Oldalképek
PDF
ePub

TYPOGRAPHIE DE H. FIRMIN DIDOT.

MESNIL (EURE).

DICTIONNAIRE

DE

THÉOLOGIE

A L'USAGE

DES GENS DU MONDE

PAR

M. L'ABBÉ JACQUIN

PARIS

LIBRAIRIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES, FILS ET CE

IMPRIMEURS DE L'INSTITUT DE FRANCE

RUE JACOB, 56

1858

[blocks in formation]

DE THÉOLOGIE.

'doit reste

C'est exiger patern

A

ABB

ABBATIAL. (Liturgie.) Tout ce qui appartient à une abbaye, à l'abbé ou à l'abbesse; le palais abbatial, la dignité abbatiale, etc. ABBAYE. Sous ce mot, en latin abbatia, on désigne un monastère dont les habitants sont gouvernés par un abbé si ce sont des religieux, ou par une abbesse, si ce sont des religieuses qui l'habitent. On se sert aussi de ce mot pour le bénéfice ou les revenus dont jouit l'abbé ou l'abbesse; enfin il s'applique encore à l'ensemble des bâtiments des tinés au logement et au service des religieux.

Dans le principe, les moines nommaient leurs abbés par élection, et les religieuses leurs abbesses; ce choix recevait ensuite la sanction du pape ou au moins celle de l'archevêque métropolitain. Plus tard les souverains, en vertu des donations qu'ils firent aux abbayes, s'emparèrent du droit de choisir les abbés et abbesses, et se le réservèrent pour les abbayes qu'ils avaient fondées. Dès lors on commença à distinguer les abbayes en règle des abbayes en commende. Les premières, comme celles de Cluny, de Citeaux, de Prémontré, de Sainte-Claire en France, de Fulde en Allemagne, de Saint-Gall en Suisse, demeurèrent électives; elles ne relevaient que du souverain pontife; et leur chef acquit par là un haut degré de puissance, qui s'éleva même parfois jusqu'à la souveraineté temporelle. Les secondes, placées plus directement sous l'autorité civile et laÏque, ne furent guère que des bénéfices conférés par la faveur, des dignités sans charge et sans devoirs religieux réels. Les abbés pourvus de ces abbayes prirent le nom de commendataires, par opposition aux autres abbés, qui s'appelaient réguliers. Les abbés commendataires n'étaient donc que des clercs séculiers pourvus par le pape d'une abbaye, avec permission d'en percevoir les fruits durant leur vie.

Ce mot de commende vient du latin comDICT. THÉOL.

ABB

mendare, qui signifle donner en garde. En effet, quand un bénéfice était vacant, soit par l'absence, soit par la mort d'un titulaire, on en confiait l'administration à un économe jusqu'à ce qu'il fût pourvu d'un pasteur. Cet économe était ou laïque, ou évêque, ou simple ecclésiastique. Dès le huitième siècle, on commença à donner les évèches et les abbayes en commende perpétuelle. Voilà ce qui explique pourquoi on vit des seigneurs laïques prendre le titre d'abbés de certaines abbayes; les rois de France Philippe 1er, Louis VII, et ensuite les ducs d'Orléans s'intitulaient abbes du monastère de Saint-Aignan d'Orléans; les ducs d'Aquitaine, abbes de Saint-Hilaire de l'oitiers; les comtes d'Anjon, abbés de Saint-Aubin; les comtes de Vermandois, abbés de Saint-Quentin.

Les prieurés n'étaient dans l'origine que de simples fermes dépendant de l'abbaye.

En France, la plupart des grandes abbayes étaient de fondation royale; telles étaient celles de Saint-Denis, de Saint-Germain-desPrés, de Corbie, de Chelles. Un assez grand nombre furent sécularisées, et devinrent des chapitres ou des collégiales; de ce nombre furent celles de Vézelay, d'Aurillac, de SaintVictor, de Saint-Sernin de Toulouse. D'antres furent érigées en évèchés, comme celles de la Rochelle, Luçon, Aleth, Vabres, Castries, Tulle, Condom et Pamiers.

En France, les abbayes de filles étalent toutes électives; et, quoique dans le siècle dernier les abbesses fussent presque toutes nommées par le roi, néanmoins les bulles qu'elles obtenaient de Rome portaient toujours qu'elles avaient été élues par leur communauté. Cette différence entre les abbayes d'hommes et celles de filles venait de ce que ces dernières n'avaient pas été comprises dans le concordat entre le pape Léon X et François Ier.

On comptait en France, à la fin du siècle

derni mes

d'or

e

rt

IX cent vingt-cinq abbayes d'homamende et quinze abbayes chefs 'e congrégation, dont une de filles, tevrault, cent quinze abbayes a hommes et deux cent cinquanteyes régulières de filles, sans y comprendre les abbayes et chapitres nobles de filles, ainsi que les abbayes réunies à des colléges, à des hôpitaux et à d'autres pieux établissements.

tro.

L'abbaye, considérée comme bâtiment religieux, ne se distingue par aucun caractère tranché d'un monastère quelconque, et son église d'une paroisse ou mème d'une cathédrale. Toutefois on juge facilement par l'étendue et par le nombre des parties distinctes qui composent la totalité de l'édifice si le monastère est un simple couvent ou une abbaye, ces dernières ayant généralement une étendue assez considérable.

