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manne était une substance naturelle. Prosper Alpin rapporte que les moines du Sinaï en ramassaient autour de leur monastère, pour l'offrir au consul d'Alger; et les voyageurs modernes en ont signalé l'existence 1. Mais quelle quantité n'aurait-il pas fallu que la presqu'île en produisît pour une si grande multitude *?....

Dans la même vallée tout le camp profita du passage de ces oiseaux voyageurs qui, réunis en grand nombre, vont chercher les douces températures. « Les cailles fatiguées d'un long trajet, dit la Description de l'Egypte, se laissent encore prendre à la main, sur le même rivage où elles servirent de nourriture aux Hébreux 62. >>

A peu de distance, la disette d'eau s'accrut au point qu'on menaça Moïse : aidé de la connaissance des lieux, il fit jaillir d'une roche une source abondante **. En même temps, un de ses lieutenans, Josué, fils de Nun, de la tribu

* Le texte dit aussi qu'il n'en tombait pas le septième jour, mais que ce fut seulement quelques hommes du peuple qui n'en trouvèrent point car le peuple lui-même restait en ce jour dans ses tentes. (Exod. xvi, 27, 29.) Les Orientaux croient encore que la gomme terengabine, qui a tous les caractères de la manne mosaïque, et que produit l'arbrisseau nommé alhagi, tombe comme une rosée. (Tournefort, Rosenmuller, p. I, t 11, pag. 316. )

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D'après Tacite, ce sont des ânes sauvages qui, en se dirigeant vers une roche verdoyante, auraient indiqué les sources à Moïse (Hist. liv. v.)

d'Éphraïm, suivi d'une troupe choisie, mit en déroute la tribu nomade des Amalécites, qui harcelait les derrières de l'armée et mutilait les traînards 63.

Enfin, après trois mois, dont la majeure partie s'était écoulée dans les campemens, les Hébreux ayant parcouru quatre-vingt-dix lieues environ, arrivèrent dans la vallée déserte du Sinaï, dans l'angle formé par les deux petits golfes qui terminent au nord la mer Rouge. C'est là que Moïse, pasteur, s'était livré à la contemplation de la nature; là qu'il avait formé le dessein de les arrêter quelque temps 64, pour les rendre plus dociles à sa voix et pour assurer leur organisation, loin des chances d'une sérieuse.

guerre

Telle est l'expédition de la sortie d'Égypte, qui remonte à l'an 1473 avant notre ère, cette année même que les monumens marquent pour la disparition d'Aménophis et l'avènement au trône de Sésostris-le-Grand, son successeur. En y ajoutant les quatre cent trente ans du séjour des Hébreux, on tombe précisément au règne du pasteur Aphobis, le pharaon qui nomma Joseph son ministre. Dans la même période, Céerops quitta l'Égypte, à laquelle il devait, comme Moïse, ses premières connaissances, pour aller porter sur les rives de l'Attique

d'heureux élémens de civilisation. Que d'évé→ mens modernes paraîtraient fabuleux à la postérité, pour peu que le langage se prêtât aux formes vagues et hyperboliques! Faut-il d'ailleurs s'arrêter à certains détails dont il est impossible d'expliquer la nature ou d'affirmer l'exactitude, et qui me forcent à dire avec Josèphe, après sa description du passage de la mer Rouge: Je laisse à chacun d'en penser ce qu'il voudra? Considérons le but. Un peuple entier, femmes, enfans, vieillards, est mis en mouvement par une seule tête : la renommée des conquérans ne l'a pas séduit; il va devenir libre; il va se soumettre à la domination des principes, à la souveraineté de la loi, à ce qu'il y a de plus saint parmi les hommes. Aussi le législateur avait-il le juste sentiment de la grandeur de cette conception, quand il s'écriait : << Informe - toi des temps passés, d'une extrémité du monde à l'autre; tu verras que jusqu'à ce jour on n'a rien exécuté de semblable 65

PLAN DE L'OUVRAGE.

Mais ce n'est pas seulement la hardiesse de ses entreprises qui fait son génie et qu'il faut chercher dans le Pentateuque, ce sont ses insti

mense

tutions mêmes. Par elles il a étendu sa puissance à travers les siècles : elles ont donné une physionomie spéciale au peuple hébreu; et, chose étonnante! après avoir parcouru un circuit imla politique humaine, cédant à une force irrésistible, revient aux pensées de Moïse, sans leur faire subir de modifications que celles qui sont nécessaires pour les accommoder aux mœurs du temps et pour appliquer au général, ce qu'il n'avait eu le pouvoir de prescrire qu'au particulier.

veront que

Hâtons-nous donc d'exposer les faits. Ils prouveront l'erreur des philosophes qui l'ont dénoncé comme l'apôtre du despotisme : ils prouloin de fonder, ainsi qu'on ne cesse de le prétendre, une théocratie dans le sens que ce mot entraîne aujourd'hui *, sa loi repoussa le genre de théocratie qui régnait en Égypte, pour y substituer une démocratie tempérée, un gouvernement basé sur la supériorité naturelle de l'intelligence; une véritable constitution d'État, comme la nomme Bossuet**, librement acceptée par la nation soumise à son empire: enfin,

* Le mot theocratie, composé de deux mots grecs qui signifient gouvernement de Dieu, s'applique en général aujourd'hui à tout gouvernement livré aux mains des prêtres et constitué dans leur intérêt personnel.

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'Il n'y eut jamais une plus belle constitution d'État que celle où vous verrez le peuple de Dieu. (Polit. Sacr., pag. 1.)

ils dévoileront toute la moralité des obligations constantes imposées par ce prophète, soit. aux citoyens entre eux, soit dans leurs rapports avec les autres hommes.

Sans doute les préjugés à détruire sont nombreux, datent de loin et s'étayent pour la plupart de raisons spécieuses et d'autorités imposantes. Mais la vérité historique ne s'épouvante pas devant les préjugés. Voltaire surtout a formé contre Moïse et ses disciples une école des plus étendues : son génie, absorbé par quelques hautes pensées, pour le triomphe desquelles tous les moyens lui parurent convenables, ne découvrit jamais dans ce peuple que la base des abus contre lesquels sa haine pour l'hypocrisie et l'intolérance avait dirigé ses redoutables armes *. Ses erreurs de fait et de raisonnement sont donc si graves, qu'elles ne comportent pas de réfutation sérieuse, et que les publicistes les plus renommés de nos jours se sont vus forcés de déclarer << que les écrivains du dix-huitième siècle qui ont traité les livres saints des Hébreux avec un mépris mêlé de fureur, jugeaient l'antiquité

* On peut dire que la haute littérature a souvent en vue l'attaque et la défense des idées, comme l'art militaire l'attaque et la défense des pays; elle a par conséquent sa tactique, son genre de bravoure et ses capitaines, qu'il faut juger d'après le but qu'ils se proposent, les obstacles qu'ils rencontrent, et les moyens, qu'ils ont en leur pouvoir.

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