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dit la loi, on publiera que tout homme reprenne sa possession et retourne dans sa famille. En conséquence, lorsque vous ferez quelque vente ou quelque achat de biens-fonds, vous fixerez le prix en raison du nombre d'années qui se sont écoulées depuis la dernière année jubilaire 16. » A des époques périodiques l'équilibre sera donc rétabli parmi les citoyens cet équilibre auquel le prophète Isaïe ajoutait une si grande importance, que, voyant éluder la loi, il s'écriait : « Malheur à vous qui joignez maison à maison et qui approchez un champ de l'autre, de manière à absorber tout le terrain et à vous rendre seuls possesseurs du pays! Jéhovah dit: Vos maisons vastes seront désolées, vos palais resteront sans habitans 7. »

Aux yeux du législateur, cette disposition jubilaire avait l'avantage de prévenir quelques unes des conséquences du fait déjà expliqué dans le Décalogue, d'après lequel les enfans ont toujours à souffrir des désordres de leurs pères: nne partie de la propriété leur revenait inévi

* Les mêmes vues firent proposer à Rome la loi Licinia (l'an 366 avant notre ère), en vertu de laquelle aucun particulier ne pourrait posséder plus de cinq cents acres de terre (sept cent cinquante arpens environ). Mais tout l'ensemble de la législation s'opposait à ce qu'elle fût admise; et, malgré les efforts des Gracques, elle ne reçut jamais exécution. Tous les législateurs de la Grèce imaginèrent des lois analogues.

tablement. Les

pauvres,

loin d'avoir de la pro

pension à troubler l'État, soutiendront une loi pleine de sollicitude pour eux et qui doit les ramener au bout d'un certain nombre d'années au niveau de leurs frères. L'économie agricole sera forcée de se livrer à d'utiles calculs, pour établir dans les contrats des proportions variées, selon le nombre d'années qui restent à s'écouler jusqu'au jubilé. Enfin, soit qu'on garde sa propriété, soit qu'on la transmette à un autre, il n'y aura jamais dans le pays d'Israël des propriétaires oisifs, ni des terrains incultes, ni la misère héréditaire auprès de l'opulence, ni un vain luxe des domaines, ni le faux éclat de Babylone; le plus riche et le plus pauvre, l'homme en réputation et l'homme obscur, le citadin et l'ha-bitant des campagnes auront également à cœur de fertiliser leurs champs, de ne pas laisser dépérir l'héritage de leurs pères.

Mais une foule d'objections, surtout la difficulté d'exécuter la loi, vont aussitôt se présenter à l'esprit du lecteur. Qu'il ne s'y arrête pas pour le moment et qu'il ne considère que la chose elle-même, afin d'y découvrir une nouvelle preuve de la vérité de ce principe : que selon la nature des circonstances et des gouvernemens, des lois en apparence semblables ont souvent un but opposé.

Les partisans modernes de l'inégalité politique, des propriétés inaliénables, des substitutions qui conservent à perpétuité dans une même lignée une masse plus ou moins grande de biens-fonds, se sont déclarés jusqu'à ce jour les plus zélés défenseurs des textes sacrés. Mais dans la législation de Moïse, les terres inaliénables étaient également répandues dans toutes les familles; mais en passant d'un père à ses enfans elles se divisaient et se subdivisaient à l'infini; mais elles furent établies pour empêcher que les uns se rendissent à toujours les maîtres du pays, aux dépens des autres; de sorte que cette institution imaginée en faveur de l'égalité, repose évidemment sur le principe qui exige aujourd'hui que les terres soient mobilisées, autant que faire se peut, afin qu'elles aient comme les personnes leur genre de liberté*.

Le prophète Osée n'exprima pas en termes moins énergiques qu'Isaïe son indignation contre les violateurs de cette loi. « Les princes de Juda ne se sont occupés qu'à transporter des bornes pour agrandir leur héritage; je répandrai ma colère comme un torrent, dit l'Éternel, je serai

* Par ce moyen, la grande et la petite propriété se composent et se décomposent sans cesse selon les besoins; et le même champ participe, dans un certain cercle d'années, au bénéfice de la petite” et de la grande culture.

pour eux comme un lion qui tombe sur sa proie, et je rentrerai dans ma demeure, jusqu'à ce qu'ils se reconnaissent coupables et qu'ils cherchent ma présence 18. »

Tel est donc le jubilé mosaïque, que l'Église romaine a imité, quand elle a fondé ses époques jubilaires. Mais les différences qui existent entre les deux doctrines se répètent dans les deux institutions. En Israël, il s'agit de la liberté, de l'égalité temporelles, tandis que l'autre jubilé se rapporte à la délivrance des âmes placées sous le joug du péché, et à l'égalité de béatitude dont jouiront les élus dans le monde invisible.

par

La confusion produite par la captivité de Babylone ne permit ensuite que de satisfaire d'une manière incomplète à cette loi. L'influence étrangère et les discordes intérieures finirent la faire tomber totalement en désuétude. Sous son empire, l'étranger affilié depuis le partage des terres était obligé d'épouser une fille héritière, pour acquérir à ses enfans la propriété perpétuelle. Mais la propriété des maisons sises dans les villes entourées de murailles s'obtenait bien plus aisément; et l'on aperçoit déjà en cela l'esprit sociable et hospitalier du législateur, qui, après avoir répondu aux besoins de l'époque, fit une exception im

portante, pour assurer dans les grandes villes des habitations fixes, non seulement aux citoyens de toutes les tribus que l'industrie ou le commerce y attireraient, mais aux étrangers en général. La loi en effet veut qu'au bout d'un an, à dater de la vente, ces maisons ne soient plus soumises ni au droit de rachat ni au droit jubilaire 19.

Si le respect de la propriété est un des caractères d'un pays libre, on aperçoit donc à travers ces différentes lois, le dessein arrêté du législateur de mettre cette propriété, autant qu'il dépendait de lui, à l'abri des usurpations de la puissance; et certes, peut-on terminer ce sujet, par une déclaration de principes plus. frappante que le terrible anathème qu'attira sur la tête du roi Achab, l'odieux abus qu'il fit de son autorité, pour s'emparer de la vigne d'un citoyen. Voulant former un jardin près de son palais, il appela Naboth et lui dit : « Vends-moi ta vigne, je t'en prie, ou pour de l'argent, ou pour une vigne meilleure? - Ni l'un ni l'autre : c'est l'héritage de mes pères, je veux le garder. » Mais la méchante Jézabel, femme d'Achab, ayant séduit des témoins et les juges, fit condamner Naboth à mort, et le roi s'associa au meurtre en usurpant la vigne fatale. A cette nouvelle, le prophète Élie ac

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