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(Avant la Fontaine). ORIENTAUX. Lockman, f. 16.- GRECS. Esope, 128. Epigr. du IV. livre de l'Anthologie (*).

CERTAIN Payen chez lui gardoit un Dieu de bois (1),
De ces Dieux qui sont sourds, bien qu'ayant des oreilles:
Le Payen cependant s'en promettoit merveilles.

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Ce n'étoit que vœux et qu'offrandes (2), Sacrifices de Bœufs (3) couronnés de guirlandes. Jamais Idole (4), quel qu'il fût,

N'avoit eu cuisine si grasse.

Sans que pour tout ce culte à son hôte il échût,
Succession, trésor, gain au jeu, nulle grace.
Bien plus, si pour un sou d'orage en quelque endroit
S'amassoit (5) d'une ou d'autre sorte,,

(*) La voici traduite en vers français :

LICIDOR attendoit une grace des Cieux.
Pour porter sa prière et pour offrir ses vœux,
Il s'adresse à Mercure : il donne son offrande.
Mais le Dieu ne pouvoit répondre à sa demande;
Car il étoit de bois. Licidor irrité,

Vous le brise en éclats pour en tirer vengeance.

Mercure ainsi culbuté;

Des entrailles du Dieu sort un trésor immense.
Le crime quelquefois a son utilité.

L'Homme en avoit sa part, et sa bourse en souffroit:
La pitance du Dieu (4) n'en étoit pas moins forte.
A la fin se fâchant de n'en obtenir rien,

Il vous prend un lévier (7), met en pièces l'Idole
Le trouve rempli d'or. Quand je t'ai fait du bien
M'as-tu valu, dit-il, seulement une obole?
Va, sors de mon logis, cherche d'autres autels.
Tu ressembles aux naturels (8)

Malheureux, grossiers et stupides:

On n'en peut rien tirer qu'avecque le bâton.
Plus je te remplissois, plus mes mains étoient vides:
J'ai bien fait de changer de ton.

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(Depuis La Fontaine), LATINS. Le Beau,

Carmina, pag.

8.

OBSERVATIONS DIVERSES.

(1) Certain Payen, etc. Tout le monde connoît le mot si ingénu de La Fontaine à Racine: Avez-vous lu Baruch? Je ne sais si l'anecdote a précédé ou suivi la composition de cet apologue; toujours l'écrivain sacré auroit-il offert au poète le premier original de ces vers :

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De ces Dieux qui sont sourds, bien qu'ayant des oreilles. On chercheroit vainement ailleurs une déclamation plus éloquente contre les divinités du Paganisme, que dans le chapitre VI de ce Prophéte.

(2) Ce n'étoit que vœux; dites: ce n'étoient. L'accord nécessaire du nombre entre le verbe et le nominatif se trouve violé par-tout dans les auteurs du dernier siècle. Il y a encore aujourd'hui des écrivains qui ne savent pas se défendre ici de la séduction de l'exemple, ou de l'indolence de l'habitude.

(3) Sacrifices de boeufs. Une religion plus sublime, parce que seule elle émane de Dieu, a appris aux hommes que le sacrifice des victimes sanglantes étoit indifférent à la Divinité. « Le sacrifice

que Dieu demande, est un cœur contrit et humilié ». Ce sont là' les oracles dont Racine a recueilli l'esprit dans ces beaux vers:

Quel fruit me revient-il de tous vos sacrifices?
Ai-je besoin du sang des boucs et des génisses...?
Du milieu de mon Peuple exterminez les crimes;
Et vous viendrez alors m'immoler vos victimes.

(Athalie, Act. I. sc. 1.)

(4) Jamais Idole, quel qu'il fût. Idole est plus communément féminin:

Jusques à quand, trompeuse Idole.

(J. B. Rousseau, Ode à la Fortune.)

P. Corneille l'a fait pourtant masculin dans ces beaux vers:

Et Pison ne sera qu'un Idole sacré

Qu'ils tiendront sur l'autel pour répondre à leur gré.

1

A

<< L'étymologie, observe un critique, favorise cette dernière opinion; mais l'usage, qui est l'arbitre souverain des langues, l'a fixé au féminin ». (Ménage. Observ. sur Malherbe, p. 368.)

....

(5) Si pour un sou d'orage s'amassoil. Où est le nominatif du verbe s'amassoit? Dira-t-on que la préposition pour puisse en tenir lieu? Non. Cette construction eût été vicieus même chez les Grecs: au défaut d'un nominatif direct, ils n'‹mettent jamais leur article To.

