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tesse, et est toujours austère. Quoiqu'il fût plus jaloux d'instruire que de plaire, il a su néanmoins embellir son ouvrage par des tableaux dignes d'un grand peintre. Ceux de l'état politique de la Grèce, de la peste, etc., sont de véritables chefs-d'oeuvres. Plusieurs de ses harangues doivent servir de modèles. Quel coup de pinceau ! quelle force! Son ame courageuse, parcequ'elle était élevéc, repousse de toutes parts le mensonge, et sacrifie à la vérité son propre ressentiment. Le style d'Hérodote fut la règle du dialecte ionique; et celui de Thucydide devint celle de l'attique: Le premier est recommandable par sa clarté, et le second par sa précision. L'un excelle dans la peinture des mœurs, et l'autre dans le pathétique. Ils ont également de l'élégance et de la majesté. Thucydide a plus de force et d'énergie; ses couleurs sont plus fortes et plus variées. Ilérodote l'emporte de beaucoup par les graces et la simplicité naïve de son style. Il plait et persuade davantage. Avec des qualités différentes, ces deux historiens méritent le premier rang, chacun dans son genre, et sont préférables à tous les autres. Mais une gloire particulière qu'on ne peut ravir à Thucydide, est d'avoir, pour ainsi dire, créé l'éloquence attique, et formé le plus grand des orateurs (1).

Le méme. Ibid.

Xénophon.

Le sage Xénophon publia et continua l'ouvrage de Thucydide, sans prendre sa manière. Celle d'Hérodote était plus conforme à son caractère, et moins éloignée de l'élocution d'Isocrate, dont il avait été l'auditeur; d'ail

(1) Lucien rapporte que Démosthène copia huit fois de sa main l'ouvrage de Thucydide.

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et

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leurs, il n'ambitionnait que de paraître digne de l'amitié de Socrate, son maître. Aussi aperçoit-on de toutes parts, dans ses ouvrages, le sentiment religieux, les principes de justice, et l'empreinte de toutes les vertus qui honorent sa mémoire. Le surnom d'abeille attique qu'il méritai caractérise très bien ses talents. Les sujets qu'il traite sont heureusement choisis; il les dispose avec art, et sa narration est toujours agréable, variée, et pleine de douceur et de grace. Sa diction est comparable à celle d'Hérodote S'il lui est souvent inférieur, quelquefois il l'égale, Noble élégant comme lui, il emploie toujours le mot propre, et s'exprime avec autant de clarté que d'agrément. Mais veut-il s'élever, semblable au vent qui souffle de terne il tombe presque lui reproche encore d'avoir aussitôt. On prêté des discours philosophiques à des hommes ignorants, à des barbares. Ce reproche regarde principalement la Cyropédie, dans laquelle Xénophon s'est plu à donner des leçons de philosophie aux dépens de la vérité et an mépris des convenances. L'histoire parle assez d'elle-même: pourquoi appeler la fiction à son secours ? L'élève de Socrate se laisse encore trop apercevoir dans les helléniques; mais rien n'y blesse les règles de l'histoire; et quoique Xénophon ait composé cet ouvrage dans une extrême vieillesse, on y retrouve toujours de ces beautés naturelles et sans fard, que les graces semblaient ellesmêmes avoir dictées. En faisant passer à la postérité la gloire des dix mille, il lui a transmis le principal titre de la sienne. Aussi habile capitaine que grand historien, il eut beaucoup de part à leur mémorable retraite; il l'a décrite avec autant de simplicité et de noblesse, que d'intérêt et d'exactitude. Sa relation est le plus précieux comme le plus ancien monument de la science militaire.

Le méme. Ibid.

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*9 Ce philosophe avait été, comme Platon, le disciple et l'ami de Socrate; mais l'un se contenta d'éclairer les homines, et l'autre voulut encore les servir.' Il fut à la fol écrivain et homme d'État. On sait qu'il commanda les Grecs dans la retraite des dix mille; mais on ne sait pas également que, pour récompense, il fut exilé de son pays. Son caractère avait cette espèce de physionomie antique que nous ne connaissons plus. C'est lui à qui on vint annoncer, au milieu d'un sacrifice, que son fils venait de mourir. Il avait une couronne de fleurs sur la tête, et ¡Tôtă. On Tui' dit qu'il ét était mort dans une bataille en combattant'avec courage, il remit la couronne sur sa tété et continua d'offrir de l'encens aux Dieux. Tour. * tour guerrier et philosophe, il écrivit dans son exil plusieurs ouvrages de politique, de morale et d'histoire. Celui qui avait dans l'ame toute la vigueur d'un Spartiate eut dans l'esprit toutes les graces d'un Athénien.

