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appelait à la générosité du peuple, à l'exemple du législateur qui, ayant demandé tout ce qu'on avait de plus précieux pour la construction du sanctuaire, fut forcé d'arrêter les profusions et d'annoncer, par une publication nouvelle, qu'on ne recevrait plus rien. Enfin les tribus s'imposaient en particulier pour leurs affaires intérieures 143.

Voilà ce qui existait dans les premiers temps; et ces rétributions suffisaient pour la réparation du temple, les frais des sacrifices, l'entretien des chemins, des fontaines, les frais de la guerre et autres dépenses de ce genre 43. Il n'y avait pas encore de fonctionnaires payés, de rois exigeans, d'armée permanente. Mais les redevances auxquelles les peuples vainqueurs des Israélites les soumirent, nécessitèrent bientôt des taxes, dont la répartition enfanta de nombreux abus.

On est loin de trouver dans les documens qui nous restent un mode de perception fixe. Sans doute le principe de l'égalité dans les charges avait été solennellement établi par la loi; sans doute un grand nombre de faits postérieurs, même aux époques où la constitution primitive fut ébranlée, confirment cette égalité générale mais il est d'autres faits qui prouvent le retour fréquent à un état de choses contraire à

tous les principes, et bien propre à exciter l'indignation des prophètes.

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Salomon avait divisé le pays en douze départemens qui lui fournissaient les uns après les autres, pendant un mois entier, les vivres nécessaires à sa maison, c'est-à-dire à tous les membres du palais, et à toutes les troupes qui faisaient le service dans Jérusalem. Ces vivres consistaient en trente grandes mesures de fine farine, par jour, soixante de farine ordidinaire, dix bœufs gras, vingt bœufs arrivant des pâturages, cent moutons, outre les cerfs, les daims, les buffles et les volailles engraissées. Il ne paraît pas que les tribus supportassent avec peine cette contribution; car Juda et Israël mangeaient, buvaient et se réjouissaient, à cause de tous les avantages que les premiers efforts de Salomon avaient attirés sur le royaume. Mais on a vu que les choses ne tardèrent pas à se compliquer. Malgré l'énorme quantité d'or qui lui arrivait de toute part, ses profusions le forcèrent à mettre des impôts sur le peuple. Tantôt c'était pour la construction du temple, tantôt pour les palais ou les riches maisons de plaisance qu'il éleva en l'honneur de ses femmes ou de ses maîtresses. Alors on murmura, et quand Roboam son fils monta sur le trône, dix tribus prescrivirent soudain à leurs députés de lui dire

qu'elles n'entendaient plus satisfaire à des charges ŝi multipliées. Le roi ne voulut pas accéder à leurs remontrances ; il écouta l'avis des courtisans qui lui insinuèrent que ce serait manquer à sa dignité que de faire des concessions au peuple. «Quelle part avons-nous reçue de David, s'écrièrent alors les dix tribus; Israël, retire-toi dans tes tentes, et toi, Roboam, pourvoie ailleurs ta maison. » Mais le roi, malgré cette protestation, envoya chez elles Adoram, le principal percepteur des redevances: il parut à peine, qu'on s'insurgea contre lui et qu'on l'assomma de pierres. Les tribus de Juda et de Benjamin qui étaient restées fidèles, par la raison surtout qu'elles avaient plus profité que toutes les autres des dépenses du feu roi, fournirent à Roboam une armée avec laquelle il se proposa de soumettre les révoltés. Mais le prophète Sémahia leur dit au nom de l'Eternel: « Vous n'avancerez point, vous ne combattrez pas contre vos frères; retournez chacun dans vos demeures: Jéhovah n'avait donné la couronne à Salomon qne sous la condition expresse qu'il respecterait le pacte public, qu'il n'enfreindrait aucune loi; et sa conduite a été telle que, sans le souvenir de David, sa postérité eût pour jamais été chassée du trône 144. »

La contribution pour l'entretien de la maison royale continua d'être perçue dans le nouveau

royaume; mais tout porte à croire que la levée de bouclier contre Roboam, la fit restreindre, du moins pour quelque temps, dans de justes. bornes. Ezechiel déclare qu'on devait assigner un domaine particulier au prince, et lui concéder de plus un soixantième des grains et un centième de l'huile, avec lesquels il serait tenu non seulement d'entretenir sa maison, mais de fournir aux dépenses de tous les sacrifices publics. En cela, le principe de l'égale répartition était de nouveau consacré, et la modération de la taxe ramenait à la loi qui nous apprendra plus tard, que l'homme choisi pour porter le sceptre devait vivre toujours avec simplicité

La plupart des censures et philippiques des prophètes signalent l'avidité des rois, des chefs, des sacerdotes, à retirer de l'argent du peuple. «Malheur à vous! s'écriaient-ils. Vous êtes solidaires les uns pour les autres; au grand jour du paiement des fautes, vous supporterez tout le poids de vos iniquités : l'épée fera couler le sang dans les appartemens les plus reculés; elle n'epargnera ni le vieillard, ni la vierge, ni les petits enfans; la dévastation et une effrayante solitude se succèderont dans vos palais 146. »

La taxe qu'imposa Ménahem roi d'Israël, vers l'an 774 avant notre ère, pour acquitter le tribut de mille talens d'argent qu'avait exigé

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Phul roi des Assyriens, ne fut supportée que par les riches 47. Le tribut de cent talens d'argent et d'un talent d'or que Pharaon-Néco mit plus tard sur le royaume de Juda, donna lieu à une égale répartition 48. Sous la domination des rois de Syrie successeurs d'Alexandre, des rois d'Egypte et des Romains, le nombre et le poids des impôts s'accrurent d'une manière effrayante. Plus les Juifs payaient, plus on exigeait de leur part des sacrifices qui ne connaît les concussions des préteurs romains dans les provinces réunies à l'Empire! Jules César les soulagea. Ils avaient subi le régime des fermiers généraux, comme tous les pays environnans ; le texte même du décret impérial fait connaître les exactions des époques précédentes, et donne l'idée de cette astucieuse politique avec laquelle Rome, s'adressant aux peuples qu'elle projetait de détruire, savait si bien voiler ses projets sous des mots imposans. Cependant le zèle des Juifs à envoyer régulièrement leurs offrandes des pays leintains dans lesquels l'oppression les avait fait émigrer, conservait toujours de l'importance au trésor du temple, qui fut pillé plusieurs fois par les généraux étrangers, comme je le dirai, quand il s'agira de ce temple même. « Jules César empereur, dictateur pour la seconde fois et souverain pontife, après avoir

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