Oldalképek
PDF
ePub

dans l'assemblée du peuple et dans la séance des vieillards, c'est-à-dire le conseil public. Ce sont les deux parties qui composaient toutes les anciennes républiques : l'assemblée (ecclesia concio) et le sénat 43. »

A ces autorités j'en pourrais joindre une foule d'autres, nationales ou étrangères 44. Mais 'n'est-il pas plus simple de faire précéder ce que j'ai à dire sur l'organisation, les fonctions et l'histoire du conseil général de la république, et des conseils secondaires des tribus et des villes, par la récapitulation rapide des principaux passages qui, dans le Pantateuque, attestent qu'il fut une partie nécessaire de la constitution hébraïque.

:

:

On a vu qu'à peine de retour en Égypte, le législateur avait assemblé les anciens d'Israël, pour leur communiquer ses desseins et obtenir la confiance du peuple qu'au pied du mont Sinaï, il avait soumis de nouveau ses projets aux anciens que dans la première solennité, pour l'adoption de la loi et lors de l'institution des sacerdotes, il était entouré des soixante-dix anciens d'Israël. Sur l'ordre du Jéhovah, il réunit soixante-dix hommes, afin qu'ils partageassent avec lui le fardeau du gouvernement. Dans une sédition, dont je parlerai plus tard, Moïse se leva de son siége, et les anciens le suivirent 44.

1

Quand la tribu de Joseph fit des réclamations, au milieu de l'assemblée, sur une question de droit, ses propres anciens s'adressèrent à Moïse et aux anciens d'Israël45. A l'approche de sa mort, le législateur annonçant aux Hébreux ses espérances et ses craintes, s'adresse au peuple, aux magistrats et aux anciens des tribus 46, sans comprendre dans cette énumération les anciens d'Israël qui faisaient corps avec lui. Il confia le texte original de la loi, écrit tout entier de sa main, aux sacerdotes pour qu'ils le conservassent intact, et aux anciens " pour qu'ils lui donnassent les développemens nécessaires. Enfin le décret qui prescrit une solennité nouvelle, pour le serment à prêter dès qu'on serait entré dans la terre-promise, commence par ces mots : « Moïse et les anciens commandèrent au peuple 48. >>

47

Faut-il donc s'étonner qu'il n'indique pas avec précision, dans chaque circonstance, les séances du sénat, et conclure de là qu'elles n'ont point eu lieu? Non sans doute. L'ellipse des choses est un des principaux caractères du style hébraïque; de sorte qu'un seul mot, quand il s'agit surtout des principes et du droit déjà établis, entraîne toutes les idées accessoires.

Le mode général de formation est indiqué

[ocr errors]

dans les paroles suivantes : «Assemble soixantedix hommes des anciens d'Israël-que tu sauras être des anciens du peuple et du nombre de ses magistrats. -Aussitôt Moïse répéta cet ordre devant le peuple, - et il assembla soixante

dix hommes des anciens dont les noms furent inscrits 49. » Ici trois circonstances importantes se présentent il falloit pour arriver au sénat être homme du peuple, ancien du peuple, avoir été élevé par lui à quelques fonctions publiques.

:

Dès qu'il a résolu de donner à l'institution le caractère légal, Moïse fait part de ses desseins au peuple lui-même, qui avait déjà entendu et approuvé cette loi : « Prenez parmi vous des hommes savans, prudens, et de bonne renommée, et je les établirai pour chefs. >>

Enfin les candidats furent inscrits de quelle manière? le texte laisse le champ ouvert aux conjectures. Moïse inscrivit-il les hommes dont il avait apprécié lui-même la sagesse dans les conseils, et les fit-il circuler parmi les tribus, pour connaître s'ils réuniraient leurs suffrages? Mais cette interprétation aurait contre elle le principe qui investit les tribus du droit de désigner les hommes sages, et l'ordre de Dieu qui confie au législateur le soin d'assembler les anciens, et non de les choisir. Les citoyens désignèrent-ils eux-mêmes tous ceux qui possé

daient les conditions exigées, et, à cause du nombre, les noms furent-ils inscrits pour en tirer soixante-dix au sort? L'usage du sort, en effet, était fréquent dans l'antiquité, et semblait indiquer la volonté du ciel même. Enfin y eut-il cet accord entre Moïse et les tribus, qu'il instituerait les hommes déjà désignés par elles? Les talmudistes pensent qu'on prit dans chaque tribu six candidats, en tout, soixante-douze hommes: c'est pourquoi on traça un signe sur soixante-dix morceaux de bois ou de parchemin, et on laissa intacts deux autres morceaux qui écartèrent les anciens à qui le sort les fit tomber en partage. Ils admettent en même temps que le sénat formant une véritable académie politique, avait le droit de se recruter lui-même parmi les sénats secondaires 50 : attendu que pour faire choix d'un homme savant, il faut, disentils, d'autres hommes savans, capables de l'apprécier et de donner la palme à qui de droit. Mais s'ils ont raison en cela, si l'on ne peut disconvenir que la volonté d'une grande multitude ne fait pas plus un législateur ou un jurisconsulte, qu'elle ne ferait un astronome, un médecin ou un poëte, il est vrai aussi que Moïse ne se borne pas à demander des hommes savans; il veut des hommes connus des tribus, investis de leur confiance: or comment satisfaire

à cette condition, autrement que par une manifestation des opinions individuelles? Si cette marche n'avait pas été suivie, à quoi bon qu'immédiatement après avoir entendu l'ordre de Jéhovah, Moïse se fût hâté de le déposer dans le sein du peuple! Ce qu'on lit dans les Actes des Apôtres vient à l'appui. Les apôtres faisaient passer dans leur société spirituelle les principes de la loi mosaïque : ayant besoin de quelques fonctionnaires, ils assemblent tous leurs disciples et leur disent, à l'exemple de l'ancien législateur : « Choisissez d'entre vous des hommes d'une sagesse reconnue.... » Ce discours plut à toute l'assemblée : elle choisit sept hommes et les présenta aux apôtres qui, selon l'usage, leur imposèrent les mains sur la tête pour les installer 51.

Voilà donc l'esprit général de la loi : je ne m'attache pas à des détails pratiques pour lesquels nous manquons de données. Mais, quel que soit le mode préféré, le principe fondamental auquel nous devons surtout nous arrêter, est à l'abri de toute incertitude: la loi veut un grandconseil, composé non pas de sacerdotes, mais d'anciens du peuple; non pas d'hommes privilégiés ni essentiellement riches, mais d'hommes savans, prudens et de bonne renommée.

A cause de sa dignité même, le grand-pontife

« ElőzőTovább »