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» Une si noble résolution ne pouvoit manquer d'obtenir l'entière approbation des cabinets auxquels la cour d'Espague s'est adressée; et animées par le désir de prévenir les conséquences fatales qui pouvoient resulter de l'état présent des affaires, les cours d'Autriche, de France, de la Grande-Bretagne, de Prusse et de Russie, également amies du Portugal et de l'Espagne, après avoir pris en considération les justes rec amations de cette dernière puissance, ont chargé les soussignés de faire connoître au cabinet de S. M. très-tidele:

» Qu'elles ont accepté la médiation qui leur a été demandée par l'Espagne ;

>> Qu'elles ont vu, avec une peine réelle et non saus surprise, que, dans le moment même où un double mariage sembloit devoir resserrer plus étroitement les liens de famille deja existans entre les maisons de Bragance et de Bourbon, et quand une semblable alliance devoit rendre les relations entre les deux pays plus intimes et plus amicales, le Portugal ait envahi les possessions espagnoles sur la rivière de la Plata, et qu'il les ait envahies sans aucune sorte d'explication et de déclaration prealable;

» Que les principes d'équité et de justice qui dirigent les conseils des cinq cours, et la ferme résolution qu'elles ont adoptée de maintenir de tout leur pouvoir la paix du monde, achetée par de si grands sacrifices, les ont déterminées à prendre connoissance de cette affaire, dans l'intention de la terminer de la manière la plus équitable, et la plus conforme à leur désir de maintenir la tranquillité générale;

>> Que lesdites cours ne dissimulent pas qu'un différend entre le Postugal et l'Espagne pourroit troubler cette paix et occasionner une guerre en Europe, laquelle pourroit être non-seulement désastreuse pour les deux pays, mais même incompatible avec les intérêts et la tranquillité des autres puissances;

» Qu'en conséquence, elles ont résolu de faire connoître au gouvernement de S. M. très-tidèle, leurs sentimens à ce sujet, de l'inviter à donner des explications suffisantes sur ses vues, et à prendre les mesures les plus promptes et les plus propres à dissiper les justes alarmes que son invasion des possessions americaines de l'Espagne a déjà causées en Europe, à satisfaire aux droits réclamés par la dernière puissance, ainsi qu'aux principes de justice et d'impartialité qui guident les médiateurs. Un refus d'accéder à de si justes demandes ne Jaisseroit aucun doute sur les intentions réelles du cabinet de RioJaneiro. Les effets désastreux qui pourroient en résulter pour les deux hémisphères, seroient entièrement imputés au Portugal; et l'Espagne, apres avoir vu toute l'Europe applaudir à la sagesse et à la modération de sa conduite, trouveroit dans la justice de sa cause et dans l'assistance de ses alliés, les moyens suffisans pour obtenir le redressement

de ses torts.

» Les soussignés, en s'acquittant des ordres de leurs cours, ont l'honneur d'offrir à S. Exc. le marquis d'Aguiar l'assurance de leur bante consideration.

Signė, VINCENT, Richelieu, Stuart, Goltz,
Pozzo DI BORGO.

Considérations sur la divinité de Jésus-Christ, adressées à MM. les étudians de l'auditoire de théologie de l'église de Genève; par M. Henri-Louis Empaytaz, Génevois.

SECOND ARTICLE.

Après avoir montré combien est malheureusement trop fondé le reproche que l'on fait aux ministres génevois de ne point croire à la divinité de Jésus-Christ, M. Empaytaz examine dans son écrit les cinq questions suivantes: 1°. Le dogme de la divinité du Sauveur est-il conforme à l'esprit des saintes Ecritures? 2o. Quelle étoit sur ce point la croyance de l'église de Genève au commencement du 18e. siècle? 3°. A l'époque de la réformation, toutes les communions chrétiennes étoient-elles d'accord sur le dogme de la divinité de Jésus-Christ? 4. Est-il indifférent d'embrasser sur cet article l'affirmative ou la négative? 5o. Que doivent faire les théologiens de Genève pour rétablir l'enseignement de la saine doctrine dans leur église? Nous allons suivre rapidement l'examen de cés divers points, que l'auteur traite avec un zèle et des connoissances honorables pour lui. On voit avec plaisir un jeune protestant travailler avec ardeur à établir une vérité fondamentale du christianisme, et lutter contre l'esprit dominant dans sa communion.

1°. Le dogme de la divinité de Jésus-Christ est-il conforme à l'esprit des saintes Ecritures? Ici M. Empaytaz cite une foule de passages des livres saints, Tome XII. L'Ami de la Religion et du Ror. H

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même suivant les versions protestantes, où JésusChrist est qualifié Dieu de la manière la plus affirmative, et sans aucune restriction; où il est dit qu'il est un avec Dieu, qu'il est engendré de toute éternité dans le sein de Dieu, qu'il est égal à Dieu; où toutes les perfections et les œuvres de Dieu, et les titres les plus éminens de la divinité lui sont attribués; où il est représenté comme voyant ce qui se passe dans le secret des consciences, comme changeant les cœurs, pardonnant les péchés, commandant en maître à la nature; où l'on enseigne enfin qu'il doit être adoré, invoqué et aimé comme Dieu, et qu'il viendra, à la fin du monde, juger les hommes, et rendre à chacun selon ses œuvres. Ces passages sont si nombreux, si clairs, si précis, qu'ils portent avec eux la lumière et la conviction dans tout esprit droit, et M. Empaytaz les a jugés assez concluans pour D'avoir pas besoin d'y joindre des explications, qui, en effet, n'y auroient rien ajouté.

