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poète Celsus à faire usage de ses propres richesses, et à ne pas se parer de celles que contenoit la bibliothèque palatine d'Auguste, peur, dit-il, que si les oiseaux venoient en foule reprendre leurs plumes, la Corneille, dépouiliée de ces parures empruntées, devienne la risée commune :

de

Ne si forte suas repetitum venerit olim

Grex avium plumas, moveat Cornicula risum.

(Epist. L. I. ép. 2. v, 18.)

ne

C'est encore dans le même sens que Piron appelle M. de Voltaire 1: Geai du Paon. M. Lessing ne se contente pas de faire arracher au Plagiaire ses plumes d'emprunt: « Les Paons appercevant sur le dos de la Corneille quelques plumes luisantes de ses ailes, les lui enlèvent à coups de bec celles-là même, ajoutent-ils, ne sauroient être à toi ».

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FABLE X.

Le Chameau et les Bátons flottans.

(Avant La Fontaine). GRECS. Esope, fab. 119 (le Chameau), et fab. 110 (les Voyageurs ). Planude, Vie d'Esope, p.74, édit. de Nevelet. LATINS. Faerne, fab. 18.

LE premier qui vit un Chameau,

S'enfuit à cet objet nouveau ;

Le second approcha: le troisième osa faire
Un licou pour le Dromadaire.

L'accoutumance (1) ainsi nous rend tout familier.
Ce qui nous paroissoit terrible et singulier (2),
S'apprivoise avec notre vue,

Quand ce vient à la continue.

Et, puisque nous voici tombés sur ce sujet :

On avoit mis des gens au guet,
Qui voyant sur les eaux de loin certain objet,
Ne purent s'empêcher de dire

Que c'étoit un puissant navire.
Quelques momens après, l'objet devint brûlot,
Et puis nacelle, et puis ballot,

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J'en sais beaucoup de par le monde,

A qui ceci conviendroit bien :

De loin c'est quelque chose, et de près ce n'est rien (4).

(Depuis La Fontaine). FRANÇAIS. Fables en chansons, L. II. fab. 48.

NOTES D'HISTOIRE NATURELLE.

LE CHAMEAU, animal originaire d'Arabie, ayant environ six à sept pieds de haut, non compris ses deux bosses, et dix pieds de longueur; les yeux gros et saillans, le front revêtu d'un poil touffu, ressemblant à de la laine; les oreilles courtes et rondes; le col long, orné d'une belle crinière. Il est d'un naturel très-docile; on le dresse, dès son enfance, à se baisser et à s'accroupir pour pouvoir le charger. De toutes les bêtes de somme, c'est le plus propre à supporter les plus rudes fatigues, Il reste quelquefois jusqu'à neuf jours, et plus encore, sans boire, au milieu des sables brûlans de l'Afrique.

DROMADAIRE, animal de l'espèce du Chameau; son dos est surmonté d'une seule bosse; sa force, sa docile premier, au commerce et aux courses des voyageurs d'Asie et d'Afrique.

lité, sa patience, le rendent aussi propre qu

OBSERVATIONS DIVERSES.

(1) L'accoutumance. Si ce mot n'existoit pas, il faudroit l'inventer. Comment se fait-il qu'on l'ait dédaigné au point de l'exclure du langage français? Est-il donc moins pittoresque que le mot habitude? Au contraire, ne rend il pas avec énergie et fidelité cette lenteur monotone à laquelle l'exercice journalier d'un même objet nous asservit ordinairement.

(2) Ce qui nous paroissoit terrible. . . .

S'apprivoise avec notre vue. C'est plutôt notre vue qui s'apprivoise avec ce qui, etc. Passons par-dessus les autres petites incorrections de cette fable.

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(3) Enfin bátons flottants sur l'onde. «Rien n'est moins naturel que cette supposition, puisqu'au contraire le plus grand navire regardé de loin, semble être un bâton flottant». (Richer.)

(4) De toin c'est quelque chose, et de près ce n'est rien. Ce vers vaut lui seul toute la fable: il est devenu proverbe. Major è longinquo reverentia, a dit Tacite.

Je ne serois pas éloigné de croire que M. l'Abbé Aubert a dû à ce récit l'idée de sa jolie fable: le Chat et le Coq d'un clocher. C'est là créer en imitant.

FABLE XI.

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T.

La Grenouille et le Rat.

(Avant La Fontaine). ORIENTAUX. Pilpay, Contes indiens, GRECS. Homère (Batrachomiomachie). Esope,

III. pag. 88.

fab. 249. Planude (Vie d'Esope, pag. 97, édit. de Nevelet).-
LATINS. Rimicius, L. I. fab. 3. Anonyme, dans l'Append. du
Phèdre de Barbou, pag. 111.

TEL, comme dit Merlin (1), cuide engeigner autrui,
Qui souvent s'engeigne soi-même (2).

J'ai regret que ce mot soit trop vieux aujourd'hui :
Il m'a toujours semblé d'une énergie extrême.

Mais afin d'en venir au dessein que j'ai pris:
Un Rat plein d'embonpoint (3), gras, et des mieux nourris,
Et qui ne connoissoit l'Avent ni le Carême (4),
Sur le bord d'un marais égayoit ses esprits.

Une Grenouille approche, et lui dit en sa langue :
Venez me voir chez moi, je vous ferai festin.

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Messire Rat promit soudain :

Il n'étoit pas besoin de plus longue harangue.
Elle allégua pourtant les délices du bain,
La curiosité, le plaisir du voyage (5),
Cent raretés à voir le long du marécage :

Un jour il conteroit à ses petits enfants

Les beautés de ces lieux, les mœurs des habitants,
Et le gouvernement de la chose publique

Aquatique.

P

Tome I.

Un point sans plus (6) tenoit le galant empêché. Il nageoit quelque peu, mais il falloit de l'aide (7). La Grenouille à cela trouve un très-bon remède : Le Rat fut à son pied par

la

patte attaché ;

Un brin de jonc en fit l'affaire.

Dans le marais entrés (8), notre bonne commère
S'efforce de tirer son hôte au fond de l'eau,
Contre le droit des gens, contre la foi jurée (9),
Prétend qu'elle en fera gorge-chaudé et curée (10)
[C'étoit, à son avis, un excellent morceau ].
Déjà dans son esprit la galante le croque.
Il atteste les Dieux : la perfide s'en moque;
Il résiste : elle tire. En ce combat nouveau,
Un Milan qui dans l'air planoit, faisoit la ronde,
Voit d'en haut le pauvret se débattant sur l'onde.
Il fond dessus, l'enlève, et par même moyen,
La Grenouille et le lien.

Tout en fut, tant et si bien,

Que de cette double proie

L'Oiseau se donne au cœur joie,

Ayant, de cette façon,

A souper chair et poisson.

La ruse la mieux ourdie

Peut nuire à son inventeur;

Et souvent la perfidie

Retourne sur son auteur.

(Depuis La Fontaine). FRANÇAIS. Fables en chansons, L. III. fab. 24.-ITAL. Luig. Grillo, fav. 40.

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