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DIVORCE, fig.:

Il demeure à ces mots sans parole, sans force,
Tous ses sens d'avec lui font un sanglant divorce.

(Aut., v, 6.)

- DIVORCE, au plur., pour désigner les querelles de deux peuples:

Ils ont assez longtemps joui de nos divorces.

(Hor., 1, 4.)

« Ce mot de divorces, s'il ne signifiait que des querelles, serait impropre, dit justement Voltaire; mais ici il dénote les querelles de deux peuples unis; et par là il est juste, nouveau et excellent. »

DIVULGUÉ, répandu, publié :

Mes faits par la gazette en tous lieux divulgués. (Le Ment., 1, 3.) DOMESTIQUE, qui est de la maison de, qui est attaché à un grand :

Diodotus, domestique des rois précédents, s'empara du trône de Syrie. (Préf. de Rodog.)

« Domestique était le titre que prenaient alors tous ceux qui étaient attachés à des gens puissants. Pellisson nous parle de plusieurs académiciens domestiques du chancelier Séguier. (Hist. de l'Acad., p. 155.) La Rochepot, cousin germain et ami intime de cet abbé de Gondi, qui avait à sa suite quatre chevaliers de Malte, était domestique du duc d'Orléans. Mém. de Retz, t. 1, p. 24. » (F. GUIZOT, Corneille et son temps, II.)

On a dit encore dans le même sens :

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Comme j'avais toujours vécu avec mes domestiques comme avec mes frères, je ne m'étais pas seulement imaginé que je pusse trouver parmi eux que de la complaisance et de la douceur. (RETZ, Mém., v, 1655.` Boisguérin seul me coûta, en moins de quinze mois qu'il fut auprès moi, cinq mille huit cents livres d'argent déboursé et mis entre ses mains. Il n'en eût peut-être pas tant tiré, s'il eût été domestique de M. le cardinal Mazarin. (Id., ibid.) — Arnoul avoit été domestique, c'est-à-dire intendant des maisons royales du roi Thierry. (MÉZER., Abr. de l'Hist. de France, ann. 623.)-Cependant Valentinien, après avoir couru plusieurs dangers sur la mer, arriva sur les côtes d'Orient de là il envoya un de ses domestiques à Théodose, pour lui donner avis de sa fuite et de l'irruption de Maxime. (FLÉCH., Hist. de Théod., no 376.) —L'on assura, vers le commencement de juillet 1634, qu'on alloit délivrer incessamment de l'argent aux officiers qui devoient faire des levées pour l'armée du duc d'Orléans; de sorte que ses domestiques et ses créatures à qui il avoit promis de l'emploi alloient secrètement en France pour s'assurer du plus grand nombre de monde qu'il seroit possible. (CAMPION, Mèm., ann. 1634.) — (Sous Louis XIV) toutes les maisons des grands sont absorbées par la maison du roi, qui a toute la haute noblesse pour domestique, dans l'ancienne acception du mot. (H. MARTIN, Hist. de France, LXXXI, 1.)

DONNER, act. DONNER UN EXEMPLE A,

le proposer:

(Cin., v, 3.)

Et la postérité dans toutes les provinces
Donnera votre exemple aux plus généreux princes.

DONNER SES INTÉRÊTS A QUELQU'UN, lui en abandonner le soin:

Mais après une offense si publique, il y faut un peu plus de cérémonie, je ne vous la rendrai pas malaisée, et donnerai tous mes intérêts à qui vous voudrez de vos amis. (Lett. apolog.)

DONNER A, sacrifier à :

C'est générosité quand, pour venger un père,
Notre devoir attaque une tête si chère ;

Mais c'en est une encor d'un plus illustre rang,
Quand on donne au public les intérêts du sang.
Mais donnons quelque chose à Rome qui se plaint.

De même absolument :

Et si, voyant sa mort due à sa trahison,

Je donne à la nature ainsi qu'à la raison.

(Le Cid, IV, 2.) (Nicom., WV, 3.)

(Pomp, v, 5.)

Donner, pour signifier sacrifier, immoler quelque sentiment, en faveur de quelque personne, ou pour quelque considération, s'est dit très-longtemps et jusque dans le dix-huitième siècle :

Qu'ils donnent leurs passions, leurs querelles, leurs vengeances et leurs ambitions au bien de la France, leur mère, au service de leur roy, à leur repos et au nostre. (Lell. miss. de Henri IV, t. 11, p. 456, 4 mars 1529.) — Si la fortune, par quelque voie digne de sa bizarrerie, me vouloit donner moyen de vous en rendre quelque preuve (de sa reconnaissance), ce seroit une gratification à laquelle je donnerois trèsvolontiers tout ce que j'en ai jamais reçu d'injure par le passé. (MALH., Lell., à l'évêque d'Évreux, 9 nov. 1601.) Hâtons-nous de donner à Dieu nos ressentiments. (Boss., Serm. pour le mardi de la trois. sem. de car., 111.) — (Scipion) donna ses ressentiments au public, aimant mieux vivre loin de Rome par l'ingratitude de quelques citoyens, que de s'en rendre le maître par l'injustice d'une usurpation. (ST.-EVREM., Réflex, sur les div. gén. du peuple rom.)

