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bœuf, un autre homme, et s'humilia aux pieds de leurs autels pour obtenir leurs faveurs. Sans les fâcheux résultats qu'il entraîne, ce genre de culte n'eût été que ridicule; mais il pervertissait toutes les idées de politique et de morale. En se prosternant devant un être particulier et de peu d'importance, les hommes s'habituaient à croire que l'ensemble des choses était dans la dépendance de cet être, et à juger qu'une des parties, qu'un des membres pouvait l'emporter sur l'ensemble, ou sur toute la personne. Or ce principe d'idolâtrie, dès qu'il fut appliqué à l'ordre social, les rendit esclaves ou despotes, attendu qu'il leur fit admettre la sibilité que des masses d'hommes eussent été créées exprès pour quelques hommes, et même pour un seul *. « De là les absurdités de l'idolâtrie, dit avec une précision des plus remarquables l'auteur de la Législation primitive, qui commença par faire un homme de Dieu, et qui finit par faire ses dieux des hommes 18. Veillez soigneusement sur vous-mêmes, de peur que vous ne vous abusiez au point de vous

pos

* Quel homme à ses égaux le premier osa dire :
Tous sont faits pour un seul, respectez mon empire.
Préjugé monstrueux! système criminel!

Que réprouve à la fois la nature et le ciel.

POPE. Epit. III, traduction de Fontanes.

prosterner devant des figures représentant un homme, une femme ou quelqu'animal que ce soit;.... ou de peur que levant les yeux vers le ciel, et y voyant le soleil, la lune et les étoiles, vous ne soyez poussés à les adorer 19. »

Pour donner un plus grand poids à ces recommandations, le Décalogue les accompagne d'images énergiques, destinées à subjuguer les esprits. Tu ne te prosterneras pas devant les idoles; car je suis Jéhovah ton Dieu, FORT, JALOUX, qui visite l'iniquité des pères chez les enfans jusqu'à la troisième et la quatrième race de ceux qui me haïssent; et qui fais miséricorde, après mille générations, à ceux qui aiment et gardent mes préceptes.

Quoi! s'est-on écrié, le dieu de Moïse participe donc à toutes les passions humaines? En aucune manière. Ce législateur a déjà recommandé de ne jamais prendre pour un homme, l'être qu'il invoque. Toutefois, dans le discours, il est forcé de présenter aux Hébreux des images palpables et de leur faire entendre des mots qui leur soient familiers. Alors il a recours aux locutions figurées qu'on a nommées antropomorphismes, c'est-a-dire qu'il exprime les lois les plus importantes de l'ordre général, dans ses rapports avec la société politique, au moyen d'épithètes applicables à la personnalité hu

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maine. Son dieu est le fort par excellence; attendu qu'aucune force particulière ne peut lutter contre la force des choses. Sa parole est la vérité, l'équité; l'un des premiers résultats politiques de son existence est la liberté. Or en lui donnant à lui-même les diverses qualifications qu'emportent ces idées dès qu'on les personnifie, il est zélé; car la vérité exige du zèle chez l'homme qui aspire à la découvrir et à la répandre; il est jaloux comme l'équité et la liberté, sous ce rapport qu'elles ne transigent jamais; qu'il faut choisir, sans balancer, de les abandonner ou de les suivre, d'être injuste ou équitable, de rester esclave ou de passer à l'état d'homme libre.

Mais l'arrêt qui fait ressentir les iniquités des pères aux enfans, n'est-il pas une barbarie? Non. Il ne dicte ici ni une loi politique ni un précepte de morale; au contraire, sa loi dit : « Les pères ne seront point punis pour les enfans, ni les enfans pour les pères; mais chacun sera responsable de sa propre faute ". » Il proclame une vérité naturelle, un fait qui se renouvelle chaque jour.

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Dans sa langue, haïr Jéhovah et sa parole, c'est haïr l'unité, l'utilité commune; c'est s'exposer par suite à toutes sortes de malheurs. Or, ces malheurs, qu'ils arrivent dans le particu

lier ou en général, se feront naturellement ressentir aux enfans mêmes de ceux qui les ont occasionnés; surtout si ces enfans, comme le dit la paraphrase chaldaïque, s'enfoncent de plus en plus dans la fausse route qu'on leur aura tracée. Est-ce que les fautes d'une nation n'ont pas toujours pesé sur les générations suivantes? Est-ce qu'un père qui détruit follement la prospérité de sa maison, ne cause pas d'inévitables infortunes à ses fils? «Que prétendez-vous, s'éerie Ézéchiel, qui, sans rien changer à la nature du fait signalé par Moïse, développe, sous le rapport du droit public et de la morale, cette menace, objet du blâme de quelques uns de ses contemporains; que prétendez-vous, vous qui faites au pays d'Israël l'application du proverbe, Les pères ont mangé le verjus, et les dents de leurs fils en sont agacées? Écoutez. L'homme juste vivra; si son fils est un méchant, ce fils mourra; si le fils d'un homme méchant n'imite pas son père, il vivra certainement. La pureté du juste rejaillira sur lui-même; l'iniquité du méchant sur le méchant : si le méchant devient juste, il vivra à cause de sa justice; si le juste se pervertit, il sera puni à cause de son iniquité ". »

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Enfin, le livre des Rois nous fournirait, au besoin, une nouvelle preuve de l'exactitude du

sens de la loi citée, et de l'inconséquence des reproches adressés au législateur. « Lorsqu'Amatsia se fut affermi sur le trône, il fit mourir les meurtriers de son père, mais il ne fit pas mourir leurs enfans; attendu qu'il est expressément écrit au livre de la loi de Moïse, que Jéhovah a commandé qu'on ne punirait punirait pas les pères pour les enfans, ni les enfans pour les pères, mais que chacun supporterait le poids de sa propre faute *». Dans le même esprit, la miséricorde, après mille générations, signifie que le peuple ou l'homme, quels que soient les maux auxquels ses erreurs l'auront condamné, renaîtra toujours au bonheur, dès qu'il sera rentré dans le sentier de la sagesse.

Après ces choses, le Décalogue prescrit de respecter le nom sacré de Jéhovah, non-seulement, comme on a coutume de le dire, pour que les citoyens s'abstiennent de l'invoquer

* II. Rois. xiv, 16. Dans le récit de la punition d'Hacan, sous Josué, il faut observer que ces mots, alors la colère de Dieu s'embrasa et Hacan ne mourut pas seul pour son iniquité, ne s'appliquant en aucune manière à sa famille, mais aux guerriers morts dans le combat dont le mauvais succès fut attribué à la violation, par Hacan, de la discipline jurée. Il ne peut s'élever aucun doute sur ce point le texte est précis. De même il indique très-bien que Hacan subit seul le châtiment judiciaire: « Et tout Israël le lapida, et on brûla les choses qu'il avait dérobées, et on les couvrit de pierres, et on éleva sur lui un grand tas de pierrres » ( Josué, xxII, 20. VII, 25, 26.) Je parlerai plus loin de la mort de Coré, qui fut une lutte politique.

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