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DE LA

LANGUE DE CORNEILLE

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Α

A, prép. signifiant pour, devant un substantif:

Réserve ton courroux tout entier au besoin.

Toi qu'avec Rosidor le bonheur a sauvée,
Tu te peux assurer que Dorise trouvée,

Comme ils avoient choisi même heure à votre mort,
En même heure tous deux auront un même sort.
Quel charme à mon trépas de penser qu'elle m'aime.
Puisque tu la hais tant, pourquoi la gardes-tu?
JASON. Au bien de nos enfants, dont l'âge foible et tendre
Contre tant de malheurs ne sauroit se défendre.
Et je garde, au milieu de tant d'âpres rigueurs,
Mes larmes aux vaincus, et ma haine aux vainqueurs.
Armez-vous à ma perte, éclatez, vengez-vous.
On prépare à demain exprès d'autres victimes.
Au salut des élus prépare toutes choses.

(Clit., 1, 4)

(Ibid., m. 1)

(Veuve, iv, 1.)

(Med., 11, 3.)

(Hor., 1, 1.)

(Theod., 11, 4.)

(OEd., 111, 2.)

(Imit., 1, 3.)

Nombre d'exemples semblables pourraient se citer chez Corneille; ils sont également très-fréquents dans tous les écrivains des seizième et dix-septième siècles, et se rencontrent quelquefois chez des auteurs distingués du dix-huitième siècle et de notre temps.

A cause de l'affection qu'il avoit à M. l'amiral, à Lanoue et à Téligny. (Marg. de VAL., Mém., 1.) — Il y a quelque temps que je commençay à luy dire qu'il se résolust de demander au sire Anastase, mon maistre, Susanne, sa fille à femme. (LARIV., Ecol., 11, 5.) Je n'ay plus de paroles puissantes, ni assez violentes à l'expression de mes misères. (D'AUB., Pet. OEuvr. mêl.) - Il est tout généreux et tout né à la gloire. (MALH., Leu., à Racan, 10 sept. 1625.)

Tant de signes dans les planettes,

Tant d'éclypses, tant de comettes
Et tant d'effects prodigieux,

Ne sont-ce pas des prophéties
Aux ames les plus endurcies

De la juste fureur des dieux ?

(RAGAN, Berg., 11, 5. ` Pourquoi se taire de tant d'autres actions remarquables que son Eminence fait tous les jours au profit et à l'honneur de cette monarchie? (NAUDE, Mascur., in-4o, p. 467.) Une vengeance éclatante et prompte est aux àmes ambitieuses le plus délicat de tous les mets. (Boss., Polit., 1, 10, art. 3.) — Luther s'emportait à des excés inouis c'était un sujet de douleur à son disciple modéré. (Id., Var. 5.) Les rivières vont enfin se précipiter dans la mer, pour en faire le centre du commerce à toutes les nations. (FÉN., Exist. de Dieu, I, 2) Les esprits des Français ne sont pas nés à la servitude. (PELISS., Hist. de l'Acad., 11.)

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Mais quoique cet hymen vous semble à souhaiter,

Le résoudre à demain, c'est le précipiter.

(TH. CORN., Théod., II, 2.)

Il sera bon qu'il fasse dès lors tous les préparatifs à une prompte défense. (VAUB., Def. des plac., 3° p.) -Pour comble de joie à notre princesse. (MONTESQ., Pens. div.) Saint Bernard ne montre pas plus d'indulgence aux vices de son siècle. (CHAT., Litt. angl., 2o p.) — Le peuple est mùr à la république. (V. HUGO, Litt. et Philos., Journ. d'un révol ) — Il fut à l'enfant plus qu'un frère : il lui devint une mére. (Id., N.-D. de Paris, IV, 2.)

A, pour, devant un infinitif :

A lui rendre service elle m'ouvre la voie

Que tout mon cœur embrasse avec excès de joie.

(Sert., 11, 5.)

<< Embrasser avec excès de joie une voie à rendre service! » On ne peut écrire avec plus d'impropriété. C'est un amas de barbarismes! s'écrie Voltaire. Nous ne voyons, nous, aucun barbarisme dans le vers de Corneille; nous ne croyons pas même qu'il offre la moindre impropriété. Voltaire dit encore, à propos d'un vers analogue aux précédents :

Ma gloire et mon amour peuvent bien peu sur moi,
S'il faut votre présence à soutenir ma foi.

(Nicom., 1, 1.)

<«< Une présence à soutenir la foi » n'est pas français. On dit: <«< il faut soutenir » et non pas « à soutenir. »

Le grand écrivain paraît ici n'avoir rien compris à la pensée pourtant bien claire de Corneille, et avoir complétement méconnu la langue de tout le dix-septième siècle. A, signifiant pour, s'employait aussi généralement devant un infinitif que devant un substantif. Constatons d'abord que cette forme est familière à Corneille.

Cette inclination qui jusqu'ici vous mène,
A me la déguiser vous donne trop de peine.

Adieu, toute la chasse prête,

(Clit., 1, 2.)

N'attend que ma présence à relancer la bête.
Achève, malheureuse, achève de vêtir

(Ib., 11, 5.)

Ce que ton mauvais sort laisse à te garantir,

(Ib., 11, 6.)

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(Hor., 1, 2.)

Cléopâtre a lieu d'attendre ce jour-là à faire confidence à Laonice de ses desseins, et des véritables raisons de tout ce qu'elle a fait. (Exam. de Rodog.)