Sinorix a donné sa vengeance à la reine.

Je dois à l'heure de ta naissance
Sacrifier ma haine et donner ma vengeance.

Quand même je voudrois me cacher à tout autre,
Je donnerois ici mon intérêt au vôtre,

Et je vous en dirois la pure vérité.

(T. CORN., Com., v, 1.)

(Id., Dar., v. 3.)

(Id., Le feint Astrol, Iv, 8.)

L'un et l'autre destin vous donne lieu de craindre,

Et dans l'un et dans l'autre il faudra vous contraindre,

A vos tristes soupirs permettre peu d'éclat,

Donner votre chagrin au besoin de l'Etat. (Id., Le Gebl. de soi-même, 11, 1.) Quintius les conjure de donner leurs ressentiments particuliers au bien public, et de vouloir rétablir dans la ville la paix et la concorde. (VERTOT, Révol. rom., 111.) — Il n'oublia rien pour apaiser le roi, qui parut donner son ressentiment aux intérêts de la religion. (Id., Hist. de Malte, 11.)- Si j'avais plus de santé, et si j'aimais assez la gloire pour lui donner ma paresse, je la voudrais plus générale et plus avantageuse que celle qu'on attache aux sciences. (VAUV. Lett. à Mirabeau.)

On a dit d'une manière approchante, avec un rég. de pers. :

Oui, Nerva, je la donne,

Sans rien examiner, au bien de ma couronne :

Elle mourra!

(CYRANO, Mort d'Agrippa, 11, 1.)

Et d'une façon analogue, avec à suivi d'un infinitif:

Ils craignent de s'estre mescontez en l'opinion qu'ils ont eue de vous, et d'avoir donné de leur reputation à faire valoir la vostre. (THÉOPH., Œuvr., à Mgr. de L.)

-DONNER A (un subst.), à (un infin.), donner à.... le soin de:

Aime en tous lieux, perfide, et partage ton âme,

Choisis qui tu voudras pour maîtresse ou pour femme,
Donne à tes intérêts à ménager tes vœux;

Mais ne crois plus tromper aucune de nous deux.

(L'Illus., 11, 6.)

DONNER, neut. DONNER JUSQU'A, aller, pousser jusqu'à :

Donnons jusques au lieu, c'est trop d'amusement.

(Clit., 11, 2.) Si d'adventure vous estes à Boulogne, donnés jusques à Paris pour cet effect. (Leul. miss. de Henri IV, t. 1v, p. 749, 23 avr. 1597.)

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Mais si j'en ai donné, c'est pour votre service.

(Suue du Ment., IV, 8.)

IL NOUS EN A TROP DONNÉ, il nous a trop abusés :

Dorante avec chaleur fait le passionné :
Mais le fourbe qu'il est nous en a trop donné;
Et je ne suis pas fille à croire ses paroles.

(Le Ment., iv, 8.)

D'ordinaire on dit en donner à quelqu'un; la variante de Cor

neille est des plus naturelles et des plus heureuses.

DONNER DES PLEURS, employé d'une manière assez singulière pour signifier faire verser des pleurs :

Et ses trois frères morts par la main d'un époux
Lui donneront des pleurs bien plus justes qu'à vous.

(Hor., IV,

3.)

DONNEUR DE BOURDES, celui qui est accoutumé à donner

des bourdes, qui aime à duper :

Appelez-moi grand fourbe et grand donneur de bourdes. (Le Ment., 111, 5.)

DONT, pour de qui, se rapportant à un nom de personne :

C'est elle dont je tiens cette haute espérance
Qui flatte mes désirs d'une illustre apparence.
Faut-il que je vous obéisse,
Moi, dont Galba prétend faire une impératrice?
Je serois le premier dont on seroit jaloux.

(Pomp., IV, 3.)

(Oth., 11, 5.) (Seri., IV, 3.)

DONT, pour par lequel :

Mon âme vit l'erreur dont elle étoit séduite.

Ce favorable vœu dont elle t'a séduit.

L'Hilus. com., 1, 1.)

(Rodog.)

Voltaire voudrait par lequel. Dont paraît remplacer avantageusement en poésie ce mot prosaïque; et l'analogie est parfaitement suivie, les poëtes offrant mille exemples de de au lieu de par.

DONT QUELQU'UN, un desquels:

Souffrez donc que pour lui je garde un peu d'estime.
La sienne dans la cour lui fait mille jaloux,
Dont quelqu'un a voulu le perdre auprès de vous.

-DONT, pour d'où, en parlant d'origine:
Quand il falloit calmer toute une populace,
Le sénat n'épargnoit promesse ni menacę,
Et rappeloit par là son escadron mutin
Et du mont Quirinal et du mont Aventin,
Dont il l'auroit vu faire une horrible descente,
S'il eût traité longtemps sa fureur d'impuissante.
Adieu, mais quand l'orage éclatera sur vous,
Ne doutez point du bras dont partiront les coups.

