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l'année 1807, pour que je les passe sous silence.

<< Réunis à Paris, au nombre de soixante et onze docteurs et notables d'Israël, nous nous constituons en grand-sanhédrin, afin de rendre des ordonnances conformes aux principes de nos saintes lois, et qui servent de règle et d'exemple à tous les Israélites..... Ainsi, en vertu du droit que nous confèrent nos usages et nos lois, et qui détermine que dans le sénat réside essentiellement la faculté de statuer selon l'urgence des cas, en ce que requiert l'observance desdites lois,.... nous procéderons........ Partant; nous enjoignons à tous, au nom de notre Dieu, d'observer fidèlement nos déclarations, statuts et ordonnances; regardant d'avance ceux qui les violeraient ou en négligeraient l'observation comme péchant notoirement contre la volonté de ce Dieu. C'est pourquoi le grand sanhedrin, légalement assemblé ce jour... et en vertu des pouvoirs qui lui sont inhérens.... examinant................... reconnaît et déclare................... puis statue..... enfin ordonne dans tout ce qui tient à la législation..... invite dans tout ce qui tient à la morale 63. »

Mais le sénat n'est que le conseil de la nation; il ne doit être regardé que comme la partie intellectuelle, la téte de l'assemblée générale :

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dans toutes les occasions importantes, il faut donc que ses décisions soient soumises à cette assemblée, qui, par son approbation, les change en lois. « Enfans d'Israël! s'écriaient alors les anciens, vous voici tous, délibérez entre vous et donnez votre avis 64. Si vous approuvez ce qu'on vous propose et si vous pensez que cela vienne de notre Dieu, que ce soit convenable, parlez 65 » Dans le temps même où les Hébreux demandèrent un roi, ils furent loin de vouloir porter atteinte à ces principes. « Leur chef, dit l'abbé Guénée, devait toujours gouverner la nation conformément aux lois; son autorité n'est ni despotique ni arbitraire : le sénat, formé des membres les plus distingués de toutes les tribus, lui sert de conseil; il en prend les avis dans les affaires importantes, et s'il s'en trouve qui intéressent la nation entière, la congrégation, c'est-à-dire l'assemblée du peuple, est convoquée : on propose, ils décident, et le chef exécute 66. »

Mais si, par sa position même, le grandconseil a le plus souvent l'initiative dans la confection des décrets, en droit, cette initiative appartient aussi aux assemblées des tribus. Moïse dit aux Hébreux : « En ce temps là je vous fis une proposition et vous l'acceptâtes;.... ensuite vous vîntes me proposer vous-mêmes

quelque chose qui me sembla bon, et je l'exécutai 67. » Quand nous verrons le peuple demander un roi à Samuel, ce juge protestera contre, au nom du Jéhovah, mais il ne manquera pas de céder à la volonté générale.

Le sénat fait la paix, et déclare la guerre qu'on appelait arbitraire, par opposition à la guerre contre les Cananéens, qui était réputée inévitable : quand la paix est résolue, sa décision suffit; dans le cas contraire, il faut porter la question à l'assemblée générale 68.

On sait qu'il désignait le grand-sacerdote et qu'il l'instituait de concert avec cette assemblée. Tout décret sur la taxe vient de lui *; par ses ordres, le trésor de l'État renfermé dans le sein même du temple, reçoit une destination; des villes sont bâties, le temple est réparé quand il le commande 69; à lui et aux chefs de la force publique sont confiés les registres du dénombrement, à l'exactitude desquels le pontife luimême doit veiller. Enfin, comme interprète politique de la loi, il décide, après avoir consulté la magistrature sacerdotale et conservatrice, de toutes les grandes questions de droit public, des différens de tribus à tribus, et de tous les

* Je parle plus loin des impôts que les rois firent peser sur la nation, et dont ils eurent souvent lieu de se repentir.

appels en dernier ressort; et comme haut conseil de justice criminelle, il connaît de toutes les concussions qui ont rapport à l'intérêt général, de tous les crimes de lèse-loi; de sorte que les prophètes, les sacerdotes, les chefs militaires, les sénateurs eux-mêmes peuvent être appelés devant lui et jugés à la face de l'assemblée 7o.

Mais après avoir montré la puissance du sénat d'Israël, ne dirai-je pas aussitôt les contre-poids qui devaient l'arrêter dans la ligne des intérêts communs?

Les attributions du sénat romain étaient aussi étendues; il préparait les lois; il disposait des deniers publics; il était l'arbitre des affaires des alliés; il exerçait les hautes fonctions judiciaires; il décidait de la guerre et de la paix et dirigeait à cet égard les consuls, comme les anciens d'Israël devaient diriger le prince ou, le juge. Mais la distinction aristocratique de patriciens et de plébéiens, qui produisit entre le sénat et le peuple de Rome une guerre continuelle, tantôt sourde tantôt déclarée *, n'exis

Cependant cette guerre même cut ses avantages; le besoin pour les uns de justifier les priviléges dont ils jouissaient, l'ardeur chez les autres d'y participer, excitèrent l'émulation qui fut une des sources des grandes actions que fit Rome. Dans toute chose, même les plus contraires à la vérité absolue, il y a quelque face par où elles produisent de bons effets; mais à côté sont des inconvéniens innombrables. L'opiniâtreté avec laquelle tant d'individus louent ou blâment certains actes, chérissent ou repoussent cer

tait pas chez les Hébreux; mais leur loi s'opposait à l'accumulation des propriétés foncières, dans les mêmes mains, et empêchait que le sénateur ne réunît l'influence que donne une immense fortune territoriale, à celle qu'il tenait de sa dignité.

Il ne recevait aucun salaire qui lui fît sacrifier les intérêts des citoyens à ses intérêts propres son âge et les conditions exigées pour être élu servaient de garans à son intégrité : les décrets auxquels il contribuait devaient être appliqués à sa famille, à ses amis, à lui-même. Nulle distinction particulière, nul des hochets si précieux aux peuples modernes n'avaient été inventés pour l'éblouir ou le corrompre. Hors du siége de la magistrature, il redevenait simple citoyen; et son nom d'ancien ou de père indiquait plutôt une qualité personnelle qu'une dignité. Enfin, il ne laissait à ce titre d'autre héritage à ses fils qu'une bonne réputation et son exemple à suivre, lorsqu'il avait bien rempli sa carrière.

Le conseil des sacerdotes, intéressé par sa nature même au maintien de la loi, les orateursprophètes qui censuraient sans ménagement tous

taines institutions, provient en général beaucoup moins d'un défaut de bonne foi, que de l'habitude de n'envisager la question que d'un seul côté.

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