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Tout ce que dit ici le poète, n'est qu'une plaisanterie assez fade,

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contre des fous d'une autre espèce.

(5) Voici comment il en alla. Cette tournure, bannie du style noble, s'est conservée dans quelques provinces.

(6) Parentage ne se retrouve plus que dans les anciens livres, Clém. Marot:

Il est issu d'excellent parentage.

( Ch. nuptial, t. 1, p. 295.)

(7) Qu'on eût vu quelque beau matin

Un mariage.clandestin. Le poète paroît supposer qu'il y eut de l'intelligence entre le Lion et la fille. Cela excède la plaisanterie. On lit dans l'histoire ancienne de M. Rollin, une imitation intéressante de cet apologne (Voy. T. VII. p. 152. éd. in-12). Dans la fable anglaise de Moore, le Loup amoureux demande une jeune Brebis en mariage, et l'obtient. Un Ane unit le couple. L'innocente victime devient bientôt la proie du farouche époux, qui la dévore. Censure des mariages mal assortis.

FABLE I I.

Le Berger et la Mer.

(Avant La Fontaine). GRECS. Esope, fab. 49.

DU rapport d'un troupeau, dont il vivoit sans soins, Se contenta long-temps un voisin d'Amphitrite (1); Si sa fortune étoit petite,

Elle étoit sûre to t au moins.

A la fin, les trésors déchargés sur la plage (2)
Le tentèrent si bien, qu'il vendit son troupeau,,
Trafiqua de l'argent, le mit entier sur l'eau':

Cet argent périt par naufrage.

Son maître fut réduit à garder les Brebis,

Non plus Berger en chef comme il étoit jadis : Quand ses propres Moutons paissoient sur le rivage. Celui qui s'étoit vu Corydon ou Tircis,

Fut Pierrot (3) et rien davantage.

Au bout de quelque temps il fit quelques profits,
Racheta des bêtes à laine;

Et comme un jour les Vents retenant leur haleine
Laissoient paisiblement aborder les vaisseaux (4):
Vous voulez de l'argent, ô mesdames les eaux,
Dit-il, adressez-vous, je vous prie, à quelque autre :
Ma foi, vous n'aurez pas le nôtre.

Ceci n'est pas un conte à plaisir inventé.
Je me sers de la vérité,

Pour montrer, par expérience

Qu'un sou, quand il est assuré,

Vaut mieux que cinq en espérance;

Qu'il faut se contenter de sa condition,

3

Qu'aux conseils de la Mer et de l'Ambition (5),
Nous devons fermer les oreilles.

Pour un qui s'en louera, dix mille s'en plaindront.
La Mer promet monts et merveilles :

Fiez-vous-y; les vents et les voleurs viendront.

(Depuis La Fontaine). LATINS. Laurent Valla, edit. Rob. Stephani, pag. 61, Desbillons, Liv. IV. fab. 3. Le Beau, Carm. FRANÇAIS. Benserade, fab. 142. Fables en chansons, L. III. fab. 39.

pag. 11.

OBSERVATIONS DIVERSES,

(1) Un voisin d'Amphitrite. La mer étoit pour les anciens une. divinité qu'ils nommoient Nérée, l'Océan, Neptune, à qui ils

avoient donné pour

femme Amphitrite. « Au commencement des siècles, Amphitrite, ou la mer, n'avoit pas encore, dit Ovide, enbrassé dans sa vaste enceinte les terres. » ( Métam. Liv. I. vers 13 et 14.*

(2) Plage, du latin plaga, rivage de la mer.

(3) Corydon ou Tircis,

Fut Pierrot. Tous noms de bergers; les premiers, dans les romans, où leur condition est embellie par les charmes de la fiction, ou par les privilèges de la richesse; le dernier, dans les travaux champêtres, n'est qu'un valet à gages. Boileau a dit de même :

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On diroit que Ronsard, sur ses pipeaux rustiques,

Vient encor fredonner ses idylles gothiques,

Et changer, sans respect de l'oreille et du son,
Lycidas en Pierrot, et Phyllis en Toinon.