(Nicom., III, 8.)

Nicom., v, 2.)

(Pol., v, 6.)

Quoi qu'en disent les grammairiens et les dictionnaristes, dont
s'est longtemps et très-bien employé pour d'où, au propre et au fig.:
Ju scey bien dont ces paroles sont venues. (Les quinze Joyes de mar, vII.)
Il ne fault point avoir de soing

Dont leur peult cest argent venir. (COQUILL., Les Nouv. Dr. De Statu homin.)
Mais tousjours maintient ses parolles
Qu'el(le) ne scet dont estes venu.

Farce de George le Veau.)

-

Frère Jean l'aperçut, et demandant dont lui venoit telle fascherie non accoutumée. (RABEL., IV, 18.) — Dont cela soit procedé, je vous le diray au moins mal qu'il me sera possible. (Pasq., Rech. de la Fr., vii, 1.) — Maintenant il me suffit d'avoir discouru dont est provenue la diversité qui se trouve en nostre langue entre le parler et l'orthographe. (Id., ibid., vIII, 1.) Or nous est le mot de huguenot tres-familier, et plus qu'il n'en estoit besoin; et toutesfois peu de personnes se sont advisez dont il a pris son origine. (Id., ibid., viu, 55.) — Et dont procède ce mal? (H. ESTIENNE, Apol. pour Herod., disc. prél.)

Dont l'as-tu eue?

Comment l'as-tu si bien cognue?

(GREVIN, Les Esbáhís. 111, 2.)

Dont je passay à Chasteaudun, et de là assiégeay Vendome, qui a été prins par force. (Lett. miss. de Henri IV, 7 déc. 1589, t. 1, p. 98.)

Dont vient cela, Ronsard, que d'autant plus on chante
L'amour, pour alléger ce tourment langoureux,

D'autant plus se plaignant on devient amoureux,

Et plus ce doux erreur à nos yeux se présente? (AMADIS JAMIN, Soun.) Retournez coucher dont vous venez. (BOUCHET, Serées, XI.) Dieu... les empêche (les créatures) de retomber dans le néant dont elles sont sorties. (B. LAMY, Nouv. Réflex. sur l'art poét., 1, 5.)

Rentre dans le néant dont je t'ai fait sortir.

(RACINE.)

On a dit encore au dix-huitième siècle, en consultant princi

palement l'euphonie :

Les montagnes dont il descend. (BUFF.) — Il me faut une maison agréable dont je ne sorte guère, et où l'on vienne. (VOLT.)

Souvent, dans le langage rustique, dont est mis pour d'où. Par exemple : « D'mande-lui l'pays dont i vient, pour : Demande-lui le pays d'où il vient.» (EM. AGNEL, Observ, sur la prononc, et le lang. rustiq. des environs de Paris, p. 93.)

L'étymologie de unde justifie tous ces emplois.

- DONT, elliptique, pour ce dont, une chose dont, de quoi:

C'est dont je ne veux point de témoin que Valère.
Voilà dont le feu roi me promit récompense.

(Hor., v, 3.) (D. Sanche, 1, 3.)

« Voilà dont esi un solécisme, dit Voltaire; il faut, « voilà les services, les exploits, les actions dont, etc. » Cette forme elliptique est certainement irrépréhensible en vers, et Corneille a pu dire encore :

Et c'est dont je me plains.

(Suite du Ment., iv, 2.)

(La Veuve, 11, 4.)

C'est dont vos seuls avis se doivent consulter,
Trop heureux, quant à moy, de les exécuter.
Mais qu'il m'y donne part, c'est dont j'ose douter.
Et c'est dont je vous donne avis en bonne sœur.
Ces charmes attirants, ces doux je ne sais quoi,
Sont des biens pour tout autre aussi bien que pour moi;
Et c'est dont un beau feu ne se contente guère.

On trouve de même :

Et c'est dont je me plains. Et par une ellipse analogue:

(Pulch, 1, 3.) (Perth, 1, 2.)

(Sonn.)

(T. CORN., Théod., 1, 2.)

Mais il n'en est pas de même des corps à ressort, quelque durs qu'on les suppose. Dont la raison est que ces sortes de corps ne communiquent leur mouvement que successivement. (MALEBR., Loix de la communication des mouvements, 11, 21.) Dont se prête à une autre sorte d'ellipse très-commode pour la poésie :

Et mon âme inquiéte,

Ne trouvait rien dont estre satisfaite.

(Vorr., Élégie.)

Corneille a encore employé dont d'une manière elliptique

pour signifier avec quoi :

Voici qui va trancher tes soucis superflus,
Voici dont je vais rendre, aux dépens de ta vie,
Et ma flamme vengée, et ma haine assouvie.

DOUBLE, adj. UN ESPRIT SI DOUBLE :

Il faut jouer au fin contre un esprit si double.

(Clit., 1, 8.)

La Veuve, 1, 4.)

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