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vrais adorateurs qui adorent le Père en esprit et en vérité.

On voit encore que l'Église seule peut rendre à Dieu un culte digne de lui, parce qu'elle seule a reçu les promesses de vérité et la plénitude de l'esprit d'amour, en sorte que notre culte, toujours imparfait, n'a de prix que par son union avec le culte de l'Église; et nous sommes d'autant plus unis à elle, et par elle à Jésus-Christ et par Jésus-Christ à la Trinité tout entière, que notre foi est plus profonde et notre amour plus ardent. Redisons-le donc avec les apôtres : Seigneur, augmentez notre foi (1), enflammez notre amour : jusqu'ici nous n'avons point aimé. Jusqu'ici nos actions, nos pensées, nos prières mêmes, ont dû, au lieu de votre grâce, nous attirer le reproche que vous adressiez à vos disciples: Où est votre foi (2)? Nous avions faim et nous avons cru manger; nous avions soif et nous avons cru boire: et notre âme est demeurée vide. Jésus, qui voyez notre misère, soyezen le réparateur; ayez pitié de notre indigence, nul n'est plus pauvre que nous et Dieu n'a-t-il pas choisi les pauvres en ce monde pour les rendre riches dans la foi, et héritiers du royaume qu'il a promis à ceux qui l'aiment (3)?

(1) Luc., XVII, 5.
(2) Id., VIII, 25.
(3) Jacob., II, 5.

DE LA RÉUNION

DES DIFFÉRENTES COMMUNIONS CHRÉTIENNES.

(1819.)

Plusieurs fois, depuis la grande scission qui déchira la chrétienté au seizième siècle, on a tenté de réunir les catholiques et les protestans. Deux hommes du plus haut génie, Bossuet et Leibnitz, conçurent, sous Louis XIV, l'espérance d'y réussir; et leur correspondance, chef-d'œuvre de discussion, nous est restée comme un monument de leurs vœux, que diverses circonstances étrangères à la religion rendirent malheureusement stériles. Les temps n'étoient pas venus. Il y avoit à surmonter une trop vive opposition. La réforme, âpre et fière, se sentoit encore vivante, parce qu'il y avoit encore en elle de la foi. Ses préjugés contre l'Église romaine régnoient avec toute leur force. La raison, et l'expérience, qui n'est que la raison manifestée par les événemens, ne les avoient point assez affoiblis dans l'esprit de la multitude, pour qu'elle entendît patiemment parler de réunion. Le souvenir récent des victoires de Gustave-Adolphe attachoit les protestans d'Allemagne à une religion qui leur avoit coûté tant de travaux, et leur rappeloit tant

de gloire. Ils y tenoient comme à une conquête. Des difficultés non moins sérieuses naissoient de la politique de quelques souverains. La maison de Hanovre voyoit, dans la réforme, le fondement et la sanction de ses droits : elle les auroit crus ébranlés avec le protestantisme. Cette considération, nulle aujourd'hui, paroissoit alors si décisive, qu'elle détermina seule Leibnitz à rompre les négociations entamées avec l'évêque de Meaux. De plus, le traité de Westphalie, dont les suites, sous beaucoup de rapports, ont été fatales à l'Europe, avoit établi, dans son sein, un principe permanent de division religieuse, en cherchant à former une sorte de balance entre les États catholiques et les Etats protestans; et cette cause a peutêtre, plus qu'aucune autre, retardé l'union des chrétiens dans une même foi et uue même Église.

Aucun de ces obstacles n'existe maintenant. Le temps a effacé ou atténué les préjugés contraires à la religion catholique. La réforme expirante prévoit elle-même sa fin, et laisse, pour unique postérité, une philosophie ennemie du christianisme, ennemie de la société, et qui les attaque jusqu'en Dieu même. Les siècles ont affermi et consacré les droits de la dynastie régnante en Angleterre; et ce ne sont pas certes les catholiques qui les lui contesteront. Le danger pour elle viendroit plutôt des doctrines populaires nées de la réforme. L'équilibre tant vanté, que des négociateurs, moins profonds politiques qu'habiles diplomates, s'efforcèrent d'établir par le traité de Westphalie, ne subsiste plus depuis long-temps.

Les intérêts et les rapporte ont changé. La Suède et le Danemarck ont perdu presque entièrement leur influence. Une foule de petits princes, membres autrefois de cette espèce de confédération qu'on appeloit l'Empire, ont disparu pour jamais. La Pologne, ce flambeau qu'il falloit rallumer sans cesse, s'est éteinte. Une autre puissance plus redoutable, forçant les barrières de l'Europe, a promené, au milieu d'elle, son camp peuplé par l'Asie. Aux anciennes relations en ont succédé de nouvelles, déterminées par des motifs où la conformité de religion n'a point de part. On a vu l'Angleterre aider l'Espagne à recouvrer son indépendance, et concourir, avec la Prusse et la Russie, à replacer le pape sur le trône pontifical. Ainsi la politique d'aucun État ne paroît devoir s'opposer à la réunion religieuse dont j'essaierai de montrer l'importance, ou plutôt l'indispensable nécessité.

Toutes les vues d'après lesquelles on gouvernoit autrefois, seroient courtes aujourd'hui; et de là vient qu'aucun temps ne fut plus stérile en hommes d'État. Il faudra pourtant qu'il s'en forme, si l'Europe ne doit pas périr; il faudra que l'on comprenne qu'il ne s'agit plus de conserver la force et de régler les actions d'un peuple en santé, mais de guérir des nations malades, et de préserver de la destruction la société entière. Cet intérêt premier, et commun à tous les États, doit les réunir tous dans un même système de politique générale; car si un seul d'entre eux meurt de l'effrayante maladie qui tourmente le genre hu

main, les autres le suivront bientôt et telle est maintenant leur destinée, qu'il faut qu'ils succombent ou se sauvent ensemble.

Les vérités sociales, principe de vie qui se transmettoit de siècle en siècle, ont été obscurcies. Le désordre est dans l'intelligence; et voilà ce qui le rend si terrible. Des intérêts peuvent se concilier, des passions se calmer; c'est l'œuvre du temps, et tôt ou tard il l'achève. Mais le temps ne peut rien contre l'erreur, parce que sans cesse ranimée par les passions qu'elle enfante sans cesse, l'erreur croît, mais ne vieillit point.

Partout on sent l'absence des vérités nécessaires; partout elles ont laissé un vide qu'en vain l'esprit travaille à combler. La société n'est plus qu'un doute immense. Point de maxime dont on ne dispute, point de principe qu'on ne nie. Qu'est-ce que le pouvoir? qui le sait? Appartient-il au peuple? est-ce lui qui le donne? peut-il le reprendre quand il l'a donné? est-ce autre chose qu'un fait constaté par la force ou que la force elle-même ? Quelqu'un doit-il commander? quelqu'un doit-il obéir? Les peuples en sont encore à résoudre ces questions de la solution desquelles dépend l'existence des peuples.

On déclare des droits, et parce qu'on assemble des phrases on s'imagine créer l'ordre. On improvise des gouvernemens, on élève des institutions, on les brise, et cependant toutes les notions se perdent. Qu'estce que la loi? une volonté : et de qui? la volonté de tous, ou d'un seul? Cette volonté est-elle arbitraire?

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