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Vers pour mettre sous le portrait de M. de la Bruyere, au-devant de son livre des Carac teres du temps.

C'est lui qui parle.

TOUT esprit orgueilleux qui s'aime
Par mes leçons se voit guéri,
Et dans mon livre si chéri
Apprend à se haïr soi-même.

Epitaphe de M. Arnauld.

Au pied de cet autel de structure grossiere,
Git sans pompe, enfermé dans une vile biere,
Le plus savant mortel qui jamais ait écrit,
Jésus-Christ,
Arnauld, qui, sur la grace instruit par
Combattant pour l'Eglise, a, dans l'Eglise même,
Souffert plus d'un outrage et plus d'un anathême.
Plein du feu qu'en son cœur souffla l'Esprit divin,
Il terrassa Pélage, il foudroya Calvin,

De tous les faux docteurs confondit la morale.
Mais, pour fruit de son zele, on l'a vu rebuté,
En cent lieux opprimé par leur noire cabale,
Errant, pauvre, banni, proscrit, persécuté;
Et même par sa mort leur fureur mal éteinte
N'auroit jamais laissé ses cendres en repos,
Si Dieu Ini-même ici de son ouaille sainte
A ces loups dévorants n'avoit caché les os.

Vers pour mettre au bas du portrait de M. Hamon, médecin.

TOUT brillant de savoir, d'esprit et d'éloquence,
Il courut au désert chercher l'obscurité ;
Aux pauvres consacra ses biens et sa science;
Et, trente ans, dans le jeûne et dans l'austérité,
Fit son unique volupté

Des travaux de la pénitence.

Vers pour mettre au bas du portrait de
M. Racine.

Du théâtre françois l'honneur et la merveille,
Il sut ressusciter Sophocle en ses écrits ;
Et, dans l'art d'enchanter les cœurs et les esprits,
Surpasser Euripide, et balancer Corneille.

SUR MON PORTRAIT.

M. le Verrier, mon illustre ami, ayant fait graver mon portrait par Drevet, célebre gra= veur, fit mettre au bas de ce portrait quatre vers où l'on me fait ainsi parler :

Au joug de la raison asservissant la rime,
Et, même en imitant, toujours original,
J'ai su dans mes écrits, docte, enjoué, sublime,
Rassembler en moi Perse, Horace, et Juvénal.

A quoi j'ai répondu par ces vers:

Oui, le Verrier, c'est là mon fidele portrait ;
Et le graveur, en chaque trait,

A su très finement tracer sur mon visage

De tout faux bel esprit l'ennemi redouté.

Mais, dans les vers pompeux qu'au bas de cet ouvrage
Tu me fais prononcer avec tant de fierté,
D'un ami de la vérité

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Qui peut reconnoître l'image?

Pour un autre portrait du même.

NE cherchez point comment s'appelle
L'écrivain peint dans ce tableau :
A l'air dont il regarde et montre la Pucelle,

Qui ne reconnoîtroit Boiled

Vers pour mettre au bas d'une méchante gravure qu'on a faite de moi.

Du célebre Boileau tu vois ici l'image.
Quoi! c'est là, diras-tu, ce critique achevé!
D'où vient le noir chagrin qu'on lit sur son visage?
C'est de se voir si mal gravé.

Sur le buste de marbre qu'a fait de moi
M.Girardon, premier sculpteur du roi.

GRACE an Phidias de notre âge,

Me voilà sûr de vivre autant que l'univers :
Et, ne connût-on plus ni mon nom ni mes vers,
Dans ce marbre fameux taillé sur mon visage,
De Girardon toujours on vantera l'ouvrage.

AVERTISSEMENT

AU LECTEUR.

MADAME ADAME de Montespan et madame de Thianges sa sœur, Jasses des opéra de M. Quinault, proposerent au roi d'en faire faire un par M. Racine, qui s'engagea assez légèrement à leur donner cette satisfaction, ne songeant pas dans ce moment-là à une chose dont il étoit plusieurs fois convenu avec moi, qu'on ne peut jamais faire un bon opéra, parceque la musique ne sauroit narrer; que les passions n'y peuvent être peintes dans toute l'étendue qu'elles demandent; que d'ailleurs elle ne sauroit souvent mettre en chant les expressions vraiment sublimes et courageuses. C'est ce que je lui représentai quand il me déclara son engagement, et il m'avoua que j'avois raison; mais il étoit trop avancé pour reculer. Il commença dès lors en effet un opéra, dont le sujet étoit la chute de Phaéton. Il en fit même quelques vers qu'il récita au roi, qui en parut con tent. Mais comme M. Racine n'entreprenoit cet ou= vrage qu'à regret, il me témoigna résolument qu'il ne l'acheveroit point que je n'y travaillasse avec lui, et me déclara avant tout qu'il falloit que j'en com posasse le prologue. J'eus beau lui représenter mon

peu de talent pour ces sortes d'ouvrages, et que je n'avois jamais fait de vers d'amourette; il persista dans sa résolution, et me dit qu'il ne le feroit ordonner par le roi. Je songeai donc en moi-même à voir de quoi je serois capable, en cas que je fusse absolument obligé de travailler à un ouvrage si opposé à mon génie et à mon inclination. Ainsi, pour m'essayer, je traçai, sans en rien dire à personne, non pas même à M. Racine, le canevas d'un prologue, et j'en composai une premiere scene. Le sujet de cette scene étoit une dispute de la Poésie et de la Musiqne, qui se querelloient sur l'excellence de leur art, et étoient enfin toutes prêtes à se séparer, lorsque tout-à-coup la déesse des accords', je veux dire l'Harmonie, descendoit du ciel avec tous ses charmes et tous ses agréments, et les réconcilioit. Elle devoit dire ensuite la raison qui la faisoit venir sur la terre, qui n'étoit autre que de divertir le prince de l'uni= vers le plus digne d'être servi, et à qui elle devoit le plus, puisque c'étoit lui qui la maintenoit dans la France, où elle régnoit en toutes choses. Elle ajoutoit ensuite que pour empêcher que quelque audacieux ne vint troubler, en s'élevant contre un si grand prince, la gloire dont elle jouissoit avec lui, elle vouloit que dès aujourd'hui même, saus perdre de temps, on représentát sur la scene la chute de l'ambitieux Phaéton. Aussitôt tous les poëtes et tous les musiciens, par son ordre, se retiroient et s'alloient

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