliquer qu'en reconnoissant en nous une dépravation originelle: ce sont là autant de vérités auxquelles Pascal ne cesse de nous rappeler dans tout ce qu'il a écrit sur l'homme. Pour

expliquer sa pensée nous n'avons eu besoin que de luimême c'est ainsi qu'on doit commenter un auteur. Voltaire et Condorcet ont suivi d'autres principes.

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Nous nous sommes peut-être étendus dans cette note au-delà des justes bornes mais le sujet le demandoit. D'ailleurs nos observations ne sont pas particulières à la pensée que nous venons d'examiner : elles s'appliquent encore à plusieurs autres que nous verrons dans la suite, et qui n'étant présentées comme celles-ci, que d'une manière très-imparfaite, ont besoin de quelques éclaircissemens. A mesure qu'elles paroîtront, nous rappellerons les raisonnemens qu'on vient de lire, mais nous nous dispenserons de les répéter; il sera facile d'en faire l'application.

Il est à remarquer que les premiers éditeurs avoient supprimé presque tout cet article; apparemment, ils ne le trouvoient pas assez développé. Ils n'avoient conservé que ce qui est compris depuis ces mots l'art de bouleverser jusqu'à ceux ci coutumes reçue. Ce morceau qui est de Pascal, ne demande point de commentaire ; il est d'une clarté et d'une vérité frappantes: notre révolution l'a prouvé. Il est suivi de cette phrase qui manque dans les dernières éditions, et qui, à raison de son importance dans la morale, n'auroit pas dû être omise quoiqu'elle paroisse peu liée avec ce qui précède « par un » défaut contraire, les hommes croient quelquefois pou> voir faire avec justice tout ce qui n'est pas sans exemple. >>

PENSÉE. Notre propre intérêt est encore un merveilleux instrument pour nous crever agréablement les yeux. L'affection ou la haine changent la justice. En effet, combien un avocat, bien payé par avance, trouve-t-il plus juste la cause qu'il plaide!

NOTE. Je compterois plus sur le zèle d'un homme espérant une grande récompense que sur celui d'un homme l'ayant reçue. (Voltaire.)

OBSERVATION. Voltaire peut avoir raison; mais qu'importe? en est il moins vrai qu'un avocat bien payé par avance, trouve plus juste la cause qu'il plaide ? or cela suffit pour l'objet que se propose Pascal.

PENSÉE. Qu'est-ce que nos principes naturels, sinon nos principes accoutumés? Dans les enfans ceux qu'ils ont reçus de la coutume de leurs pères, comme la chasse dans les animaux.

,

Une différente coutume donnera d'autres principes naturels. Cela se voit par expérience. Et s'il y en a d'ineffaçables à la coutume, il y en a aussi de la coutume ineffaçables à la nature. Cela dépend de la disposition.

Les pères craignent que l'amour naturel des. enfans ne s'efface. Quelle est donc cette nature sujette à être effacée ? La coutume est une seconde nature qui détruit la première. Pourquoi la coutume n'est-elle pas naturelle ? J'ai bien peur

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