JOURNÉE. PRENDRE JOURNÉE, comme prendre jour : Et nourrissoit ainsi d'éternelles douleurs. Mais hier, quand elle sut qu'on avoit pris journée Et qu'enfin la bataille alloit être donnée, Une soudaine joie éclatant sur son front... (Hor., 1, 1.) « On prend jour, remarque Voltaire, et on ne prend point journée, parce que jour signifie temps, et que journée signifie bataille. » -JOURNÉE, dans le sens d'exploit: Et ses nobles journées Porter delà les mers ses hautes destinées. (Le Cid., 11, 5.) L'Académie avait dit dans ses Sentiments sur le Cid: « L'observateur a bien repris ses nobles journées; car on ne dit point les jour– nées d'un homme pour exprimer les combats qu'il a faits. » Voltaire critique justement: « On disait alors « les journées d'un homme ; » et il en est resté cette façon de parler triviale « il a tant fait par ses journées; » mais c'est dans le sty mique. >> L'ancienne langue, et même celle du dix-septième siècle, e ployaient ce mot dans le sens de bataille, de diverses manières q maintenant paraissent un peu singulières, bien qu'excellentes e soi; ainsi, gagner une journée, pour gagner une bataille; perdr une journée, pour perdre une bataille: Et rencontra le roy de France à Montlhéry, et gaigna la journée. (OLIVIER DE LA MARCHE, Mém., introd., c. v.)-Il perdit une très-sanglante journée près de Calcédoine. (MÉZER., Hist. de Fr. avant Clovis, 11, 20.) JOUVENCEL, pour jouvenceau : Qu'il fasse mieux ce jeune jouvencel, (Rond. contre Scud.) Tous les mots en eau, dont le féminin est elle, avaient ainsi autrefois un masculin en el; on disait bourrel pour bourreau, coutel pour couteau, mantel pour manteau, pommel pour pommeau, torel pour taureau, tropel pour troupeau, vel pour veau, etc. La langue moderne a conservé les deux formes dans quelques mots, comme damoisel et damoiseau, bel et beau, nouvel et nouveau. JUGEMENT, avec le plur., en parlant de la faculté qui compare et qui juge: Tant l'excès du forfait, troublant leurs jugements, (Pomp., 11, 2.) JUGER DE (un nom de pers.), prononcer en juge sur le sort de: Jugez de Théodore... (Théod., V, 7.) JURER, v. n. JURER SUR LES LOIS DE QUELQU'UN, jurer obéissance à ses lois, expression qui rend la formule latine jurare in verba alicujus : On vous attend, seigneur, au Capitole, Et le sénat en corps vient exprès d'y monter, (Oth., v, 8.) ·JURER, V. a. Jurer a, suivi d'un régime, promettre à, avec serment: Et jure à tous les deux des respects immortels. JURER, activ., jurer par : Je jure les rayons du jour qui nous éclaire Que tu ne mourras point que de la main d'un père. (Pomp., v, 5.) (Le Ment., v, 3.) rer, act., pour jurer par, ne s'emploie habituellement que , un petit nombre de locutions pour ainsi dire consacrées. JUSQUE. JUSQUE-LA, à ce point: Tu pourrois être lâche et cruel jusque-là! Ne m'en parlez jamais; que tout l'État périsse (Att., v, 3.) (Sur., 111, 1.) JUSQU'A, JUSQUES A, avec un infin. pour complém., jus qu'au point de: César, car le destin que dans tes fers je brave, (Pomp., 111, 4.) (Ibid.) Corneille emploie encore un grand nombre de fois cette locution; ainsi, dans l'Examen de Théodore; dans La Toison d'or, III, 2; dans Pulchérie, III, 3, et Iv, 1; dans le Remerciement au roi en 1663. Nous nous contenterons de ces indications, et nous ne donnerons pas d'exemples analogues d'une forme indiquée dans les dictionnaires. JUSQUES-LA QUE, suivi du subjonctif, au point de: Si jusque-là Médée apaisoit ses menaces Qu'elle eût soin de partir avec ses bonnes grâces; 1. 26 Je sais (comme il est bon) que ses trésors ouverts JUSTESSE, concert étudié : Jusque dans ses soupirs la justesse régnoit, (Méd., m, 1.) (Oth., 1, 1.) — AVEC JUSTESSE, à propos, opportunément, à point: La nourrice parut en même temps que nous, (La Veuve, iv, 6.) METTRE UNE CHOSE DANS PLUS DE JUSTESSE, la rendre plus juste, plus régulière, moins choquante : J'ai cru mettre la chose dans un peu plus de justesse par quelques précautions que j'y ai apportées. (Exam. de Médée.) Corneille dit encore dans un sens analogue: METTRE LES CHOSES DANS LEUR JUSTESSE: Je sais bien que la représentation raccourcit la durée de l'action, et qu'elle fait voir en deux heures, sans sortir de la regle, ce qui souvent a besoin d'un jour entier pour s'effectuer. mais je voudrois que, pour mettre les choses dans leur justesse, ce raccourcissement se ménageât dans les intervalles des actes. (Exam. de Mélite.) -- LA JUSTESSE DE l'architecture, l'observation exacte des règles de l'architecture: Leurs bases, corniches, amortissements, étalent tout ce que peut la justesse de l'architecture. (Androm., décor. du quatrième acte.) FIN DU TOME PREMIER ERRATA ET ADDENDA INTROD. pag. XXXII, lig. 22. Charles, qui t'attend, lisez : Charleroi. - - - - - - 54, lign. 22. Qui poursuit avec adresse, lisez : Qui poursuit avec ardeur. 68, 86, - - - A l'article ATTENDANT QUE, lisez en dernier l'exemple de 24. Tant d'autres mots du siècle, lisez du siècle d'Amyot et de Montaigne. 118, dern. lig. Otez-leur seulement leur esprit, lisez : Aidez seulement leur esprit. 123, lign. 25. (Le Cid.) lisez : (Cinna.) 29. Amener au résultat, lisez: amener un résultat. 11. Contraguler, lisez : Congratuler. 1. CONSULTER AVEC, absol., délibérer avec, lisez: CONSULTER, 5. CONSULTER, délibérer, lisez : CONSULTER AVEC, délibérer 18. A suivre, à ton exemple, lisez à son exemple. 2. Ann. 1753, lisez: Ann. 753. 10. Échaffourée, lisez : Échauffourée. 31. Elle attaque dès l'entrée, lisez Elle attaque l'un dès l'entrée. Supprimez aux lignes 15 et 16, l'exemple: Ah! si vous Ces muets truchements surent lui révéler Ce que je me forçois à lui dissimuler. (Sur., 1, 1.) Pages 365, lign. 41. Des timidités d'esclaves, lisez des timidités d'esclave. 369, 14. Qui surpassent l'humain, lisez : Qui surpasse l'humain. 1. L'ont employé, lisez: ont employé ce mot, 2. Vie du page, lisez: Vie du pape. 3. Au lieu de imposer, lisez: en imposer; et plus loin, au lieu de en imposer, lisez : imposer, 39. Le comte Joubert, lisez : Le comte Jaubert. Paris, Imprimerie de P.-A. BOURDIER et Cie rue Mazarine, 30. |