Oldalképek
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Admis au ciel, jouir de la gloire infinie ;

Et que, les clefs en main, sur ce seul passeport,
Saint Pierre à tous venants devoit ouvrir d'abord.
Ainsi, pour éviter l'éternelle misere

Le vrai zele au chrétien n'étant plus nécessaire,
Ta sus, dirigeant bien en eux l'intention,
De tout crime laver la coupable action.
Bientôt, se parjurer cessa d'être un parjure;
L'argent à tout denier se prêta sans usure;
Sans simonie, on put, contre un bien temporel,
Hardiment échanger un bien spirituel;

Du soin d'aider le pauvre on dispensa l'avare;
Et même chez les rois le superflu fut rare.

C'est alors qu'on trouva, pour sortir d'embarras,
L'art de mentir tout haut en disant vrai tout bas :
C'est alors qu'on apprit qu'avec un peu d'adresse
Sans crime un prêtre peut vendre trois fois sa messe;
Pourvu que, laissant là son salut à l'écart,
Lui-même en la disant n'y prenne aucune part:
C'est alors que l'on sut qu'on peut pour une pomme,
Sans blesser la justice, assassiner un homme:
Assassiner! ah! non, je parle improprement;
Mais que, prêt à la perdre, on peut innocemment,
Sur-tout ne la ponvant sauver d'une autre sorte,
Massacrer le voleur qui fait et qui l'emporte,
Enfin ce fut alors que, sans se corriger,

Tout pécheur...Mais où vais-je aujourd'hui in'engager?
Veux-je d'un pape illustre, armé contre tes crimes,
A tes yeux mettre ici toute la bulle en rimes;
Exprimer tes détours burlesquement pieux
Pour disculper l'impur, le gourmand, l'envieux;
Tes subtils faux-fuyants pour sauver la mollesse,
Le larcin, le duel, le luxe, la paresse ;
En un mot, faire voir à fond développés
Tous ces dogmes affreux d'anathême frappés,

Que, sans peur débitant tes distinctions folles,
L'erreur encor pourtant maintient dans tes écoles?
Mais sur ce seul projet soudain puis-je ignorer
A quels nombreux combats il faut me préparer ?
J'entends déja d'ici tes docteurs frénétiques
Hautement me compter au rang des hérétiques;
M'appeler scélérat, traître, fourbe, imposteur,
Froid plaisant, faux bouffon, vrai calomniateur;
De Pascal, de Wendrock, copiste misérable;
Et, pour tout dire enfin, janseniste exécrable.
J'aurai beau condamner, en tous sens expliqués,
Les cinq dogmes fameux par ta main fabriqués,
Blåmer de tes docteurs la morale risible:

C'est, selon eux, prêcher un calvinisme horrible;
C'est nier qu'ici-bas par l'amour appelé
Dieu pour tous les humains voulut être immolé.

Prévenons tout ce bruit: trop tard, dans le naufrage,
Confus on se repent d'avoir bravé l'orage.
Halte-là donc, ma plume. Et toi, sors de ces lieux,
Monstre à qui, par un trait des plus capricieux,
Aujourd'hui terminant ma course satirique,
J'ai prêté dans mes vers une ame allégorique.
Fuis, va chercher ailleurs tes patrons bien-aimés,
Dans ces pays par toi rendus si renommés

Où l'Orne épand ses eaux, et que la Sarte arrose;
Ou, si plus sûrement tu veux gagner ta cause
Porte-la dans Trévoux à ce beau tribunal
Où de nouveaux Midas un sénat monacal,
Tous les mois, appuyé de ta sœur l'ignorance,
Pour juger Apollon tient, dit-on, sa séance.

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Je m'étois persuadé que la fable de l'huître qué

j'avois mise à la fin de cette épître au roi pourroit y délasser agréablement les lecteurs qu'un sublime trop sérieux peut enfin fatiguer, joint que la correction que j'y avois mise sembloit me mettre à couvert d'une faute dont je faisois voir que je m'appercevois le premier. Mais j'avoue qu'il y a eu des personnes de bon sens qui ne l'ont pas approuvée. J'ai néanmoins ba= lancé long-temps si je l'òterois, parcequ'il y en avoit plusieurs qui la louoient avec autant d'excès que les autres la blâmoient. Mais enfin je me suis rendu à l'autorité d'un prince (2) non moins considérable par les lumieres de son esprit que par le nombre de ses victoires. Comme il m'a déclaré franchement que cette fable, quoique très bien contée, ne lui sembloit pas digne du reste de l'ouvrage, je n'ai point résisté, j'ai mis une nouvelle fin à ma piece, et je n'ai pas cra pour une vingtaine de vers devoir me brouiller avec le premier capitaine de notre siecle. Au reste je

(1) Cet avertissement fut mis à la tête de la seconde édition que l'auteur fit en 1672 de sa premiere épître. (2) Le grand Condé.

suis hien aise d'avertir le lecteur qu'il y a quantité de pieces impertinentes qu'on s'efforce de faire courir sous mon nom, et entre autres une satire contre les maltôtes ecclésiastiques. Je ne crains pas que les habiles gens m'attribuent toutes ces pieces, parceque mon style, bon ou mauvais, est aisé à reconnoître. Mais comme le nombre des sots est grand, et qu'ils pourroient aisément s'y méprendre, il est bon de leur faire savoir que, hors les onze pieces (1) qui sont dans ce livre, il n'y a rien de moi entre les mains du public ni imprimé ni en manuscrit.

(1) Le discours au roi, les neuf premieres satires et l'épitre I.

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