Oldalképek
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De la fausse raison censeur impitoyable,
Je respectai toujours la raison véritable.

Qui pour mieux nous conduire a recours à nos sens,
Qui règle nos desirs sans gêner nos penchans,
Et, loin de s'opposer au vœu de la nature,

Rend notre jouissance et plus douce et plus pure.
Je vois, dans ma raison un ami qui me plait,

La vôtre est un pédant qui vous trompe et vous hait,
La mienne, quand j'ai faim, trouve bon que je mange;
Mais la vôtre, avant tout, par un caprice étrange,
Vous dit: Quelle heure est-il? et, pour chaque repas,'
Consulte votre horloge et non votre estomac.
Pour nous entendre, enfin, désormais l'un et l'autre,
J'estime la raison, docteur, mais non la vôtre.

Pour l'homme, tout est dit, je n'en démordrai pas.
Vous voulez le défendre! entamons les débats :
De l'homme, dont la gloire ici vous intéresse,
Vous me vantez sur-tout la bonté, la sagesse ;
Eh bien, que direz-vous, si je prouve aujourd'hui
Que la brute est plus sage et meilleure que lui?
La sagesse est, je crois, d'atteindre, en toute chose,
Par les plus courts moyens le but qu'on se propose.
Or, quand je vais aux champs, un fusil sous le bras,'
Par l'odeur averti si, devançant mes pas,
Mon jeune lévrier attrape une bécasse

Tandis qu'un vieux ministre est déchu de sa place; En bonne foi, docteur, pourrez-vous me nier

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You see how far man's wisdom here extends;
Look next, if human nature makes amends,
Whose principles most gen'rous are, and just,
And to whose morals you will sooner trust.
Be judge yourself, I'll bring it to the test,
Which is the basest creature, man or beast: 25
Birds feed on birds, beasts on each other
prey,
But savage man alone does man betray.
Press'd by necessity, they kill for food;
Man undoes man, to do himself no good.
With teeth and claws by nature arm'd, they hunt
Nature's allowance, to supply their want:
But man with smiles, embraces, friendship's praise,
Inhumanly his fellow's life betrays,

With voluntary pains works his distress;
Not thro' necessity, but wantonness.

For hunger, or for love, they bite or tear,
Whilst wretched man is still in arms for fear;
For fear he arms, and is of arms afraid;
From fear to fear successively betray'd.
Base fear, the source whence his best passions came,
His boasted honour, and his dear-bought fame;
That lust of pow'r, to which he's such a slave,
And for the which alone he dares be brave;
To which his various projects are design'd,
Which makes him gen'rous, affable, and kind;

Que le ministre alors le cède au lévrier.

Poursuivons, et voyons quel est le plus honnête,
Quel est le moins méchant de l'homme ou de la bête.
Un oiseau, j'en conviens, dîne d'un autre oiseau,
Et, pressé par la faim, le loup croque l'agneau.
Mais sans aucun besoin, sans profit véritable,
L'homme attaque, trahit, déchire son semblable;
Pour calmer des besoins sans cesse renaissans
Le lion est armé de griffes et de dents,
L'homme seul contre l'homme emploie avec adresse
Le sourire, les soins, l'éloge, la caresse.

C'est la faim ou l'amour qui met l'ours en fureur,
L'homme, plus méprisable, est armé par la peur.
Et tous les jours encore on voit ces mêmes armes
Qu'il saisit
par frayeur lui causer mille allarmes.
Hélas, qui le croirait! il ne doit qu'à la peur
Ses plus nobles penchans, sa gloire, son honneur,
Et cette ambition dont il se rend l'esclave,
Pour qui, toujours tremblant, il tâche d'être brave,'
Vers laquelle il dirige et ses pas et ses vœux,
Qui le rend doux, sensible, affable, généreux,
Et qui, pour conserver son rang et son mérite,
Le force à se cacher sous un voile hypocrite.

For which he takes such pains to be thought wise,
And screws his actions in a forc'd disguise,
Leading a tedious life in misery,
Under laborious, mean hypocrisy.

Look to the bottom of this vast design, Wherein man's wisdom, pow'r and glory join;

The good he acts, the ill he does endure,
"Tis all for fear, to make himself secure.
Merely for safety after fame we thirst;
For all men would be cowards if they durst;
And honesty's against all common-sense;
Men must be knaves, 'tis in their own defence.
Mankind 's dishonest; if you think it fair
Amongst known cheats to play upon the

You'll be undone

square,

Nor can weak truth your reputation save,
The knaves will all agree to call you knave:
Wrong'd shall he live, insulted o'er, opprest,
Who dares be less a villain than the rest.

Thus, sir, you see what human nature craves;
Most men are cowards, all men should be knaves.
The diff'rence lies, as far as I can see,
Not in the thing itself, but the degree;
And all the subject-matter of debate,
Is only, who's a knave of the first rate?
All this with indignation have I hurl'd
At the pretending part of the proud world,

Docteur, si, pénétrant dans leurs vastes desseins, Vous lisiez dans le cœur des malheureux humains, Vous verriez que la peur fait toute leur vaillance Et qu'ils immolent tout à leur chère existence. Qu'ils sont tous, en un mot, et coquins et poltrons, Qu'ils sont tous, plus ou moins, et lâches et fripons; Et que l'art se réduit à distinguer en face Le lâche et le fripon de la première classe.

Du

C'est ainsi qu'en mes vers j'attaquais, sans pitié, pauvre genre humain l'orgueilleuse moitié :

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