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desquels ils se trouvèrent jetés malgré eux, qu'il en résulta bientôt des chocs dans lesquels leur faiblesse numérique les rendit victimes *. Il leur fut donc impossible de mettre de la suite dans leurs travaux industriels; par conséquent d'en retirer pour eux-mêmes et pour les autres tous les avantages moraux et matériels qu'ils doivent produire. Déjà avant la ruine de Jérusalem les discordes civiles et les faveurs de quelques princes en avaient conduit un grand nombre en pays étranger, et surtout en Égypte et à Cyrène : mais la paix qui les avait attirés ne dura pas long-temps. Dans son Oraison contre Flaccus, gouverneur de cette province, Philon le juif, qui semble armé de toute l'éloquence de Cicéron, retrace les causes et le tableau des malheurs qu'ils y éprouvèrent : on dirait le résumé de tout ce qui leur est arrivé depuis. C'est par la libre concurrence et non par des massacres qu'il voulait qu'on luttât contre eux. « Dans les provinces de l'Europe et de l'Asie où ils s'étaient

* En parlant du massacre qu'on en fit dans plusieurs villes d'Espagne, où d'ardens fanatiques allaient de maison en maison pour encourager à ces exécutions sacriléges, un historien ajoute avec un regret naïf: « Cette portion de l'humanité était bonne au moins à réveiller l'industrie, à payer des impôts, et à fournir des hommes qu'un gouvernement plus doux aurait ramenés à la véritable croyance.» (Hist. de Ferdinand et d'Isabelle, tom. I, p. 109-338. Paris, 1796.)

répandus, les Juifs, dit-il, se livraient au travail avec zèle; ils conservaient un saint respect pour la métropole qui renfermait le temple du Dieu Très-Haut; mais ils ne se montraient pas moins attachés à leur nouvelle patrie qu'au séjour de leurs ancêtres. Combien, en effet, serions-nous coupables de ne pas payer de réciprocité ceux qui nous permettent de vivre selon nos mœurs!..... Mais l'ambition et l'avidité de Flaccus changea leur sort. Pour se faire valoir de la multitude, il résolut d'opprimer les Juifs.......... Les Egyptiens séchaient d'envie, ce vice qui leur est naturel, soit à cause des succès des Juifs, soit à cause des faveurs que les empereurs leur avaient accordées, soit par une antique haine. Ce n'était point la classe éclairée et juste de la nation, mais cette multitude oisive, paresseuse, qui ne s'occupe qu'à parler, qu'à médire et à enfanter des calomnies...... On commença par l'outrage; on voulut ensuite les obliger à des choses contraires à leur culte et inutiles à l'ordre public, à recevoir dans leurs assemblées religieuses la statue de l'empereur...... Bientôt Flaccus publia un édit violent, leur ôta le droit de se défendre, les condamna de prime abord; et, ce qui est le dernier terme de la tyrannie, il réunit en lui les divers rôles de dénonciateur, d'ennemi, de témoin, de juge et d'exécuteur.

Enfin les Juifs furent forcés dans leurs domiciles et dans leurs ateliers; on les depouilla de tous leurs biens, on les traita comme les habitans d'une ville prise d'assaut...... Mais ces rapines étaient moins fatales encore que la destruction complète de toute industrie : plus de sûreté dans les transactions; le Juif, livré à l'agriculture, à l'état de pilote, de commerçant, d'ouvrier, ne peut continuer ses travaux ordinaires...... Bien plus, la pauvreté pesante que nous lèguent nos ennemis n'est pas le comble de nos infortunes; ils nous affligent de tant de manières, ils nous accablent de tant de tourmens, que celui qui veut les rapporter semble tomber dans l'exagération, et qu'on ne trouve pas des mots propres pour rendre une cruauté si inusitée 109. >>

CHAPITRE VI.

DU COMMERCE.

La position du pays destiné au peuple israélite était favorable au commerce. Il a la forme d'un quadrilatère, dont un des grands côtés à l'occident, suit, dans un espace de quarante lieues environ, le littoral de la Méditerranée. Ils pourront élever sur divers points des villes qui leur permettent de participer aux avantages de Sidon et de Tyr. Ils communiqueront par mer avec l'Égypte, l'Asie Mineure et toutes les îles de l'Archipel voisin : du côté de terre, ils seront aux portes de cette même Égypte, de l'Arabie et de la Phénicie, et à peu de distance de la mer Rouge.

Mais quel bien résulterait de cette position, si la nature de leurs lois les réduisait à un com

plet isolement? Telle est du moins l'idée qu'on s'en forme, en général; de sorte que par un double préjugé contradictoire on admet, d'une part, qu'ils ne devaient pas établir des relations avec les nations étrangères; d'autre part, qu'ils étaient libres d'user contre elles dans leurs relations de tous les moyens, même les plus reprochables.

Ce dernier préjugé surtout leur a causé d'autant plus de maux, que l'état cruel dans lequel ils ont si long-temps été retenus a fait regarder comme une conséquence de leurs lois, des effets qui n'étaient que la conséquence naturelle de cet état même.

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Voici les lignes du texte qui ont donné lieu à l'erreur: « Tu ne prêteras point à intérêt à ton frère, ni argent, ni vivres, ni quoi que ce soit; tu prêteras seulement à l'étranger forain (nocri) » ; qu'il faut bien distinguer de l'étranger habitant (guer), affilié ou non au peuple hébreu.

Le mot employé à la place d'intérêt par la plupart des traducteurs qui ont écrit : « Tu ne prêteras point à usure à ton frère, mais à l'étranger », est donc absolument impropre.

« Le mot nechech qu'on a traduit par celui d'usure, dit l'assemblée des soixante - onze docteurs et notables réunis à Paris, a été fort

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