Oldalképek
PDF
ePub

à substituer l'esprit de doute et d'examen, qui corrige et améliore avec prudence et lenteur, à l'esprit révolutionnaire, qui procède par la ruine et la destruction. Tant que la multitude ne sera pas persuadée qu'on ne fonde rien de durable par la vengeance et la colère, nous ne verrons en France que des lois de circonstance, des gouvernements transitoires, mais aucune de ces institutions réclamées par le progrès des lumières, appropriées aux besoins et aux mœurs de la nation, perfectionnées d'âge en âge par d'utiles réformes, et commandant enfin dans la suite des siècles, par leur antiquité même, comme celles de l'Angleterre, le respect et l'amour des populations.

HISTORIQUES ET PARLEMENTAIRES

DU

COMTE DE PONTÉCOULANT.

LIVRE PREMIER.

ANCIEN RÉGIME.

(1764-1792.)

CHAPITRE PREMIER.

Naissance du comte de Pontécoulant (1764). Sa famille..

11

Ses premières années. Son éducation. Pension de Gorsas à Versailles.. Congé donné par le roi Louis XV.- Mort du Roi. - Nouveau règne. - Belle réponse de la reine MarieAntoinette.-Ministère Maurepas. -Entrée du comte de Pontécoulant aux gardes du corps. Présentation à la cour. Louis XVI et Marie-Antoinette. - Aspect de la cour de Versailles sous le ministère Calonne. Étiquette de cour.- Société intime de la Reine. - Fêtes au Petit-Trianon.

Salons de Paris et de Versailles en 1784. — Mme la maréchale de Luxembourg. · La princesse de Beauvau. - La maréchale de Mirepoix. - La comtesse de Boufflers. - Mme la duchesse Jules de Polignac. Voyage en Prusse avec le vicomte de Lévis.

Arrivée à Potsdam. Réception du grand Frédéric. — Grandes manœuvres de l'armée prussienne au camp de Silésie. Excursion en Bohème. Manœuvres de l'armée autrichienne. Présentation à l'empereur Joseph II. - Départ pour Saint-Pétersbourg. - L'impératrice Catherine II et sa cour. - Le prince Potemkin. Le comte de Ségur. Hiver rigoureux. — Voyage en traineau. Retour à Versailles.

[blocks in formation]

LOUIS-GUSTAVE LE DOULCET, comte DE PONTÉCOULANT, naquit à Caen le 9 novembre 1764, d'Armand-Jacques

Le Doulcet, marquis de Pontécoulant, maréchal de camp, major-général de la maison du Roi, et de Marie-Anne Pajot d'Hardivillers, son épouse, issue d'une ancienne famille parlementaire originaire de Picardie. Une fille naquit deux années plus tard de la même union.

L'établissement de la famille Le Doulcet de Pontécoulant dans la basse Normandie remontait aux premiers temps de la monarchie française. Son nom est souvent cité dans l'histoire des croisades. Un de ses membres avait fait partie, en 1423, de cette petite troupe de braves chevaliers qui, ne prenant conseil que de leur courage, s'étaient armés spontanément pour défendre le monastère du Mont-Saint-Michel contre une attaque formidable des Anglais, maîtres alors de toute la Normandie, depuis Rouen jusqu'à Granville, et par des prodiges de valeur avaient préservé ce dernier refuge de tomber entre leurs mains'. On trouve dans les recherches authentiques de Monfaut, faites par ordre du roi Louis XI en 1463, un Guillaume Le Doulcet de Pontécoulant cité au rang de l'ancienne noblesse de ce tempslà. Plusieurs de ses descendants avaient occupé depuis des positions éminentes à la cour et dans l'armée. L'histoire fait encore mention de Thomas Le Doulcet de Pon

Ces vaillants chevaliers étaient au nombre de 120. Ils étaient venus des contrées voisines, au premier bruit de la marche des Anglais, s'enfermer dans la place pour la sauver ou s'ensevelir sous ses débris. Les moines du Mont-Saint-Michel, pour témoigner leur reconnaissance à leurs généreux défenseurs, leur avaient concédé plusieurs priviléges, entre autres le droit pour eux et leurs descendants, à perpétuité, lorsqu'ils venaient à passer au Mont-Saint-Michel, d'être, ainsi que la suite dont ils étaient accompagnés, nourris, hébergés, défrayés de toute dépense pendant trois jours, à la charge du monastère. Ce droit s'était transmis dans les familles, comme un titre d'honneur, jusqu'aux premiers jours de la Révolu tion.

técoulant, qui, pour des services signalés, fut fait maréchal de camp en 1653. Ce Thomas Le Doulcet était petit-fils de Robert Le Doulcet de Pontécoulant, capitaine de 50 hommes d'armes en 1515, sous le règne de François Ier, chevalier des ordres et gentilhomme de la chambre du Roi.

Le père du marquis de Pontécoulant, officier d'une grande distinction, avait été tué à la bataille de Guastalla, pendant la brillante campagne de 1734 en Italie, la seule depuis Charlemagne, a dit Voltaire, qui se fût terminée avec un succès solide pour les Français. Sa veuve, femme d'un grand cœur et d'une rare fermeté d'esprit, restée seule avec une fille et trois garçons, dont le plus âgé n'avait que huit ans, se retira à la campagne, dans une terre patrimoniale qui porte le nom de la famille et qui est située dans une vallée agreste, à une dizaine de lieues de la ville de Caen, pour y suivre avec plus de liberté tous les détails de l'éducation de ses quatre enfants, et réparer, par l'ordre et l'économie, les brêches que les absences et la vie aventureuse de son mari avaient faites à leur fortune. Dès que son fils aîné eut atteint sa treizième année, elle obtint, par les nombreux amis qu'elle avait à Versailles et comme une juste récompense des services de son mari, son entrée aux pages de la grande écurie : c'était alors l'école préparatoire la plus généralement suivie par la jeune noblesse qui se destinait à la carrière des armes. Le marquis de Pontécoulant avait toutes les qualités nécessaires à l'état qu'il allait embrasser un coup d'œil sûr, de l'audace dans ce qu'il entreprenait, de la prudence pour trouver les moyens d'y réussir, et de plus une tournure distin

« ElőzőTovább »