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tions; la majorité absolue de 361 par conséquent. 361 membres avaient voté pour la mort sans conditions, 26 pour la mort avec des restrictions, mais en les déclarant indépendantes du vou; enfin 334 pour le bannissement, la détention jusqu'à la paix ou toute autre peine différente de la mort'. Ainsi, la mort immédiate et sans conditions ne fut votée qu'à une seule voix de majorité, et 27 suffrages seulement, sur 721 votants, décidèrent du destin de Louis XVI. Ce résultat, quelque regrettable qu'il fût, dut prouver du moins aux anarchistes qu'il restait encore quelque courage dans cette Assemblée, où tous les sophismes du raisonnement avaient été employés pour égarer les esprits faibles, et tous les moyens de terreur habilement combinés pour triompher des résistances. La Montagne dut sa victoire moins encore à son audace qu'à la faiblesse et à la désunion de ses adversaires: les Girondins, entraînés

L'Assemblée était composé de 749 membres; il s'est trouvé 15 membres absents par commission, 7 par maladie, 7 sans cause, 5 non votants; restait 721 votants.

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(Procès-verbaux de la Convention nationale.)

Une erreur s'était glissée dans le premier recensement des votes, et le président avait déclaré que 366 voix seulement s'étaient prononcées pour la mort sans conditions, 226 pour la détention ou le bannissement à la paix, et le reste pour la mort avec sursis, suivant différentes conditions. Ainsi, la majorité qui conduisait Louis XVI à l'échafaud n'était que de cinq voix. Les défenseurs du Roi, Desèze et Tronchet, introduits dans l'Assemblée aussitôt que le résultat du scrutin eut été proclamé, s'emparèrent de cette circonstance pour essayer de lui inspirer quelque scrupule et de la détourner de tout parti violent en présence d'une si faible majorité. L'erreur fut rectifiée le lendemain.

des

par une fatalité qui les conduisait à leur perte, et par sentiments égoïstes qui déshonorèrent leur cause, votèrent comme au hasard, les uns avec le parti modéré, les autres mêlés dans les rangs de leurs implacables ennemis. Cette faute capitale devait donner sur eux un grand avantage à la Montagne, et diminuer l'intérêt qui s'attachait à leur jeunesse et à leurs talents. L'union seule, dans une assemblée politique, fait la force des partis, car elle montre qu'ils ont des principes arrêtés dont rien ne peut les faire dévier. Ceux qui n'avaient point su défendre l'inviolabilité du Roi, garantie par la Constitution, ne pouvaient prétendre qu'on respecterait longtemps celle dont cette même Constitution les avait investis; ceux qui, contre toutes les lois de la justice et de l'humanité, venaient, sur de vagues accusations et des attentats supposés, de condamner à mort une victime innocente, ne durent pas s'étonner lorsque, quelques mois après, les mêmes accusations, les mêmes calomnies, les mêmes motifs de salut public, les conduisirent eux-mêmes à l'échafaud.

Fidèle à la ligne de conduite qu'il s'était tracée, et dans laquelle les dangers qui l'environnaient n'avaient fait que l'affermir davantage, M. de Pontécoulant, aussitôt après l'appel nominal sur la troisième question, s'était empressé de se joindre aux autres membres de cette minorité courageuse qui n'avait pas voté la mort, ou qui y avait joint une condition restrictive, pour déclarer à l'Assemblée et faire constater au procès-verbal qu'ils s'étaient déterminés à voter comme législateurs et non comme juges, et qu'ils n'avaient pas entendu prononcer un jugement, mais seulement concourir à une mesure

politique et de sûreté générale'. Sur la question de culpabilité, il avait répondu oui; sur la seconde question, celle de l'appel au peuple, son vote avait été négatif. Nous avons dit, plus haut, quels avaient été les motifs de beaucoup de membres de la partie saine de l'Assemblée pour voter sur cette question, dans l'ordre où elle était placée, avec la majorité : ils craignaient que, si le recours à la sanction populaire était déclaré obligatoire pour légaliser la sentence, ce résultat n'eût pour effet de rassurer beaucoup d'esprits timorés sur les conséquences de leurs votes, et de donner à la sentence de mort un plus grand nombre d'adhérents. Rien n'était moins rassurant, d'ailleurs, que le recours aux assemblées primaires, dans l'état d'effervescence où étaient alors tous les esprits des classes inférieures, et de la domination qu'exerçaient sur elles, par la terreur et l'intimidation, les clubs et les sociétés populaires. Enfin, M. de Pontécoulant avait cru voir tous les caractères d'une intrigue dans la faiblesse avec laquelle la Gironde s'était inclinée devant la volonté de la Montagne relativement à l'ordre qui avait été arrêté dans la position des questions, et comme tout ce qui était lâcheté ou astuce répugnait à sa loyauté, cette raison seule l'aurait déterminé à se séparer, en cette occasion, des amis avec lesquels il avait l'habitude de voter.

