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Hébreux, à l'heure même de leur établissement, aient eu ce que les peuples les plus policés n'ont obtenu qu'avec tant de peine, le plan de leur pays, le cadastre de la propriété publique?

On ne doit pas s'en étonner : ils sortaient d'Égypte, où l'arpentage, comme le dit M. Girard dans son Mémoire sur les mesures agraires des anciens Égyptiens, était une des principales fonctions des prêtres. Parmi les livres hermétiques, il y en avait deux consacrés à la description détaillée de ce royaume et du cours du Nil; c'était, à proprement parler, une espèce de cadastre, dont les prêtres étaient dépositaires ".

Telle est la loi sur la division des terres. Pour ce grand acte politique, le législateur se trouva dans une position d'autant plus avantageuse, que le peuple hébreu ne possédait encore rien sur le sol à partager. Aussi Lycurgue, dont la législation, toute célèbre qu'elle est, le cède en tout point à celle de Moïse, fit une chose plus difficile, quand il obtint des Lacédémoniens établis, qu'ils rapporteraient tous leurs biens à la masse commune *.

* Mais Lycurgue suivit un autre principe que Moïse; il divisa le district de Sparte en neuf mille portions, le reste de la Laconie en *trente mille; chaque portion fut donnée à un chef de famille; elle ne se partageait pas, elle passait tout entière au fils aîné.

Mais l'égalité du partage ne peut durer longtemps. Les terres fructifieront avec rapidité dans certaines mains, tandis que d'autres les laisseront dépérir: ceux-ci seront forcés d'aliéner leur héritage; ceux-là pourront l'agrandir sans mesure. Afin d'y remédier et de retenir les agglomérations des propriétés dans des bornes proportionnées aux besoins politiques de l'époque, Moïse prescrivit les lois suivantes.

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Un écrivain religieux que j'ai plusieurs fois cité, surtout parce qu'il veut convaincre Voltaire, disait, il y a plus de soixante ans, avec une vérité prophétique : « Oui, Monsieur, les grandes propriétés sont un des fléaux de l'agriculture. Qu'on ouvre les yeux sur la plupart des gouvernemens modernes ou qu'on les jette sur l'histoire des anciens empires, on en trouvera partout la preuve......... Diviser les fermes, multiplier les ateliers rustiques, c'est le seul moyen de peupler les campagnes et même les villes c'était le principe de Moïse. On aura beau s'agiter, calculer, systématiser, il faudra toujours en venir là "*. »

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Mais les moyens auxquels ce législateur eut recours doivent être considérés plutôt sous le

rapport du but qu'il se proposait que dans leur propre nature; ils offriraient sans contredit de graves inconvéniens hors des circonstances qui les lui dictèrent. Que voulait-il? des limites à l'inégalité que craignait-il? la formation des castes semblables à celles de l'Égypte, qui commenceraient à acquérir d'une manière légale les propriétés des plus petits citoyens, qui s'en empareraient ensuite, soit par force soit par adresse, et se rendraient les maîtres de tout le pays. On prévoit dès lors ce qu'il fit; il permit la circulation des terres, mais en la soumettant à des règles par lesquelles les agglomérations constantes des propriétés deviendraient impossibles; et il reconnut que si le citoyen était libre de disposer durant toute sa vie, et même pour quelque temps après, du patrimoine que ses aïeux avaient reçu de la nation, il ne pouvait pas s'en défaire d'une manière absolue et empiéter sur les droits de ses descendans.

Lorsqu'un homme voulait aliéner sa propriété, le plus proche parent jouissait de la faculté de s'en charger préférablement à toute autre personne, aux mêmes conditions. Refusait-il? on vendait à autrui en se réservant le droit de rachat pendant une ou plusieurs années, ou bien en y renonçant pour tout le temps que l'effet de l'aliénation pouvait légalement durer 13.

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Dans tous les cas, le contrat se passait en public et devant les magistrats. Le plus proche parent renonçait hautement à son droit, et l'acquéreur prenait à témoin les anciens et lé peuple. « Vous êtes témoins, aujourd'hui, s'écria Booz époux de Ruth, que sur le refus de celui qui a le droit de retrait lignager, j'acquiers de la main de Nohémi tout ce qui appartient à Eli-Melech, son mari, et à ses deux fils, tous défunts. » Le peuple et les anciens répondirent: «Nous en sommes témoins 14. >>

Plus tard, on écrivit l'acte en double; les témoins apposaient publiquement leur seing; l'une des copies était roulée et cachetée, l'autre restait ouverte. Ainsi en usa Jérémie lorsqu'il acquit le champ de son cousin-germain, qui l'avait prié d'user du droit de proche parent 15.

Mais, excepté pour les maisons sises dans les villes closes, toute vente était dissoute de droit en l'année jubilaire, ainsi nommée, soit du mot iobel, qui indique la corne de belier dont on se servait en façon de trompette, pour en faire la publication, soit du mot iabal, qui veut dire, il a apporté; parce qu'elle apportait à chaque citoyen la joie de rentrer dans son héritage, et à chaque serviteur, comme on le verra dans la suite, sa liberté.

" Dès

que

la cinquantième année sera arrivée,

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