Cependant cet exil, ces retraites paisibles,
Cet unique souhait d'y terminer leurs jours,

Sont des mots bien choisis à remplir leurs discours.
Qu'ai-je affaire de race à me déshonorer,

(Agés., m, 1.)

Moi qui n'ai que trop vu ce sang dégénérer.

(Pulch., v, 3.)

Quelque effort qu'ici-bas l'homme fasse à bien vivre,

Il est souvent trahi par sa fragilité.

(Imit., 1, 19.)

Aussi le corps se plaint, le corps gémit sans cesse,
Accablé sous les moindres croix,

Parce que de l'esprit la honteuse mollesse

N'agit qu'avec faiblesse

Et refuse son aide à soutenir leur poids.

La double

(lb., 1, 21.)

dont je viens de parler à l'occasion de l'e, a aussi deux prononciations en notre langue : l'une sèche et simple, qui suit l'orthographe; l'autre molle, qui semble y joindre une h. Nous n'avons point de différents caractères à les distinguer. (Préf. du Th. de P. Corn., édit. de 1682.)

Il est inutile de multiplier les exemples analogues.

L'Académie, dans son jugement sur le Cid, a fait une observation sur ce vers :

Venoient m'offrir leur vie à venger ma querelle.

Il eût été bon, dit-elle, de dire : « Venoient s'offrir à venger ma querelle ; » mais disant < venoient m'offrir leur vie,» il falloit dire: « pour venger ma querelle. » (Sent. de l'Acad. sur le Cid, III, 6.)

La distinction établie ici n'est-elle pas un peu subtile?

Du reste, comme il a été dit, l'emploi critiqué par Voltaire était général au dix-septième siècle, comme il l'avait été au seizième, et il a été repris depuis avec raison selon nous.

Hélas! ami, tu ne savois que faire,
A me traiter, obéir et complaire,
Comme celui duquel j'avois le cœur.

(CL. MAR., Ep. 1. 1517.)

Avez-vous fait à vous sauver? (LARIV., Facét. Nuicts de Strap., Ive Nuict, f. 4.)

Comment doncques

Le coq, qui se lève la nuict à chanter.

(Id, ibid.)

En religion respondit cette procureuse. Vrayment! il faut autant d'argent pour le jourd'huy pour y mettre une fille comme à la mettre en son mesnage. (Caquets de l'accouchée, 5o journ.)

Tout ce qu'à façonner un corps

Nature assemble de trésors

Est en elles sans artifices. MALH., Stances, la Ren. à Henri le Gr.) La nature ny la fortune ne m'ont pas donné beaucoup de parties à plaire. (THEOPH., Fragm, d'une hist., c. 11.)

A venger votre affront servez-vous de mon bras.

(TH. CORN., Ill. Ennemis, \, 2.) Que pourrois-je autre chose à guérir ses ennuis!

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Au lieu de se servir de sa puissance à se venger d'eux, il s'en servit à les secourir. (LE MAIST., Plaid., XXVII.) - Tant de restes ne pouvaient pas s'accorder facilement; il fallut près d'un an à les ajuster ensemble. (Méz., Abr. de l'hist. de Fr., ann. 1495.) - Le duc de Guise se servit de l'armée qu'il avoit sur la frontière de Champagne à se saisir des villes de Raucour et de Donzy, sur le duc de Bouillon. (Id., ib., ann. 1585.) — Que tous les hommes s'unissent à louer quelqu'un, ils n'ajouteront rien à son mérite. Qu'ils s'unissent à le blâmer, ils ne lui en ôteront pas la moindre partie. (NICOLE, Cont. des Ess. sur l'Épît, du 4o dim. de l'Av.) Ce même feu demeure paisiblement caché dans les veines des cailloux, et il y attend à éclater jusqu'à ce que le choc d'un autre corps l'excite. (FÉN., Exist. de Dieu, 1.) Il lui fallut bien vingt ans à s'étendre et à faire un corps de secte qui méritat d'être regardé. (Boss., Var., XI.) On appellera cela comme on voudra; pour moi, j'appelle cela suivre mon inclination et aller mon chemin : je suis nee à n'en pas prendre d'autres. (Mile DE MONTP., Mėm.) Mais j'attendrai cette grande journée à vous informer de mon choix. (PERR., Cont. en vers, Griselidis.)

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On trouve de même, au dix-huitième siècle :

A faire d'un tel gentilhomme un Achille au pied léger, l'adresse de Chiron même eût eu de la peine à suffire. (J.-J. Rouss., Em., 11.)

Et de nos jours :

Que cette place est bonne à le bien poignarder! (V. HUGO, Cromw., v, 3.)
Il en faudrait un monde à faire un grain de sable. (LAM., Jocel., 4o ép.)

A, pour en, devant un infinitif :

Voltaire a encore critiqué cet emploi:

A raconter ses maux souvent on les soulage.

(Pol., 1, 3.)

« Ce vers, dit-il, est un peu familier, et il faut en racontant, et non à raconter. »

Corneille a pu parfaitement préférer à raconter à en racontant. Il a dit encore:

Ah! Mélite, pardon, je t'offense à nommer
Celui qui m'empêcha si longtemps de t'aimer.
Joignons à la douceur de venger nos parents
La gloire qu'on remporte à punir les tyrans.

(Mėl., m, 1.)

(Cinna, 1, 2)

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