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paraissant, laissa sur les Juifs tout l'odieux de son passage, ils en répandirent l'usage de toute part. Tribu dispersée parmi toutes les tribus de la société humaine, ils continuèrent à travailler, sans s'en douter eux-mêmes, à la formation de cette unité qui est toute la pensée de leur loi : ils mirent en rapport l'Europe, l'Asie et l'Afrique; ils transportèrent dans chacune les produits des autres, et réveillèrent chez la plupart des peuples européens les idées d'industrie et de liens commerciaux.

Quelle résistance n'ont-ils pas faite sur le seul terrain laissé à leur activité! Et n'est-ce pas une chose frappante que de les voir se redresser souvent du sein de la poussière, envelopper leurs oppresseurs, et s'élever, par leurs propres forces, au point d'agir sur les destinées des empires!

Certes, lorsqu'on songe à l'économie, l'habileté, la tenacité qu'il a fallu aux Juifs, seulement pour vivre, il est impossible de ne pas reconnaître que leurs facultés régulièrement dirigées eussent produit de grandes choses; et que cette force de vie qui les distingue doit tenir à quelque cause' profonde, qu'on aurait tort de chercher ailleurs que dans les grands ́principes de leur première institution.

CHAPITRE VII.

DU TRÉSOR DU TEMPLE ET DES IMPÔTS.

-

LES peuples anciens avaient coutume de renfermer une partie de leurs richesses dans les temples, pour les événemens imprévus : il n'existait pas chez eux, comme parmi nous, la rapide circulation de capitaux qui les porte en un clin d'œil sur le point nécessaire.

Le trésor du temple des Hébreux n'appartenait donc pas à la tribu des sacerdotes. De même qu'ils n'avaient qu'une patrie, qu'une loi, qu'un but d'utilité nationale, ils ne possédaient qu'un trésor général qu'on nommait indistinctement le trésor de Dieu et du peuple. Les richesses particulières que se procurèrent les rois, furent, comme on le verra dans la suite, une dérogation à la loi primitive...

Les sénateurs et les sacerdotes-veillaient ensemble à la conservation de ce trésor; mais le pouvoir public, seul, devait en régler l'emploi. C'est en présence de Moïse, des anciens et d'Eleazar le grand-sacerdote, que les tribus déposèrent dans le tabernacle les richesses qu'elles avaient conquises. En la vingt-troisième année du règne de Joas, les sacerdotes furent dispensés de recevoir même les offrandes on établit un tronc fermé dans lequel le peuple versait ses dons *. Dès qu'il était rempli, les secrétaires du roi et le grand-pontife l'ouvraient en présence de toute l'assemblée, et en retiraient le contenu pour le remettre à ceux qui devaient l'employer 132.

Lorsqu'au retour de la captivité de Babylone on eut à déposer dans le sanctuaire la vaisselle précieuse et les talens d'or qui avaient été rendus par le roi de Perse, les anciens les firent peser, les firent reconnaître par les sacerdotes *chargés de la garde du temple, et eurent soin de mettre en écrit le nombre exact et le poids des choses qu'ils leur confiaient. Enfin; de nou

* Le roi avait dit aux lévites: Allez par toutes les villes d'Israël ramasser le tribut ordonné par Moïse. Mais les lévites mirent beaucoup de négligence à demander l'argent, de sorte qu'on fit publier dans tout le pays que chaque individu voulût bien l'apporter lui-même; ce qui eut lieu (II chroniq. xxiv ).

les événe

velles preuves que le trésor du temple appartenait au peuple lui-même, et non pas à la tribu sacerdotale, sont fournies par mens des règnes d'Asa, d'Achaz, d'Ezéchias, où le pouvoir politique puise dans le trésor de la maison de Dieu, pour conclure des alliances ou pour éloigner de puissans ennemis 133

Maimonide, qui a mal envisagé un principe sur lequel je reviendrai plus tard, confirme la chose en cés termes : « Le roi se gardera d'usurper l'argent et l'or de ses sujets, de l'accumuler dans ses trésors et de le faire servir à ses jouissances particulières et à sa vanité : mais il n'en demandera que ce qui est convenable pour son armée, ses serviteurs, ses ministres; et il déposera le tout dans le trésor de la maison de Dieu, sous la surveillance d'hommes fidèles, afin qu'on puisse y recourir sur-le-champ, suivant les besoins de l'Etat 134. »

Pour conserver dans sa républiqué l'amour de l'égalité et des lois, Lycurgue imagina de priver Lacédémone de toute monnaie d'or et d'argent, et de les remplacer par des pièces pesantes de fer et de cuivre. Moïse ne fit point cela; mais il semble qu'afin de mieux exciter le peuple hébreu à vivre de ses produits et de leur échange, ses efforts eurent pour but de diminuer la masse des richesses métalliques,

soit en leur donnant un débouché dans le brillant appareil dont il entoura le culte, soit en établissant le dépôt du sanctuaire. A son instigation, les tribus, dans le désert, offrent ce qu'elles ont de plus riche en métal. Après la guerre contre Madian, tout ce qui était d'une utilité directe tomba en partage au peuple, tandis que les objets en or et en argent furent déposés dans le tabernacle: enfin il prescrivit non seulement de briser les statues des idoles dont on se serait rendu maître à la guerre, mais de ne pas désirer l'argent et l'or dont elles étaient composées, et de ne jamais le mettre en circulation 135.

Parmi les fâcheuses conséquences du système exagéré de Salomon, celle-là n'est donc pas la moins remarquable, d'avoir attiré trop de richesses métalliques dans Jérusalem, et d'en avoir fait un appât puissant pour les nations voisines. Alors plusieurs de ces nations qui, dans un état ordinaire des choses, auraient eu intérêt à vivre en bonne intelligence avec le peuple d'Israël, ne cherchèrent qu'une occasion pour s'emparer d'un si précieux butin tel fut le roi d'Egypte Sisak ou Sesonchis, parent par alliance de Salomon, à cause de la femme égyptienne que ce dernier avait épousée, qui arriva sur la Judée avec une armée nombreuse, peu de temps

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