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le subjonctif dans des cas où l'on mettrait aujourd'hui l'indicatif :

« Nous ne nous soucions pas quels nous soyons en effect, comme quels nous soyons en la connoissance publique. » (CHARRON.)

On dirait en latin quales simus.

Je crois qu'il soit fou. » (MALH.)

Ici le subjonctif est employé parce que la pensée renferme quelque doute, et qu'en latin ce mode était spécialement affecté à l'expression d'une idée dubitative. C'est par la même raison que Corneille a dit aussi avec le subjonctif:

< Il croit que mes regards soient son propre héritage. >

(Mél., iv, 1.)

(Cinna, 1, 4.)

« Tous présument qu'il ait un grand sujet d'ennui. > Que, ainsi placé entre deux verbes, exigeait généralement que le second fût mis au subjonctif.

Souvent aussi l'on employait l'imparfait du subjonctif pour le plus-que-parfait :

< Un mot seul, un souhait dût l'avoir emportée. »

(P. CORN., La Tois. d'or, 1, 5.)

Mais puisque son dédain au lieu de te guérir
Ranime ton amour qu'il dût faire mourir. >>

Dût, c'est-à-dire eût dû.

(Id., Clit., 1, 4.)

Notre Lexique établit, par des exemples qui remontent jusqu'au Livre du chevalier de la Tour, combien cette construction est ancienne dans la langue. Elle s'explique, d'ailleurs, par le fait que notre imparfait du subjonctif a été formé du plus-que-parfait latin.

L'imparfait du subjonctif s'employait aussi fréquemment pour le conditionnel, et parmi les exemples que nous citons, il y en a d'empruntés à de très-anciennes poésies françaises, comme la Vie du pape Grégoire le Grand. Contentons-nous d'en rappeler un de Pierre Corneille :

« Et toutes vous dussiez prendre, en un jeu si doux,
Comme même plaisir, méme intérêt que nous. ›

Vous dussiez, c'est-à-dire vous devriez.

(Clit., v, 3.)

Enfin l'imparfait du subjonctif se prenait quelquefois pour l'imparfait de l'indicatif :

< Tu croyois que son cœur n'eût point d'autres atteintes. >

(P. CORN., La Gal. du Pal., iv, 4.)

C'est-à-dire, tu croyais que son cœur n'avait point...

d

Nous omettons beaucoup d'autres différences de syntaxe et de construction, afin de pouvoir nous étendre un peu sur la plus importante que nous ayons eu à constater et à étudier, c'est-àdire l'ellipse du pronom personnel après certains verbes. Nous croyons très-utile de reproduire ici, sous une forme un peu différente, la substance de ce que nous avons dit sur ce point de grammaire et sur ce procédé de style demeurés jusqu'à maintenant inexpliqués et même inaperçus. La théorie que nous avons tirée de l'observation d'un nombre immense de faits se réduit à ceci :

Le pronom personnel se supprime généralement après les verbes faire, laisser, mener, regarder, sentir, voir, entendre, écouter, suivis eux-mêmes d'un autre verbe qui achève le sens. Alors le régime suit les verbes qu'accompagnent faire, laisser, etc., ou bien, s'il les précède, c'est un pronom personnel, un pronom relatif, ou un adjectif indéfini, comme tout.

Nous espérons qu'on lira dans son entier cette étude capitale, qui comprend près de deux feuilles de notre second tome; c'est pourquoi nous nous bornerons à rappeler ici d'une manière abrégée quelques-uns des nombreux exemples que nous avons empruntés à des écrivains de mérite très-divers, afin que la généralité de l'usage fût mieux constatée.

Qu'on observe d'abord comment le pronom se supprime après les verbes que nous avons dits, précédés du régime:

< Seigneur Dieu! tu me fais esbahir! » (LARIVEY, Le Morf., 11, 2.)

Me fais ébahir, et non pas me fais m'ébahir.

.... Revolter tous les citadins d'un Estat et les faire entretuer. » (CHOLIÈRES, Les Apres-Dinees, 11, fo 137, vo.)

Les faire entretuer, et non pas les faire s'entretuer.

<< Voyez à quoy l'amour la faisoit abaisser. » (D'URFÉ, l'Astrée, 1, 1.)

La faisait abaisser, et non pas la faisait s'abaisser.

La peur ne me fera ny taire ny dédire. »

(RACAN, Berg., iv, 5.)

Me fera taire, me fera dédire, et non pas me fera me taire, me fera me dédire.

Mais ce flatteur espoir qu'il rejette en mon âme...

Me fait plaire en ma peine et m'obstine à souffrir.» (P. CORN., Mél., 1, 1.)

Me fait plaire, et non pas me fait me plaire.

Lui procurant du bien elle croit la fàcher,
Et cette vaine peur la fait ainsi cacher. »

La fait cacher, et non pas la fait se cacher.

(Id., La Suiv., 111, 6.)

Hélas! mais qu'à propos le ciel l'a fait méprendre. »

(Id., La Pl. Roy., iv, 7.)

L'a fait méprendre, et non pas l'a fait se méprendre.

«Voilà cet accident qui le fait retirer. »

Le fait retirer, et non pas le fait se retirer.

(Id., ibid., v, 5.)

< Cela le fit opiniâtrer davantage en son entreprise. » (FURET., Le Rom. bourg., 1.)

Le fit opiniâtrer, et non pas le fit s'opiniâtrer.

« Et va errant par un chemin
Qui, le détournant de sa route,
Le faict eguarer à la fin. »

Le fait égarer, et non pas le fait s'égarer.