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Cette grace, cette expression douce et légère qui embellt en paraissant se cacher, qui donne tant de mérite aux ouvrages, et qu'on définit si peu; ce charme qui est nécessaire à l'écrivain comme au statuaire et au peintre, qu'Homère et Anacréon eurent parmi les poëtes grecs, Apelles et Praxitele parmi les artistes; que Virgile eut chez les Romains, et Horace dans ses odes voluptueuses, et qu'on ne trouva presque point ailleurs; que l'Arioste posséda peut-etre plus que Le Tasse; que Michel-Ange ne connut jamais, et qui versa toutes ses faveurs sur Raphaël et Le Corrège; que sous Louis XIV La Fontaine presque seul eut dans ses vers (car Racine connut moins la grace que la beauté); dont aucun de nos écrivains en prose ne se douta, excepté Fénélon, et à laquelle nos usages, nos

mœurs, notre langue, notre climat même se refusent peut-être, parcequ'ils ne peuvent nous donner ni cette sensibilité tendre et pure qui la fait naître, ni cet instrument facile et souple qui la peut rendre; enfin cette grace, ce don si rare, et qu'on ne sent même qu'avec des organes si déliés et si fins, était le mérite dominant des écrits de Xénophon (1).

THOMAS. Essai sur les Éloges.

Isocrate.

Cet orateur eut la plus grande réputation dans son siècle. Il était digne d'avoir des talents, car il eut des vertus. Très jeune encore, comme les trente oppresseurs qui régnaient dans sa patrie faisaient traîner au supplice un citoyen vertueux, il osa seul paraitre pour le défendre, et donna l'exemple du courage quand tout donnait l'exemple de l'avilissement. Après la mort de Socrate, dont il avait été le disciple, il osa paraître en deuil dans Athènes, aux yeux de ce même peuple assassin de son maître; et des hommes qui parlaient de vertus et de lois en les outrageant, ne manquèrent pas de le nommer séditieux, lorsqu'il n'était que sensible. Ayant perdu des biens considérables, il ouvrit une école, et y acquit des richesses immenses. Le fils d'un roi lui paya soixante mille écus un discours, où il prouvait très bien qu'il faut obéir au prince. Mais bientôt après il en composa un autre, où il prouvait au prince qu'il devait faire le bonheur des sujets. Plusieurs de ses disciples devinrent de grands hommes; et comme par-tout le succès fait le mérite, leur gloire ajouta à la

(1) Voyez, plus bas, le parallèle de Xénophon et Fénélon.

sienne. Il avait eu le malheur d'être l'ami de Philippe, de ce Philippe, le plus adroit des conquérants et le plus politique des princes: aimé de l'oppresseur de son pays, il s'en justifia en mourant; car il ne put survivre à la bataille de Chéronée. Voilà pour sa personne. A l'égard de son éloquence, si nous en jugeons par la célébrité, il fut du nombre des hommes qui honorèrent leur patrie et la Grèce. Les calomnies de ses rivaux nous attestent sa gloire, car l'envie ne tourmente point ce qui est obscur. Nous savons qu'on venait l'entendre de tous les pays, et il compta parmi ses auditeurs des généraux et des rois. Aux hommages de la foule, qui flattent d'autant plus qu'ils tiennent toujours un peu de la superstition et de l'enthousiasme d'un culte, il joignit le suffrage de quelques uns de ces hommes qu'on pourrait, au besoin, opposer à un peuple entier. On prétend que Démosthène l'admirait. Il fut loué par Socrate. Platon en fait un magnifique éloge. Cicéron l'appelle le père de l'éloquence. Quintilien le met au rang des grands écrivains. Denys d'Halicarnasse le vante comme orateur, philosophe et homme d'État. Enfin, après sa mort, on lui érigea deux statues, et sur son mausolée on éleva une colonne de quarante pieds, au haut de laquelle était placée une sirène, image et symbole de son éloquence. Il est difficile que, dans les plus beaux temps de la Grèce, on ait rendu ces honneurs à un homme médiocre. Le méme. Ibid.

Démosthène.

Malgré la décision de Virgile (1), les gens de lettres n'ont point prononcé unanimement entre Cicéron et Démosthène, et ces deux orateurs sont à peu près au même

(1) Orabunt alii causas meliùs.... Éneid. 6.

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