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L'état des finances même n'était point alarmant; d'immenses ressources, celles des biens nationaux, avaient sans doute été follement et inutilement dissipées, mais on avait traversé des temps malheureux, où tout contrôle était impossible; la société, en se rasseyant sur ses bases ébranlées, avait le droit d'exiger que l'ordre se rétablit aussi dans cette partie si importante du service public. Le Corps législatif remplissait donc un devoir qui lui était commandé par la Constitution, lorsqu'il apportait dans l'examen des recettes et des dépenses une scrupuleuse attention; ce n'était point paralyser l'action du gouvernement que d'empêcher la dilapidation des deniers publics, que de s'opposer à ce que les dernières ressources, qui restaient au pays, sur ces ventes douloureuses, illégales peut-être, des biens acquis par la proscription et la confiscation, mais qui pou vaient du moins faire oublier leur origine par le bon emploi qu'on en ferait dans l'intérêt du pays, fussent dissipées en vaines profusions, en primes accordées à la corruption ou à la délation. Que voulait donc le Directoire? Pourquoi cette levée de boucliers? Pourquoi cette déclaration de guerre où il pouvait trouver une fin ignominieuse si la victoire était un moment indécise? Il voulait régner sans contrôle, il avait tous les instincts de la tyrannie sans les talents qui la font supporter et quelquefois excuser. Thibaudeau sur ce point avait parfaitement saisi la question : pendant que les deux tiers conventionnels avaient formé la majorité du Corps législatif, le Directoire n'éprouvant de la part de ces hommes dont il était l'émanation, le sang et la chair, que de faibles contradictions à ses volontés, s'était ha

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« Votre commission, Représentants du peuple, est cependant bien éloignée de vous proposer l'approbation ou même le silence sur des événements aussi nouveaux. Oui! le Directoire a outrepassé ses pouvoirs. Le Directoire a fait plus; il a affecté d'approuver des actes politiques et militaires en les confondant dans des opérations très-distinctes. Le choix du moment pour les ratifier, la sécheresse et la forme isolée de sa sanction, qui pourrait être regardée comme la censure mal déguisée de votre surveillance, tout dans la conduite du Directoire à cet égard mériterait au moins l'improbation et le reproche.

«En effet, Représentants du peuple, si la guerre a été faite aux États de l'Italie, qui a pu la déclarer sans votre aveu? Si c'est un traité de subsides, de paix ou de commerce que l'on a rédigé, qui a pu le contracter ou le faire exécuter sans une loi? Des invasions chez les peuples neutres, des taxes imposées, des traités de protection ou de tranquillité, la dissolution subite d'an

ciens gouvernements, des créations constitutives, tout cela serait-il donc l'ouvrage de cette seule portion de Français qui n'a point d'autre mission nationale que eelle de la force et de la gloire? Sauveurs de la patrie, conquérants de la liberté, leur tâche n'est-elle pas assez belle? Les législateurs, ces représentants de tous les citoyens, dans toutes les fonctions, dans tous les âges, ne sont-ils pas les premiers, les vrais dépositaires de la volonté nationale, que la Constitution, que le peuple français ont voulu constater par notre organe? »

Le rapporteur recherchait enfin quelles avaient pu être les causes des dissidences qui s'étaient élevées tout à coup entre le Corps législatif et le Directoire exécutif. Il les trouvait dans l'espèce de latitude qui avait été donnée à ce dernier pouvoir dans les temps qui avaient suivi la mise en activité de la Constitution, et qu'il avait fallu restreindre à mesure qu'elle s'était consolidée et que les institutions qui en découlaient s'étaient établies et développées. De là des jalousies entre les pouvoirs, les prétentions respectives, la surveillance d'une part, les contradictions et la censure de l'autre. Mais ces légères divergences, inévitables chez une nation nouvellement parvenue à l'état de liberté, pouvait-on craindre qu'elles n'amenassent une collision véritable entre les pouvoirs? La Constitution donnait au Corps législatif le droit d'accuser le Directoire, s'il n'en usait pas c'est qu'apparemment il ne trouvait pas de motifs assez graves pour le faire. Attaquer le Corps législatif dans son indépendance, dans son intégrité ou dans sa sûreté, c'était un crime, un crime tellement horrible que la Constitution n'avait pas pu, n'avait pas dû le prévoir.

« Mais qui donc, s'écriait l'orateur, pourrait vous attaquer? Quelques brigands soudoyés par les ennemis de la République ? Le souvenir de leurs fréquentes défections est là pour dicter votre conduite, celle du Directoire et pour leur effroi.

« Les soldats de la République? Jamais ils ne se porteraient à cet horrible attentat; ils se sont toujours ralliés à la représentation nationale. Jamais on ne les a vus marcher sous l'étendard des assassins et des rebelles.

« Le Directoire.....? Cette idée fait frémir, nous n'avons pas dù nous y arrêter un instant! Le Directoire ne peut pas vouloir anéantir la source de sa puissance, ternir sa gloire; se vouer à un éternel opprobre et à l'exécration du peuple français.

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Représentants du peuple, vous trouveriez d'ailleurs dans votre courage des ressources extraordinaires pour les événements imprévus.

Après s'être ainsi rassuré sur la possibilité du crime par la honte même qu'il y aurait eu à le commettre, Thibaudeau terminait son travail par un appel à la concorde, par des conseils aussi sages qu'inutiles au pouvoir législatif, au Directoire et à l'armée.

Ce rapport, où, comme il en avait pris l'engagement, Thibaudeau avait dit à chacun la vérité sans faiblesse, comme sans aigreur, ne produisit pas sur l'opinion l'effet qu'on aurait pu espérer de tant de modération, de sagesse et de raison. Il passa presque inaperçu, tant chacun était persuadé que ce n'était plus par des discours qu'on pouvait arrêter les sinistres projets du Directoire; le temps de discuter et de délibérer était passé,

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