En effet, les abbayes ne renfermaient guère moins de vingt religieux, et le nombre de ceux-ci s'élevait souvent jusqu'à près de cent, comme à Clairvaux et à Citeaux, en France, à Glocester et à Bury - Saint-Edmond, en Angleterre; à Fontevrault il y avait cent soixante religieuses et soixante religieux. Du temps de Pierre le Vénérable, l'abbaye de Cluny comptait quatre cent soixante religieux. En général, les abbayes de filles étaient en France plus peuplées que les abbayes d'hommes. Outre les religieux ou religieuses, ces édifices devaient contenir de nombreux domestiques et les personnes qui leur étaient attachées à différents titres.

Dans la plupart des monastères se trouvait un bâtiment séparé destiné à recevoir les hôtes; il portait différents noms le pavillon des hôtes, l'hôtellerie; les réceptions y étaient toujours gratuites; l'hospitalité y était toujours très-large dans les riches monastères, mais dans les pauvres couvents les hôtes faisaient toujours quelques dons.

La maison du portier constituait aussi fréquemment un bâtiment important et dont l'architecture n'était pas sans élégance; c'est ce qu'on observe surtout dans les restes des abbayes anglaises, à Saint-Alban, à Saint-Augustin de Cantorbéry, où cette partie du mo nastère est flanquée de tours octogones; à Evesham, où elle est décorée d'un beau campanile. Mais l'architecture des abbayes était trop variée, les plans de ces édifices étaient trop différents pour qu'on puisse leur assigner me disposition spéciale.

Auteurs à consulter sur la matière. BONAMIS, Histoire des ordres religieux. HELYOT, id. des ordres monastiques. ALPHABET des Abbayes de France. RICHARD, Bibliothèque sacrée. ABBÉ. ( Liturgie.) Ce mot, dérivé du chaldéen, signifie père; la racine est hébraïque { ab, père). Les Grecs en ont formé abbas, terme qui a été conservé par les Latins: c'est de là que vient abbé, qui dans l'origine était

un terme de tendresse et d'amour, et devint par la suite un nom de dignité et un titre d'honneur. Les docteurs juifs prirent ce titre, et un de leurs plus anciens livres, qui contient diverses sentences ou apophthegmes de leurs pères, est intitulé Pirke Abbot ou Avoth, c'est-à-dire chapitre des Pères. C'est par rapport à cette affectation que Jésus-Christ, dans saint Matthieu, chap. XXIII, verset 9, dit à ses disciples: « N'appelez personne sur la terre votre Père; car vous n'avez qu'un père qui est dans le ciel. » Saint Jérôme se sert de ces paroles de Jésus-Christ contre les supérieurs de monastères de son temps qui prenaient le titre de Père on Abbé. Il dit, expliquant ces paroles de saint Paul abba pater, dans son commentaire sur l'épître aux Galates, ch. IV: Je ne sais par quelle licence le titre de père ou abbé a été introduit dans les monastères, Jésus-Christ ayant défendu expressément que qui que ce soit prit ce nom, parce qu'il n'y a que Dieu seul qui est notre Père. Mais comme Jésus-Christ a plutôt condamné la vaine gloire des Juifs qui prenaient la qualité de pères que le nom de père, il n'est pas étonnant que les chefs ou supérieurs des monastères l'aient pris dès les premiers établissements de moines. Les bornes de cet ouvrage ne nous permettent pas de nous étendre sur toutes les acceptions du mot abbé et de ses dérivés. Abbé se dit aujourd'hui en France de toute personne portant l'habit ecclésiastique: ce n'est qu'un terme de civilité de la part de ceux qui le donnent. Cependant il faudrait éviter de le donner à de jeunes séminaristes qui n'ont pas encore reçu la tonsure. La dignité et les prérogatives d'abbé ont été conservées dans quelques parties de l'Europe, surtout en Autriche et en Italie.

ABBESSE, Abbatissa. (Liturgie.) Religieuse qui était supérieure d'une abbaye. Selon le concile de Trente, l'abbesse devait être élue par les suffrages secrets des religieuses, reçus à la grille par le supérieur. Elle devait être autant que possible du corps du monastère où elle était élue, âgée de quarante ou au moins de trente ans, en avoir huit ou au moins cinq de profession. Si elle était du nombre de celles qui se faisaient bénir, elle devait recevoir la bénédiction dans l'an, sous peine de perdre les droits d'élection, et cette bénédiction pouvait se faire tous les jours de la semaine, à la différence de celle de l'abbė, qui devait se faire un dimanche ou un jour de fête. Autrefois cette bénédiction consistait en une seule oraison qui pouvait se faire à la grille; mais depuis elle se faisait par l'évêque à peu près comme celle des abbés. L'abbesse avait aussi à peu près les mêmes priviléges et les mêmes devoirs que ceux de l'abbé, si l'on en excepte les fonctions vraiment ecclésiastiques et spirituelles, dont elle était incapable par son sexe. Elle devait aussi gouverner son monastère, tant pour le spirituel que pour le temporel, selon la règle, instruire ses

« ElőzőTovább »