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poëte. On l'entraîna et l'épée fit justice de son ambition parricide. Le texte nous montre Joad comme le généreux restaurateur des droits de la nation. Après avoir conclu une alliance avec l'armée et les anciens, il fait établir le roi par le peuple; ensuite lui-même, tout le peuple et le roi, c'est-à-dire les trois têtes qui portaient les trois couronnes d'Israël, traitent une autre alliance; ils redeviendront le peuple de Jéhovah, ils se soumettront en tout point à la loi primitive une troisième alliance est conclue entre le roi et le peuple; Joad n'accomplit rien qu'accompagné des centeniers de l'armée, des hommes les plus notables, des hommes en autorité sur le pays, et de tout le peuple du pays. Enfin, le résultat de ses efforts est de donner à toute la nation de la joie, et à la ville du repos 35. Les vers suivans de Racine, quelque sublimes qu'ils soient, se trouvent donc de beaucoup au-dessous de la vérité, en ce sens, que le texte ne se borne pas à recommander au roi de ménager le peuple; mais il montre l'importance de ce peuple lui-même par le rôle qui

lui est réservé.

Bientôt ils vous diront que les plus saintes lois, Maîtresses du vil peuple, obéissent aux rois; Qu'un roi n'a d'autre frein que sa volonté même;

Qu'il doit immoler tout à sa grandeur suprême;
Qu'aux larmes, au travail le peuple est condamné,
Et d'un sceptre de fer veut être gouverné;
Que s'il n'est opprimé, tôt ou tard il opprime.

Les choses se maintinrent dans un état convenable pendant toute la vie du magistrat sacerdotal; mais il eut à peine fermé les yeux que les courtisans s'emparèrent de l'esprit du roi, qui, ayant bientôt perdu le souvenir de tous les bienfaits de Joad, fit assassiner le pontife Zacharie son fils, dont les justes plaintes lui étaient devenues insupportables.

Enfin si, un siècle plus tard, le roi Osias, après avoir obtenu les succès les plus glorieux à la guerre, éprouve de la résistance lorsqu'il prétend s'emparer du sacerdoce national, on doit en faire honneur au pontife, et nullement y trouver la preuve que le pouvoir résidât dans sa propre tribu. Peu importe la lèpre dont les chroniques assurent que ce roi fut subitement saisi en punition de son audace ; mais le pontife suprême marche à sa rencontre comme il s'avançait vers l'autel, et lui dit avec énergie: « Retire-toi, Osias, tu n'es pas dans ton droit; la loi ordonne aux seuls enfans d'Aaron d'offrir le parfum, et ta conduite ne te tournera pas à honneur devant l'Eternel 36 >>

C'est durant l'époque très-peu connue qui suivit le gouvernement de Néhémie, après la captivité de Babylone, que les grands-pontifes devinrent réellement les chefs de la république. Leur pouvoir se maintint d'autant mieux que les rois de Perse et de Syrie, tenant la Judée tributaire, aimaient à la voir gouvernée par des. hommes plus pacifiques de leur nature que guerriers.

Josèphe nous apprend que treize pontifes s'étaient succédé depuis Aaron jusqu'à la fondation du temple de Salomon, vers l'an 1000 avant notre ère; dix-sept, depuis cette dernière époque jusqu'à la captivité, l'an 588; et seize, depuis le retour de la captivité jusqu'en l'année 167, parmi lesquels les plus remarquables. sont Jaddus, qui reçut Alexandre à Jérusalem, et Simon, surnommé le Juste.

Alors les choses changèrent de face. Ce n'est pas en leur qualité de sacerdotes, mais comme citoyens, que les Machabées levèrent l'étendard de l'indépendance : et le peuple qui réunit en eux la dignité de grand-pontife à celle de chef suprême, trouva cette fois la plus légitime excuse dans la nature des circonstances, qui exigeaient qu'on mît dans les mains de ces héros tous les moyens propres à faire réussir leur entreprise. Néanmoins ces deux

titres leur furent accordés séparément : et l'on disait d'eux qu'ils étaient princes des Juifs et grands sacrificateurs 37, par la raison que l'une de ces fonctions n'était point la conséquence de

l'autre.

Sous leurs successeurs et sous la dynastie d'Hérode, le pontificat fut à la merci de ceux que la force étrangère protégeait.

Enfin, après avoir présidé quelque temps le conseil des anciens, sous les procurateurs de la Judée, devenue province romaine; après avoir essuyé des désastres pendant le gouvernement de Félix, qui fit assassiner le pontife Jonathas, et sous le roi Agrippa II, qui accrut les discordes intestines, les sacerdotes prirent une part honorable à la guerre contre les Romains. et partagèrent les fatales destinées de la nation.

Où est donc la théocratie? Ne s'est-on pas laissé imposer par une locution propre aux Hébreux; par l'emploi continuel et général du nom de Jéhovah? N'a-t-on pas confondu dans les mêmes mots, des fonctions dont la nature et le but offrent des contrastes profonds? Ah! sans doute, la théocratie des modernes a puisé dans la politique de Moïse! Une milice religieuse a été jetée comme un réseau au milieu des États. Mais quelle différence avec la magistrature de Lévi! L'une correspond à un point

central étranger; elle a des intérêts séparés de ceux de ces Etats même; elle n'est atta

chée au pays ni par l'amour des femmes, ni par la sollicitude pour des enfans; elle est aveuglément soumise à des lois particulières et inconnues aux peuples, dans le sein desquels elle s'introduit. L'autre au contraire a son centre dans la capitale même d'Israël, sous les yeux du conseil national; elle a pour but de fortifier l'union nationale, de présenter sans cesse au peuple la loi qui règle le mode de sa propre existence, de diriger toutes les âmes vers les intérêts positifs de la nation et de l'homme elle est citoyenne dans ses intérêts privés, citoyenne par ses affections de famille, citoyenne par ses espérances. Et quelle différence surtout entre les temps d'alors et les siècles modernes! L'état des esprits, la difficulté de la communication des pensées, l'enfance des sciences et des lettres, tout justifie l'institution de Moïse; tout lui donne un grand caractère de sagesse.

Mais ces circonstances étaient de nature à changer; mais l'âme sublime du législateur aspirait à une époque où la connaissance des choses et l'intelligence des lois seraient également répandues sur tous. « Quoi! disait-il avec une généreuse indignation au jeune Josué qui

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