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ne devait pas faire partie de cette assemblée : c'eût été se priver de la sanction sacerdotale; gêner sa propre liberté autant que celle du sénat. Je ne pense donc pas comme Maimonide et les docteurs, que le pontife doué d'une haute sagesse pouvait être admis 52; le fait même décide en ma faveur : Aaron, le plus célèbre des pontifes hébreux, n'y siégeait point; et j'ai déjà démontré sous quel rapport la présidence qu'on leur accorda à certaines époques fut une infraction à la constitution primitive.

Quant aux sacerdotes ordinaires renommés par leur science' et par leur sagesse, ils n'en étaient pas exclus. Mais tout en reconnaissant le principe, je suis encore forcé de combattre Maimonide et les docteurs sur la manière dont ils l'étayent, et sur ce qu'ils ont transformé en règles, divers faits qui sortent de la règle fondamentale.

Il est de précepte divin, disent-ils, qu'on élise pour le grand-conseil, outre les notables d'Israël qui offrent les conditions légales, des sacerdotes et des lévites aux mêmes conditions; et cela pour satisfaire à ce qui est écrit dans le Deuteronome (chap. xvII, 8, 9): « Quand il y aura dans tes villes quelque chose de trop difficile à juger, tu monteras au lieu où sera le temple, vers les sacerdotes, les lévites et vers

le juge d'alors; tu les interrogeras, et ils te diront ce que porte le droit 53.

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Oui, sans doute, il fallait consulter les sacerdotes comme je l'ai précédemment indiqué; mais ces hommes-là sont très-distincts de ceux qu'on appelait comme membres du conseil : ils agissaient en leur propre qualité de sacerdotes et de lévites, tandis que les autres n'étaient admis qu'à cause de leur science et de leur sagesse. La preuve en est évidente: ou le juge dont parle le verset du Deuteronome est un être collectif représentant tout le conseil, comme on s'en convaincra bientôt, ou un être personnel : s'il est collectif, les sacerdotes et lévites cités sont positivement hors de la collection; s'il est personnel, et qu'on veuille que ces sacerdotes et lévites fussent membres du sénat, il s'ensuit que tous les membres de ce sénat, moins le juge, devraient appartenir à leur tribu, ce qui est aussi loin de la pensée des docteurs que de la volonté de la loi même.

Bien plus, la suite même du texte éclaire cette discussion, qui est toute de choses et non de mots : « Tu feras de point en point selon le droit qu'ils t'auront déclaré, sans te détourner ni à droite ni à gauche; mais l'homme assez superbe pour ne pas écouter le sacerdote qui se tiendra là occupé à servir l'Eternel ton Dieu, ou

le juge, sera puni. » Voilà donc tous les sacerdotes et lévites ci-dessus mentionnés qui se perdent, pour ainsi dire, dans la personne du principal sacerdote en exercice, comme les membres du conseil se perdent dans la personne du juge : voilà, d'une part, ce principal sacerdote qui représente Aaron et sa famille ; de l'autre, ce juge qui représente Moïse et les anciens, de sorte que par ce seul fait la question est toute résolue; de sorte que le verset cité du Deutéronome ne constitue nullement une loi qui obligeất à appeler des sacerdotes dans le conseil.

Enfin, ces mêmes docteurs ont déjà reconnu qu'il y avait en Israël la couronne du sacerdoce, très-distincte de la couronne de la loi, quoique subordonnée à elle : l'assemblée des anciens était le conseil de celle-ci; on conçoit donc que l'autre eut aussi son conseil. Le roulement perpétuel des sacerdotes et lévites que le service du culte appelait à Jérusalem, entraînait, comme une chose des plus naturelles, que dans les cas douteux on réclamât l'avis de cette classe de

magistrats qui avaient pour fonctions spéciales, de conserver, de publier et de défendre la lettre même de la loi *. Moïse nous fournit encore à

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Il faut bien observer que cet avis ou cette espèce de consultation, qui ne recevait le caractère de loi qu'en passant par les mains du juge et du grand-conseil, est bien distinct de l'oracle, dont

ce sujet un fait important que nous ne devons pas négliger. Quand il quitta les Hébreux pendant quarante jours pour aller écrire le Décalogue sur le Sinaï, on croit peut-être qu'il mit son frère, grand-pontife alors provisoire, à la tête des anciens pour tenir sa place? En aucune manière : Aaron resta dans ses fonctions; mais un ancien du peuple, nommé Hur*, occupa le siége vacant: «Attendez-moi ici, leur dit-il, Aaron et Hur seront avec vous; que toute personne qui aura quelque affaire, s'adresse à eux 54. » De même l'existence matérielle des deux conseils est démontrée par ce qui arrive sous Josaphat, quatrième roi de Juda, vers l'an 890 : il rétablit un tribunal de lévites et sacerdotes, et un tribunal d'anciens à la tête de ceux-là est Amaria, le principal sacerdote; à la tête de ceux-ci Zébadia, fils d'Ismaël

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Mais j'ai avancé que le grand-conseil est très-souvent désigné dans les livres hébraïques par le nom de son président ou du juge, de la même manière qu'à Venise on appelait le sénat,

j'expliquerai plus tard les formalités. Quand le sénat et le peuple avaient pris la détermination de consulter cet oracle, il recevaient comme loi tout ce qui sortait de la bouche du grand pontife, relativement à la question proposée.

* Il est très-certain que cet homme était des anciens du peuple : les quatre fils d'Aaron, qui seuls avaient avec leur père le titre sacerdotal, sont désignés par leur nom.

prince sérénissime, en se servant de la qualification particulière au doge; et sur ce point, je n'aurai plus à lutter contre les docteurs. Lorsque les Hébreux disent qu'un homme jugea Israël, cela signifie que cet homme gouverna de concert avec les anciens : ainsi les expressions, le prince ou le juge a dit... Moïse, Samuel, Esdras a dit,...... indiquent toujours, en droit, l'accord et la volonté du sénat, lors même que des circonstances auraient empêché qu'il se fût déclaré d'une manière ostensible. Par exemple, Jéhovah donna cet ordre à Moïse dans le désert:

<«< Va en Égypte, assemble les anciens d'Israël, et leur dis: ...... ensuite tu iras, toi et les anciens d'Israël, vers le roi d'Égypte pour traiter avec lui. » Moïse obéit et les assembla; mais il est écrit que Moïse et Aaron qui lui servait comme d'interprète, allèrent vers le roi d'Égypte et lui parlèrent...... Ici, le nom des anciens est donc sous-entendu; s'ils ne se présentèrent point par le fait, en droit, leur présence fut réelle : « Tu iras, toi et les anciens d'Israël, vers le roi d'Egypte

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>> ......

De même, au retour de la captivité de Babylone, plusieurs envoyés des peuples voisins parurent devant le prince Zorobabel, et devant les chefs des pères ou les anciens pour leur faire quelques propositions : Zorobabel et

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