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chefs de la maison de Jacob, conducteurs du peuple, qui avez le jugement en abomination et qui pervertissez tout ce qui est droit : on bátit Sion de sang et Jérusalem d'injustices. Ses chefs, semblables à des loups qui ravissent leur proie, ne jugent et n'administrent que pour des récompenses; ses sacerdotes n'enseignent que par intérêt; ses prophètes ne parlent que pour de l'argent; puis ils s'appuient tous sur Dieu, en disant Dieu n'est-il pas parmi nous! 108. »

Enfin, c'est toujours dans le même sens que les prophètes bien inspirés prêchent le peuple; pour le triomphe de la loi sur l'arbitraire; du désintéressement sur l'avidité; de la liberté sur la servitude, qu'ils déploient une véhémence sans mesure; car leur imagination bizarre et fougueuse franchit en un clin d'œil et la terre et les cieux, pour y puiser les images les plus propres à frapper les esprits, et à communiquer leur enthousiasme *.

L'étranger, établi en Israël, pourra-t-il prophétiser? Oui, pour l'étranger affilié et le fils d'un étranger et d'une femme israëlite: celui qui n'est pas affilié ne prophétisera point, ne

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Quelquefois ils avaient recours à des formes dramatiques réelles. Tel est Jérémie paraissant sur la place publique avec un joug sur le cou, pour exprimer qu'on n'échapperait pas au joug des Chaldéens.

censurera point les actes publics, ne prescrira rien au nom de Jéhovah, par la raison qu'il ne reconnaît point légalement ce Dieu, ni sa voix, qui est la loi de l'État; mais il donnera en son nom privé des conseils, il fera des propositions, il adressera des reproches. Simple passager parmi les Hébreux, Jéthro, prêtre de Madian, qui n'est fils ni d'un homme ni d'une femme israëlite, communique une proposition au législateur; et cette proposition ayant été trouvée bonne, passe pour parole de Dieu, c'est-à-dire, parole excellente 1o9

Telles sont dans toute leur simplicité les fonctions politiques des prophètes. Mais après avoir reconnu la nécessité des sentinelles courageux, le législateur fit quelques lois répressives et non préventives, qui servent de développement à ce précepte du Décalogue : «Vous ne prendrez point en vain le nom de Jéhovah. >>

Trois chefs principaux d'accusation peuvent être dirigés contre tout prophète : s'il parle au nom des dieux inconnus ou étrangers; car celui qui les invoque est censé renoncer aux principes de l'unité nationale, mettre le particulier au-dessus du général, proscrire l'égalité politique, la liberté, la loi : or il n'existe ici aucun sujet d'équivoque; tout orateur connaît le nom

sous les auspices duquel on doit se faire entendre. Lorsqu'il avance des choses matériellement fausses ou contraires à la loi; ce second chef correspond à celui qu'on dirigeait à Athènes contre les orateurs publics, sous le nom d'accusation par illégalité *. S'il a annonce avec assurance des événemens qui ne sont point arrivés; car sa parole pouvait abuser le peuple, le conduire à de fausses démarches; surtout le rendre insensible à la voix d'autres hommes plus sages que lui mais il était d'autant plus facile au prophète d'éviter cette faute, que rien ne l'obligeait à préciser les époques. « L'Hébreu qui aura parlé fièrement, sans raison, sans lumières, par ambition ou par vanité au nom du Dieu d'Israël, et aura dit des choses qu'il ne lui a pas commandé de dire, et celui qui parlera au nom d'autres dieux, sera puni. Si tu demandes comment on reconnaît la parole que Jéhovah n'a point dite? Quand la chose avancée par le prophète ne sera point ou n'arrivera point, il aura parlé fièrement, et tu n'auras aucune crainte de lui 10 >>

Personne n'avait le droit d'exiger d'un homme qui s'annonçait comme prophète, disent Maimo

* Celui qui proposera une loi contraire à l'intérêt public sera mis en jugement (Lois athéniennes, de Samuel Petit, chap. 1v).

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nide et les docteurs, qu'il fit quelque signe ou miracle semblables à ceux de Moïse, ou d'Elie; mais sa conduite ultérieure faisait asseoir sur

son compte un jugement

III.

Toutefois un orateur peut, sans le vouloir, avancer des faits inexacts; il peut avoir mal entendu la parole de vérité alors il rentre sous la protection de la loi générale que j'ai citée, et d'après laquelle on ne doit pas appliquer les peines à celui qui tombe en faute par ignorance, qu'il soit pontife, ancien du peuple, magistrat ou simple particulier.

Les trois cas que le législateur détermine étant fondés sur des dispositions précises, laissent au prophète une liberté absolue. S'il s'écarte du droit, il est accusé par les citoyens ou par les magistrats, et conduit pour se défendre devant le sénat et toute l'assemblée du peuple. Citons un exemple.

Jérémie, irrité des illégalités qu'il voyait commettre, s'éleva long-temps contre les rois, contre les chefs, les sacerdotes et le peuple. Ensuite il se transporta dans les parvis du temple pour haranguer les citoyens des villes de Juda qui accouraient s'y prosterner; « Jéhovah dit ceci : Vous ne m'écoutez point quand je vous commande de rester fidèles à la loi qui vous a été proposée, vous ne vous détournez

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point de votre fausse route; je détruirai cè temple de fond en comble, et je livrerai cette ville à la malédiction de toutes les nations de la terre. >>

que

A peine ces terribles paroles furent prononcées, les sacerdotes, les autres prophètes et le peuple se saisirent de lui. Le bruit s'en répandit aussitôt; le peuple s'assembla, et les anciens de Juda allèrent s'asseoir à l'entrée de la porte neuve du temple, où le grand-conseil tenait ses séances ils accordèrent la parole aux sacerdotes et aux prophètes accusateurs, qui, s'adressant au tribunal et au peuple, leur dirent : « Cet homme mérite d'être puni; il a prophétisé d'affreux malheurs contre cette ville. » Ce fut le chef d'accusation. « Comme vous l'avez tous entendu de vos oreilles. » Ce fut le témoignage. L'accusé leur répondit : « Le Dieu d'Israël (or on sait maintenant que le droit hébreu oblige tout orateur à s'exprimer ainsi) m'a envoyé prophétiser contre cette ville, et vous annoncer des malheurs afin de vous faire changer de conduite, de corriger vos actions, de vous rendre dociles à sa voix. Quant à moi, je suis entre vos mains; traitez Jérémie comme il vous semblera bon et juste; mais sachez qu'en me condamnant vous frapperiez l'innocence. »

Après ce plaidoyer laconique, l'opinion se

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