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esprit et sa propre conscience, les faits positifs des raisons d'une autre nature ainsi, après avoir dit que ce législateur était instruit de toute la sagesse divine et humaine dont un grand et noble génie peut être orné, Bossuet ajoute : << L'inspiration ne fit que porter à la dernière certitude et perfection, ce qu'avaient ébauché l'usage et les connaissances du plus sage des empires 20.

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Dans le vingtième siècle avant notre ère, suivant la chronologie comparée du texte sacré, de Manéthon et des monumens, une famille de bergers, originaire de l'Arabie ou de la Chaldée, avait quitté le pays de Canaan, voisin de la Phénicie, pour se transporter en Égypte. Elle comptait parmi ses ancêtres Héber*, d'où lui vient le nom d'Hébreux, et le patriarche Abraham, célèbre dans toutes les contrées orientales. Un de ses membres, appelé Joseph, avait été élevé, par un concours de circonstances singulières, au rang de premier ministre de ce royaume. Le pharaon, c'est-à-dire le roi, quatrième monarque de la dynastie des pasteurs, qui, après avoir violemment subjugué

* Le mot hébreu eber signifie au-delà ; l'on a dit que ce nom lui avait été donné parce qu'il venait d'au-delà l'Euphrate; ou bien, en mettant son séjour en Arabie, parce qu'il venait de l'Ethiopie, qui est au-delà de la mer Rouge.

l'Égypte, cherchait à y consolider sa domination, les accueillit avec bienveillance *, et leur assigna pour demeure la terre de Goscen, située entre les branches les plus orientales du Nil, et fertile en pâturages. Là, les Hébreux conservèrent le culte de leurs pères, qui avaient adoré un Être infini et unique, qu'aucune forme ne peut représenter; et leur postérité, jouissant de l'abondance et de la paix, s'accrut dans la progression la plus étonnante. S'ils ne s'allièrent pas avec les habitans du pays, ce n'est pas eux-mêmes qu'il faut personnellement accuser, car ils avaient contracté des mariages avec d'autres peuples": la cause en est surtout dans l'espèce d'horreur que le vulgaire égyptien manifestait contre les étrangers 2.

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Plusieurs siècles s'étaient écoulés, lorsque le retour des anciennes dynasties changea leur sort. Une politique cruelle s'appesantit sur eux; et les priva à la fois de toute protection intérieure, et de la faculté de retourner dans leur première résidence. «< Agissons prudemment, dit-on dans le conseil des nouveaux pharaons, de peur qu'ils ne se multiplient, et que s'il arrivait quelque guerre, ils

* Ce n'est pas à cause de leur qualité de pasteurs qu'il les reçut, car il semble que Joseph ne l'en avertit que lorsqu'ils furent en Égypte. (Gen., xlvi, 32.)

ne se joignissent aux ennemis, ou ils ne quittassent malgré nous l'Égypte 23. »

On les arracha donc à leurs foyers; on les condamna à la servitude, aux travaux les plus durs, à bâtir péniblement des villes, parmi lesquelles Rahamsès et Pithom. Enfin, pour réduire leur nombre, sans se priver des avantages qu'ils procuraient, on ordonna que tous les mâles nouveau-nés seraient pendant quelque temps voués à la mort.

Dans ces malheureuses circonstances, vers le milieu du seizième siècle avant notre ère, Jocabed, femme d'un Hébreu nommé Amram, donna le jour à Moïse. Trois mois entiers sa naissance resta secrète; mais dans la crainte de ne pouvoir le dérober plus long-temps aux recherches, sa mère préféra le confier aux flots du Nil, que de le voir tomber entre les mains de ses bourreaux. Elle enduisit de bitume une petite corbeille de jonc, et le déposa, sous la surveillance de sa jeune sœur, parmi les roseaux qui bordaient le rivage. La fille du pharaon, suivie de ses femmes, alla se baigner de ce côté; elle découvrit la corbeille, et l'ayant fait ouvrir, elle fut attendrie à l'aspect d'un enfant très-beau, qui lui tendait les bras en pleurant. « Je ne t'abandonnerai pas, dit-elle; tu seras mon fils, et tu porteras:

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le nom de Moïse, parce que je t'ai tiré des eaux 4 » ; et comme la sœur de l'enfant s'approcha aussitôt pour lui proposer une nourrice, elle confia son allaitement à Jocabed, sans savoir qu'elle était sa propre mère.

Le jeune Hébreu grandit parmi les hommes les plus savans et les plus puissans de l'Egypte. Initié à leurs mystères, il s'empara de leurs connaissances; témoin du mécanisme de la cour, il apprit comment elle en imposait au vulgaire; entouré de tous les genres de séduction, il n'oublia pas un seul moment que ses frères étaient opprimés. Mais tandis que sa réputation de sagesse grandissait avec lui et s'étendait au loin 25 son origine, la tendresse de la fille du roi, et l'indépendance naturelle de son caractère lui suscitèrent les ennemis les plus redoutables.

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Josèphe raconte que durant son enfance le pharaon, le tenant dans ses bras, lui posa son diadème sur la tête; Moïse l'arracha soudain, le jeta à ses pieds et le foula. Long-temps après, les Éthiopiens battirent les troupes égyptiennes et menaçèrent Memphis. Dans l'effroi général, Thermutis, sa mère adoptive, proposa de lui donner le commandement de l'armée. Il vainquit les agresseurs, les assiégea jusque dans leur capitale et conclut un traité des plus avantageux. Mais, loin de lui valoir la reconnais

sance de la cour, sa fortune accrut la haine de ses ennemis, surtout des prêtres égyptiens qui firent entendre au roi, que les talens et la popularité de cet homme pourraient devenir fatals à sa puissance, si l'ambition s'emparait jamais de son cœur

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Quelle que soit la foi qu'on ajoute à ces assertions, il est certain que le pharaon dont la fille avait peut-être cessé de vivre, ou qui était luimême nouvellement couronné, changea à son égard, et qu'on ne chercha plus qu'une occasion de le perdre. D'après les monumens *, Ramessès-Meïamum ou ami d'Ammon, le quatrième roi du nom de Ramsès, était monté sur le trône, l'an 1559, cinq ou six ans avant la naissance de Moïse; il mourut en 1493; l'Hébreu aurait compté dans ces jours-là soixante ans qui, calculés suivant le rapport qui existe entre quatre-vingts ans, belle vieillesse pour notre époque, et cent vingt qu'on obtenait fréquemment alors, produisent quarante années. Mais ce fait était reconnu dans les derniers temps de la république des Juifs, qu'il n'avait, quand la colère du roi éclata, que quarante ans "7, correspondant à vingt-cinq ou trente de notre

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* On peut voir dans la Notice chronologique que M. Champollion Figeac a ajoutée aux Lettres de M. Champollion le jeune, son frère, l'important tableau des dates fournies par les monumens.

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