( Art poét. ch. 2.)

(4) Et comme un jour les vents retenant leur haleine, Laissoient paisiblement aborder les vaisseaux. Le poète Lucrèce dit, en parlant des premiers habitans de la terre, que le cahne de la mer ne les tentoit point de se fier aux trompeuses espérances qu'elle sembloit leur donner :

Nec poterat quemquam placidi pellacia ponti,
Subdola pellicere in fraudem ridentibus aquis.

(De natur. rer. Liv. V. v. 1003.)

Le même poète s'est imité lui-même dans ce vers :
Subdola cum ridet placidi pellacia ponti.

(Lib. II. v. 559.)

Il est possible que La Fontaine ait eu dans la pensée ces vers, dont le sens s'accorde parfaitement avec l'idée de sa fable.

(5) Aux conseits de la mer et de l'ambition. Remarquez ce rapprochement. Les orages de l'ambition sout-ils donc aussi impétueux que ceux de la mer?

རཱ་ནན།

FABLE III

La Mouche et la Fourmi, 29)

(Avant La Fontaine ). LATINS. Phèdre, Lib. IV, f. 23. Ano- FRANÇAIS, Marie de France, Ysopet ( l'Abeille

nyme, fab 37.. et la Mouche).

LA Mouche et la Fourmi contestoient de leur prix.
O Jupiter! dit la première (1),

Faut-il que l'amour-propre aveugle les esprits
D'une si terrible manière,

Qu'un vil et rampant animal

A la fille de l'Air ose se dire égal (2)?

Je hante les palais (3), je m'assieds à ta table:

Si l'on t'immole un Boeuf, j'en goûte devant toi (4),
Pendant que celle-ci (5), chétive et misérable,
Vit trois jours d'un fétu qn'elle a traîné chez soi (6),
Mais, ma mignonne (7), dites-moi,

Vous campez-vous jamais sur la tête d'un Roi,
D'un Empereur ou d'une Belle?

Je le fais; et je baise un beau sein quand je veux;
Je me joue entre des cheveux;

Je rehausse d'un teint la blancheur naturelle;
Et la dernière main que met à sa beauté

Une femme allant en conquête,

ཝཱ ཝཱ

C'est un ajustement des Mouches emprunté.
Puis, allez-moi rompre la tête

De vos greniers! Avez-vous dit (8)?
Lui répliqua la ménagère.

Vous hantez les palais; mais on vous y maudit.
Et quant à goûter la première (9)

De ce qu'on sert devant les Dieux,
Croyez-vous qu'il en vaille mieux ?

Si vous entrez par-tout, aussi font les profanes,
Sur la tête des Rois et sur celle des Anes (10)
Vous allez vous planter: je n'en disconviens pas;
Et je sais que d'un prompt trépas

Cette emportunité bien souvent est punie.
Certain ajustement, dites-vous, rend jolie;

J'en conviens, il est noir ainsi que vous et moi, ラ
Je veux qu'il ait nom Mouche, est-ce un sujet pourquoi
Vous fassiez sonner vos mérites (11)?

Nomme-t-on pas aussi Mouches les Parasites?
Cessez donc de tenir un langage si vain :

N'ayez plus ces hautes pensées.

Les Mouches de Cour (12) sont chassées:

Les Mouchards sont pendus; et vous mourrez de faim,
De froid, de langueur, de misère,

Quand Phébus régnera sur un autre hémisphère.
Alors je jouirai du fruit de mes travaux :
Je n'irai par monts ni par vaux
M'exposer au vent, à la pluie:
Je vivrai sans mélancolie:

Le soin que j'aurai pris de soin m'exemptera.

Je vous enseignerai par-là

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Ce que c'est qu'une faussé ou véritable gloire.
Adieu: je perds le temps: laissez-moi travailler.
Ni mon grenier, ni mon armoire.
Ne se remplit à babiller.

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