« Et si du bon chemin on l'a fait écarter,
Deux mots incontinent l'y peuvent rejeter. »

(LARIV., Le Laquais, 11, 2.)

(MOL., L'École des femm., 111, 3.)

L'a fait écarter, et non pas l'a fait s'écarter.

« L'honneur qu'il a (le clergé de France) d'être assemblé presque sous vos yeux le fait acquitter avec plaisir d'un devoir qu'il vous rend avec justice. (FLÉCH., Lell.)

Le fait acquitter, et non pas le fait s'acquitter.

« Et me fil consumer dans une plainte vaine... »

Me fit consumer, et non pas me fit me consumer.

Ceux que l'opinion fait plaire aux vanités. »

(SÉNECÉ, Sat.)

D

(MALH.)

Fait plaire, et non pas fait se plaire.

«Le sieur César fit un pas de clerc de s'amuser aux forts, et nous laisser cependant fortifier.» (MONTLUC.)

Nous laisser fortifier, et non pas nous laisser nous fortifier.

Les Romains les laissoient consumer par leurs propres forces. » (MÉZER.)
Les laissaient consumer, et non pas les laissaient se consumer.

Pour moi, je suis d'avis que vous les laissiez battre. »

(P. CORN., L'Illus. com., 111, 3.

Les laissiez battre, et non pas les laissiez se battre.

« Va flatter, si tu veux, la douleur de Flavie,
Et me laisse éclaircir de l'état de ma vie. »

(Id., Théod., iv, 1.)

Me laisse éclaircir, et non pas me laisse m'éclaircir.

Il vaut mieux qu'ils en aient cette idée, que de n'en point avoir du tout ce qui arriveroit peu à peu, s'ils la laissoient effacer de leur esprit par un silence pernicieux.» (MALEBR.)

La laissaient effacer, et non pas la laissaient s'effacer.

La plupart des merveilles de Dieu nous échappent et, après les avoir légèrement regardées, nous les laissons effacer de notre esprit.» (NICOLE.)

Les laissons effacer, et non pas les laissons s'effacer.

Bien serois aise que les veisses

Bien entrebattre encore ung coup. »

(Le Débat de la Nourisse et de la Chamberière.)

Les visses entrebattre, et non pas les visses s'entrebattre.

« Si j'avois un prétexte à me mécontenter,
Tu me verrois bientôt résoudre à le quitter. »

(P. CORN., La Gal. du Pal., 11, 6.)

Tu me verrais résoudre, et non pas tu me verrais me résoudre. Ne vous étonnez point, vous l'en verrez dédire. » (Id., Perth., 11, 3.) Vous l'en verrez dédire, et non pas vous l'en verrez se dédire. «Le dépit de les voir multiplier s'étoit tourné en fureur.» (FLEURY, Mœurs des Chrétiens.)

Les voir multiplier, et non pas les voir se multiplier.

L'ellipse est aussi fréquente, ou plutôt aussi constante quand le régime suit :

La grandeur de son amour faisoit esmerveiller tout le monde. » (MARGUER. D'ANG., l'Heptam., 19° nouv.)

Faisait émerveiller, et non pas faisait s'émerveiller.

« Quel envieux démon, et quel charme assez fort

Faisoit entre-choquer deux volontés d'accord? (P. CORN., La Suiv., v,8.)

D

Faisait entre-choquer, et non pas faisait s'entre-choquer.

«Ses intrigues firent mutiner leur armée. » (MÉZER., Hist. de France avant Clovis, 11, 11.)

Firent mutiner, et non pas firent se mutiner.

Ne laissons perdre en vain le temps. »

Laissons perdre, et non pas laissons se perdre.

(RONSARD.)

Si, par votre négligence, nous laissions fortifier les Espagnols... (Richel.,

Mém., XX.)

Laissions fortifier, et non pas laissions se fortifier.

C'est peu de laisser assoupir

La ferveur du plus saint désir,

Par notre lâcheté nous la laissons éteindre. » (P. CORN., Imit., 1, 18.) Laisser assoupir, et non pas laisser s'assoupir; laissons éteindre, et non pas laissons s'éteindre.

Pour laisser affaiblir par la guerre ces deux puissances voisines.» (PELLISS.) Laisser affaiblir, et non pas laisser s'affaiblir.

■ Il laissa séparer son armée victorieuse.» (MÉZERAY.)

Laissa séparer, et non pas laissa se séparer.

Brienne s'arrêta court, et laissa évaporer la bile de Colbert.» (CHOISY, Mém., II.)

Laissa évaporer, et non pas laissa s'évaporer.

Laissant emporter son esprit aux impressions précipitées de la surprise. (VAUVEN., Caract., XVIII.)

Laissant emporter, et non pas laissant s'emporter.

« Je sens, je sens glacer

Mon sang, mon cœur, ma voix, ma force et mon penser. » (JODELLE.)

Je sens glacer, et non pas je sens se glacer.

Et je sens refroidir ce bouillant mouvement,
Quand il faut pour le suivre exposer mon amant. »

(P. CORN., Cinna, 1, 1.)

Je sens refroidir, et non pas je sens se refroidir.

On se dissipe, et on sent ralentir toutes ses bonnes volontés. » (FÉN.)

On sent ralentir, et non pas on sent se ralentir.

Ce père s'étant fait expliquer tout ce qui me regardoit, sentit lui-même enflammer son zèle.» (PRÉV.)

Sentit enflammer, et non pas sentit s'enflammer.

• Qu'il attende le temps qu'avecque ma fortune
Nous voyons appaiser et les vents et Neptune.

Nous voyons apaiser, et non pas nous voyons s'apaiser.

(JODELLE.)

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