2°. Que croyoit l'église de Genève sur la divinité de Jésus-Christ au commencement du 18e. siècle? M. Empaytaz invoque à cet égard les Catéchismes qu'on enseignoit, les livres de théologie, les thèses soutenues par les proposans, et présidées par les ministres les plus renommés de ce temps-là, Turretin, Pictet, Maurice. Il s'arrête peu d'ailleurs sur cette question, parce qu'il ne peut s'élever aucun doute sur le fait, et parce que les sociniens les plus déterminés ne peuvent s'empêcher de convenir quel étoit l'enseignement à Genève au commencement du 18. siècle sur la divinité de Jésus-Christ.

3o. A l'époque de la réformation, toutes les communions chrétiennes étoient-elles d'accord sur le

dogme de la divinité de Jésus-Christ? C'est encore un point qui ne pourroit être contesté avec quelque boune foi. M. Empaytaz se contente de mettre sous les yeux les confessions de foi dressées, dans les premiers temps de la réforme, par les diverses branches du protestantisme; celle des calvinistes de France, adoptée à Genève, et qui a disparu dans la dernière édition de la Bible; celle des églises de Suisse, dressée, en 1562, par Bullinger, et approuvée par Théodore de Bèze, et par les calvinistes d'Ecosse, de Hougrie, de Pologne, d'Angleterre, de Hollande, etc. celle des Pays-Bas, présentée à Philippe II, en 1556, et approuvée par des synodes de ce pays; la confession d'Augsbourg; le Catéchisme d'Heidelberg, et la coufession de foi de l'église anglicane. Quant à l'église grecque et à l'église romaine, leur croyance sur ce dogme est assez connue.

4°. Est-il indifférent d'embrasser l'affirmative ou la négative sur la divinité de Jésus-Christ? M. Empaytaz montre que ce parti ne sauroit être indifférent sous le rapport de la religion, de la morale et des intérêts, tant religieux que politiques, de l'église de Genève. Sous le rapport de la religion, si JésusChrist n'est pas Dieu, tout le plan de la religion s'écroule, le christianisme n'est plus qu'une nouvelle espèce d'idolâtrie introduite par Jésus-Christ; le dévouement des martyrs, qui ont rendu témoignage à sa divinité, n'est qu'un enthousiasme aveugle et absurde; l'œuvre de la rédemption n'est plus un mystère, la mort du Sauveur n'a plus de but nécessaire. Sous le rapport de la morale chrétienne, nier la divinité du Sauveur, c'est détruire le motif le plus puissant de l'amour et de la reconnoissance que nous de

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vons à Dien, c'est renverser le fondement le plus solide de notre confiance, et nous priver des plus douces consolations; c'est affoiblir infiuiment le précepte de la charité que Jésus-Christ nous recommande envers nos semblables. Par rapport aux intérêts religieux de l'église de Genève,

« Ne devons-nous pas redouter, dit M. Empaytaz, en dépouillant ainsi la religion de ce qu'elle a de plus consolant et de plus substan'iel, d'exposer ceux de nos frères qui ont conservé la foi et la piété antiques, à la tentation de se rattacher à une Eglise dans le sein de laquelle ils retrouveroient ce que nous leur ôlons? N'auroit-on pas droit de nous dire que nous n'avons rien de fixe dans nos principes religieux, que nous n'avons plus de croyance, mais seulement des opinions? Comment le peuple, après avoir vu le corps des pasteurs altérer l'ancienne doctrine sur un point si essentiel, pourra-t-il croire à la pureté de leur enseignement sur le reste? Pesez, Messieurs, la considération du ménagement que nous devons garder envers les autres églises réformées, et vous sentirez toute la force de cette raison. Depais un demi-siècle, elles nous observent avec une défiance que nous avons provoquée. La traduction de la Bible, publiée en 1805 par la compagnie de nos pasteurs, a donné récemment encore l'éveil sur les nouvelles doctrines qui se sont glissées parmi nous. Aussi cette édition de la Bible n'a trouvé un écoulement facile, ni dans les églises de France, ni dans celles de la Suisse, à cause des variantes considérables et des altérations nombreuses que l'on a remarquées dans le texte, en le comparant avec celui des traductions antérieures. L'on y voit en effet que les pasteurs, qui ont été chargés de ce travail, ont porté un esprit presque tont humain dans la traduction de ce livre divin'; ils ne rendent pas les pensées des écrivains sacrés dans leur antique et primitive simplicité; ils donnent au texte une physio

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