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du doute? à moins qu'on ne suive les traces de la Vulgate qui substitue à ces mots du texte : « Tu tireras tout le dixième de ton revenu de cette année», ceux-ci : « Tu sépareras une autre dîme des biens qui te seront survenus en ce temps là.» Si le législateur avait eu l'intention qu'on lui prête, n'aurait-il pas trouvé les mots pour l'exprimer, et aurait-il répété cette loi de la manière suivante: «< Quand tu auras achevé de retirer tout le dixième de ton produit en la troisième année qui est l'année du dixième, tu le donneras au lévite, à l'étranger, à l'orphelin et à la veuve ; ils en mangeront dans tes villes et ils seront rassasiés. Et tu diras à la face de l'Éternel ton Dieu : J'ai emporté de ma maison ce qui était sacré, je l'ai donné selon tes commandemens, je n'en ai rien ôté pour quelque usage que ce soit : O Jéhovah! regarde-nous donc de ta sainte demeure et bénis le peuple d'Israël 26. »

Dans ce partage du dixième de la troisième année, supposons que le lévite ait le tiers à lui seul ou le trentième des produits, il s'ensuivra que, dans chaque période de sept ans, sa tribu restera une année sans rétribution; qu'elle obtiendra quatre fois le dixième et deux fois le trentième, en tout, quatorze trentièmes, ou quinzième environ, au lieu de la dîme: et

* Joseph Scaliger avait déjà jugé que la dîme de la troisième

comme les lévites sont obligés d'offrir euxmêmes la dixième partie de ce quinzième à l'Éternel, il se réduira au dix-septième

Mais le grand-sacerdote obtiendra-t-il et dépensera-t-il, selon ses caprices, avec les autres sacerdotes le dixième du quinzième ou la cent cinquantième partie des productions du pays, outre les oblations et les sacrifices? la chose est impossible: cette disposition serait hors de toute mesure : ceux qui l'ont ainsi présentée ont confondu le ministre avec le ministère, et ont fait des rapprochemens inexacts entre les Hébreux et les autres peuples.. Leur temple offre un caractère éminemment politique; il renferme l'enceinte destinée au culte de la loi, le portique où s'assemble le sénat, et les chambres du Trésor. L'homme qui consacre quelque chose à Jéhovah, ne destine pas cette chose au sacerdote en personne; mais il peut se servir de son ministère pour la faire passer dans le trésor sacré, qui n'est pas autre que le trésor national. Ainsi ce n'est point à ce sacerdote lui-même qu'ap

année ne diffère pas de la première dime. Dans une période de sept ans, on la portait, dit-il, à Jérusalem la première, la seconde, la quatrième et la cinquième année, et on la remettait aux lévites alors en service; mais dans la troisième et la sixième année l'habitant l'enfermait dans ses greniers pour la livrer ensuite aux lévites, aux veuves, aux orphelins et aux étrangers (De Decimis, dans la collect. des Critiq. sacr., au chap. xxvi du Deut., p. 211).

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partient toute l'offrande de la cent cinquantième partie des productions, mais à Jéhovah : sur cette offrande une somme doit être prélevée pour toutes les familles d'Aaron; le reste rentre dans le Trésor dont je parlerai bientôt et dont le sénat règle l'emploi.

Une foule de circonstances d'ailleurs tendaient à diminuer le dix-septième accordé aux lévites. Chaque citoyen, marquant lui-même leur portion, fera pencher de son propre côté la balance : que de fois même la loi sera tout éludée! Les règlemens du roi Ezéchias qui s'écriait : « Donnons leur part aux sacerdotes et aux lévites, afin qu'ils prennent courage pour remplir leurs fonctions 27, » prouvent que le dixième fut toujours très-irrégulièrement payé : et le prophète Malachie qui tonne contre les sacerdotes de son temps, censure aussi la négligence du peuple à s'acquitter d'une dette d'autant plus sacrée qu'il jouit de la portion de terre qui appartient de droit à la tribu fonctionnaire, et qu'il l'oblige à courir après un gain illicite 28.

Si une ou plusieurs tribus s'abandonnent à l'idolâtrie, les enfans de Lévi perdront aussitôt leur revenu, comme il arriva sous le règne de Jeroboam, où les lévites remplacés dans plusieurs villes par les prêtres des idoles se réfugièrent à Jérusalem, n'emportant ni fonds ni

pour

fruits. Enfin les expressions même de Moïse les recommander aux autres tribus, prouvent qu'il n'eut jamais la pensée de les élever en richesses et par une injuste faveur au-dessus d'elles. « Le dixième de la dîme offert par les lévites à Jéhovah sera considéré comme le revenu de leur aire et de leur cuve. Tu iras dépenser un dixième de ton revenu dans la ville capitale, avec ta famille et avec le lévite qui demeure dans ta ville. N'abandonne pas au moins ce lévite; car il n'a ni portion ni héritage comme toi 3o. » De même une particularité dans l'établissement des sacerdotes a déjà garanti la pureté de ses intentions : ses deux propres fils restèrent simples lévites. Sous le règne de David on ne les voit que portiers du temple 3.

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Ce n'est pas tout essayons une espèce de contre-épreuve; supposons que Moïse ait formé le dessein de faire dominer injustement le sacerdoce outre qu'il n'eût pas privé sa postérité des avantages qu'il lui préparait, aurait-il commencé par lui enlever la force que donne la grande propriété? l'Égypte lui servait d'exemple; lui aurait-il enlevé la force militaire? en Egypte, en effet, la caste des guerriers était, sous certains rapports, dévouée à la caste sacerdotale, parce qu'elle avait des priviléges particuliers à la conservation desquels elle sacrifiait

sans peine les intérêts des castes inférieures. Chez les Hébreux au contraire, sénateurs, princes des tribus, guerriers, juges, prophètes, tous ceux en qui résidait la puissance active n'avaient pas été plus amplement partagés que le reste des citoyens ; leurs biens étaient soumis aux mêmes conditions, aux mêmes charges, et leurs fonctions ne se transmettaient pas par hérédité. Enfin leur aurait-il enlevé la force des illusions? et ce point est capital. Dans l'Inde et en Egypte, le dogme de la transmigration des âmes appuyait merveilleusement le sacerdoce. Un homme à qui l'on proposait de passer après la mort dans le corps d'un animal immonde ou d'un être parfait, se laissait aisément subjuguer. Rien de semblable dans la loi hébraïque. Le sacerdoce publiait à la face de tous cette loi, dont le but n'était que la prolongation de la vie, l'abondance, la population, la justice et la paix. Les moyens pour obtenir ces faveurs avaient reçu la sanction générale; ils devaient être gravés sur toutes les portes et dans tous les cœurs. Il faudrait donc avouer que la conception de Moïse eût été des plus singulières. Il dépouillait son sacerdoce de la force de la propriété, de la force militaire, de la force des illusions! Que lui laissait-il? la force de la loi; l'utilité qu'il offrait dans l'état actuel du pays, à part les abus iné

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