(6) La pitance du Dieu. On ne se fait pas à cet étrange amalgame d'expressions triviales avec ce qu'il y a le } lus auguste; avec ce mot toujours respectable, alors même qu'il est dénatu é par la superstition, comme le caractère sacré de la royauté mérite encore des hommages même sur le front de l'usurpateur; ce mot, enfin, que Newton n'entendit proférer jamais sans se découvrir la tête par respect.

(7) Il vous prend un lévier, met en pièces, etc. On soulève, on ne brise pas avec le lévier.

(8) Tu ressembles aux naturels, etc. Et c'est là la morale de la fable! Qu'il faille ainsi traiter son esclave, ce seroit déjà un problême : mais son égal ou son supérieur! certes, une telle dévotion seroit un peu brutale. Il y a dans cette fable un air profane qui fourroit être d'un dangereux exemple. Voyez ce que dit Plutarque

sur le respect dû aux Dieux, dans son traité de la manière de lire les Poètes et l'on peut en croire là-dessus un philosophe ennemi déclaré de la superstition. Les Tyriens en uscient ainsi avec leur Hercule: oui, et les Sauvages avec leurs Idoles. Qu'en conclure? Que les Tyriens n'étoient pas plus raisonnables que le Payen de la fable, et le poète pas plus raisonnable de les absoudre.

F. A BLE IX.

Le Geai paré des plumes du Paon.

(Avant La Fontaine ). GRECS. Esope, fab. 101. Gabrias, 26. Theon (le sophiste) fab. 3. Theophilacte, dans le Phèdre de Laurent, pag. 17. LATINS. Phèdre, Liv. I. fab. 3. Anonyme, 35, 191 et 205.

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UN Paon muoit: un Geai prit son plumage;

Puis après se l'accommoda;

Puis, parmi d'autres Paons tout fier se panada (1),
Croyant être un beau personnage.
Quelqu'un le reconnut : il se vit bafoué,
Berné, sifflé, moqué, joué (2);

Et par messieurs les Paons plumé d'étrange sorte:
Même vers ses pareils s'étant réfugié,

Il fut par eux mis à la porte.

Il est assez de Geais à deux pieds comme lui (3),
Qui se parent souvent des dépouilles d'autrui,
Et que l'on nomme Plagiaires.

Je m'en tais, et ne veux leur causer nul ennui
là mes affaires.

Ce ne sont pas

(Depuis La Fontaine). FRANÇAIS. Fables en chansons, L. I. fab. 28, ALLEMANDS. M. Lessing, L. II. fab. 6 (les Paons et La Corneille).

-

NOTE D'HISTOIRE NATURELLE.

PAON. Voyez Liv. II. fab. 17.

GEAI, Oiseau du genre des Pies; mais un peu plus petit, et d'un plumage différent du sien. Il a les yeux bleus, le bec noir, fort et robuste, long de deux doigts; l'ouverture de son gosier est si grande, qu'il avale des glands tout entiers. Cet Oiseau est aussi voleur que la Pie; ce qu'il a pris il le cache dans les lieux les plus secrets. Son cri est désagréable.

OBSERVATIONS DIVERSES.

(1) Se panada. C'est le terme propre. Panader, faire le paon. (2) Il se vit baffoué,

Berné, sifflé, moqué, joué. Cette accumulation de termes, dont aucun n'est synonyme, marque les vengeances diverses auxquelles il est en proie. L'impudence et le vol sont baffoués. La lourde stupidité est bernée (voyez dans Don Quichotte, comment on berna le pauvre Sancho PANÇA). On siffle la sottise à prétentions (la Judith de Boyer, sifflée). On se moque de la vaine gloire. On joue, on parodie celui qui veut paroître ce qu'il n'est pas. C'est de toutes les insultes la plus cruelle, celle qui blesse le plus directement l'amour-propre.

J. B. Rousseau :

Et tout leur saoul l'ayant berné, hué,

Croquinolé, souffleté, conspué,

Pour dernier trait son masque lui reprirent.

(L. I. Allég. II. p. 132.)

(3) Il est assez de Geais à deux pieds comme lui. Mais Geais d'une autre espèce. Il y a plus d'adresse à le laisser deviner au lecteur.

C'est à cette fable qu'Horace fait allusion, pour engager le

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