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plusieurs fois chaque année. Enfin, lorsque le sénat supérieur avait répondu à leurs réclamations, ils étaient tenus de se soumettre à une juridiction suprême, destinée à maintenir l'équilibre entre toutes les parties de l'État. Quand la loi sur le partage des terres eut été promulguée, les anciens de la tribu de Manassé décidèrent qu'un article accessoire de cette loi n'était pas convenable. Ils s'adressèrent à Moïse et aux anciens d'Israël, et leur dirent : « Jéhovah vous a commandé les choses qui nous ont été proposées; mais observez que l'exécution d'une de ces choses causerait du désavantage à tous, et à nous en particulier. » Aussitôt, Moïse et. les anciens cherchèrent de nouveau ce que Jéhovah voulait, et firent cette réponse : « L'observation de la tribu de Manassé est juste; c'est pourquoi Jéhovah ordonne ce qui suit ..... »

Qui ne connaît la tragique histoire du lévite d'Éphraïm et les malheurs qu'une opiniâtreté criminelle attira sur la tribu de Benjamin!

Un lévite voyageant avec sa compagne s'arrêta au coucher du soleil dans la ville de Guiba. Un seul homme, craignant Dieu, lui offrit l'hospitalité mais ils étaient à peine assis pour le repas du soir, que les gens de la ville, corrompus et farouches, entourèrent la maison et s'emparèrent de la jeune femme, qu'ils ne lais

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sèrent aller qu'à la première aube. Elle se traîna jusque sur le seuil de la porte et mourut. Au matin, le lévite chargea le cadavre sur son âne, et à peine arrivé dans sa demeure, il le coupa en douze parts, qu'il enyoya aux douze tribus. A cet horrible message, un seul cri s'éleva : « Non, jamais rien de semblable n'a été fait ni vu depuis que les enfans d'Israël sont montés du pays d'Égypte; anciens du peuple, pensez cela, consultez entre vous et prononcez. »>

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Or tout le peuple, depuis Dan jusqu'à Beerzabée, fut assemblé, comme si ce n'eût été qu'un seul homme; et il s'y trouva de toutes les tribus, hors celle de Benjamin, quatre cent mille hommes capables de se servir de l'épée.

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Qu'on nous raconte à haute voix comment ce malheur est arrivé », dirent les anciens, et le mari de la femme violée raconta la chose. Aussitôt le peuple fit serment que personne ne rentrerait dans sa maison ou sous sa tente

avant que Guiba ne fût punie.

Mais comme cette ville appartenait à la tribu de Benjamin, et que ni les citoyens, ni les anciens de cette tribu ne s'étaient présentés à l'assemblée générale, quoiqu'ils en eussent eu connaissance, les anciens du peuple envoyèrent des députés dans tous ses cantons, pour lui faire des remontrances et lui dire : « Voyez quelle abo

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minable action a été commise; maintenant donc il est juste que vous nous livriez les méchans hommes qui sont à Guiba, afin que nous ôtions le mal du milieu de nous. » Vains efforts: Benjamin se déclara en révolte réglée, et causa la guerre la plus désastreuse pour lui-même et pour tout Israël 85

Chaque page du Deuteronome prouve que les anciens des villes, bien distincts de leurs juges ordinaires, de leurs sacerdotes et des chefs, dirigeaient ces villes comme les anciens des tribus dirigeaient les tribus, et les anciens d'Israël, tout le peuple. Cent vingt familles de population suffisaient, au dire des docteurs, pour obliger une commune à former son conseil 86. Gédéon ayant à se plaindre de Succoth, demande à un jeune homme de lui donner par écrit le nom des princes et des anciens de cette ville : ils s'élevèrent à soixante-dix-sept personnes $7. Dans Béthulie, on voit un conseil des anciens, et trois anciens ou syndics chargés de la partie exécutive 88. L'interprétation de la loi appartenait à ces assemblées municipales, en ce qui concerne l'intérêt particulier de leurs cantons mais elles renvoyaient au conseil supérieur toutes les questions importantes 89.

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Outre leurs fonctions administrativės, ils remplissaient, comme les censeurs et le tri

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bunal domestique à Rome, comme les vieillards de Sparte et d'Athènes, les fonctions de juges des mœurs. Assis sans appareil aux portes des villes, ou à l'ombrage de quelques arbres, ils prêtaient l'oreille aux réclamations des citoyens, à l'épouse éplorée, au serviteur opprimé, au pauvre, à l'étranger, à l'orphelin et à la veuve. Si les plaintes qu'on leur adressait pouvaient être saisies par la loi, plusieurs se déclaraient les défenseurs de l'affligé. Si le sujet de ces plaintes échappait à la main de la justice, ils devenaient ses consolateurs : par leurs soins, un père rigoureux était apaisé; un fils égaré rentrait dans la maison paternelle; des familles désunies renaissaient à la paix; rarement leurs efforts étaient infructueux, car en inspirant au citoyen qui les avait chargés de sa défense, la pensée qu'Israël tout entier partageait sa peine, ils lui rendaient le courage; tandis que l'homme dont ils censuraient la conduite ou qu'ils suppliaient de revenir à de meilleurs sentimens se disait à lui-même : « Les anciens de mon peuple ne sont pas injustes, ils savent que dans quelques années j'occuperai leur place, pour juger à mon tour leurs propres enfans. » Enfin, durant les jours consacrés, la présence de ces vieillards qui écoutaient avec un respect religieux la lecture de la loi et les exhortations

des orateurs, faisait sentir aux jeunes citoyens l'importance des sujets qui s'y traitaient, et communiquait aux assemblées le caractère calme et mesuré qui convient à des hommes libres.

Ainsi se passèrent les choses durant les longues périodes de repos dont jouit Israël, en dépit des ennemis puissans dont il était entouré telle est la politique simple et forte qui imprima dans l'âme des Hébreux des souvenirs éternels, et qui, malgré les actions odieuses produites par la barbarie des âges, fait trouver encore un charme indicible dans leurs livres sacrés *.

* Homère nous peint les assemblées des peuples présidées par les vieillards. Le bouclier d'Achille les montre assis sur des pierres luisantes, et formant une enceinte sacrée : chacun d'eux, avant de parler reçoit un sceptre de la main d'un héraut. Quand la légère Iris descend chez les Troyens par l'ordre de Junon, elle trouve les vieillards environnés de la jeunesse, qui formaient un conseil aux portes du palais de Priam. A la voix du fils d'Ulysse, l'assemblée des habitans d'Ithaque se réunit, et les vieillards sont à leur tète. De toutes les manières de gouverner, celle qu'on propose aujourd'hui comme la plus raisonnable et la meilleure semblerait donc aussi la plus ancienne et la plus sacrée, sous ce rapport qu'elle aspire à prendre pour guide les lumières proportionnées aux temps, l'expérience et la probité.

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