Sur la troisième question, M. de Pontécoulant avait voté pour le bannissement avec la détention jusqu'à la paix, en s'en référant à l'opinion qu'il avait précédemment énoncée avant l'ouverture des débats, et dans laquelle, disait-il, tout ce qu'il avait entendu, tout ce

4 Voir les Procès-verbaux de la Convention, t. IV.

qui s'était passé depuis, n'avait fait que l'affermir davantage'. Il est donc bien évident que l'ordre dans lequel les questions avaient été posées, l'avait seul empêché de voter pour l'appel au peuple comme sanction nécessaire de la sentence quelle qu'elle fût, puisqu'il l'avait luimême demandée dans sa déclaration de principes; et, en effet, dans la séance du 19, lorsque le décret de condamnation eut été prononcé irrévocablement, il vota pour le sursis, dernier asile où s'étaient réfugiées les espérances de tous ceux qui défendaient avec lui la cause de la justice, mais où ils succombèrent encore devant une majorité plus forte même que celle qui avait prononcé l'arrêt de mort, tant était grande la crainte de s'exposer pour une cause désormais perdue.

Lorsqu'on reporte ses regards vers ces temps malheureux, et, Dieu soit loué! déjà si loin de nous; lorsqu'on songe au fanatisme aveugle qui animait une populace ignorante, au renversement de toute idée de justice. et de sentiments humains chez des hommes grossiers, sortis la plupart de l'écume révolutionnaire, qui prenaient la haine de toute domination pour l'amour de la liberté et la férocité pour la première des vertus de leur

1 Cette déclaration, consignée dans les Procès-verbaux de la Convention, était ainsi conçue :

« Je déclare sur mon honneur que je regarde Louis, ci-devant roi de France, comme coupable de haute trahison.

1° Je demande que la Convention le bannisse à perpétuité du territoire de la république;

« 2° Qu'il demeure en état de détention, sous la sauvegarde nationale, jusqu'à la cessation des hostilités;

3° Que le présent décret soit présenté à la ratification du peuple, en même temps que celui portant abolition de la royauté et les autres décrets constitutionnels du gouvernement.

Signé: GUSTAVE DOULCET (du Calvados). >

prétendue république; lorsqu'on songe à cette sombre terreur qui planait sur la cité depuis les égorgements du 10 août et les massacres de septembre, on doit convenir qu'il fallut une fermeté d'âme peu commune à ces hommes de cœur et de conviction qui donnèrent en cette occasion un bel exemple de ce courage civique, plus rare et plus difficile que le courage des champs de bataille; qui ne désertèrent point leur poste par dégoût ou par faiblesse, comme l'avaient fait les Lally, les Mounier, les Maury, après les journées des 5 et 6 octobre; qui restèrent inébranlables jusqu'au dernier moment, et résistèrent aux menaces, aux fureurs, aux calomnies, à la certitude même d'une proscription terrible et d'une mort ignominieuse, pour épargner un crime à l'humanité, une violation flagrante de la loi à la justice de leur pays, et à une Assemblée française l'éternelle flétrissure du régicide.

Le 21 janvier 1793, Louis XVI fut conduit au supplice. Les tambours de Santerre emportèrent le dernier pardon qu'il adressait à son peuple, et le saint ministre Edgeworth, qui l'avait accompagné jusque sur l'échafaud, proféra cette sublime exhortation: « Fils de saint Louis, montez au ciel1!!! »

1 Croirait-on que ces belles paroles, comme le mot de Cambronne à Waterloo, comme tous les mots, enfin, consacrés par l'histoire, ont été disputées à leur auteur? On a prétendu que c'était le rédacteur d'un journal alors très-répandu, le Logographe, qui les avait le premier publiées, dans ses colonnes, le lendemain de la mort de Louis XVI, qui en était le véritable inventeur. J'ai beaucoup connu, dans ma jeunesse, le littérateur dont il était question : c'était M. His, qui a occupé sous la Restauration un poste honorable dans l'instruction publique. C'était un homme de beaucoup d'esprit, quoiqu'un peu systématique. J'ai tâché à plusieurs reprises de le faire s'expliquer sur sa participation plus ou moins authentique au

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