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(Mercredi 26 février 1817.)

(N°. 266.)

Supplément aux articles insérés précédemment dans ce Journal sur la circonscription des diocèses.

Puisque la nouvelle circonscription des diocèses n'est pas encore arrêtée, ou que du moins elle n'est pas publiée, et que la conclusion définitive des négociations a éprouvé quelque retard, nous sommes encore à temps d'émettre quelques idées sur ce sujet, ou plutôt de faire part de nouvelles observations qui nous ont été adressées. Notre plan, en même temps qu'il a trouvé des approbateurs, a essuyé des critiques dont nous nous consolerons bien volontiers si elles peuvent procurer des notions exactes sur un objet qui intéresse l'Eglise de France en général, et chaque diocèse en particulier. Nous ne voulons que le bien, et nous serons contens si on l'obtient par d'autres voies que celles qui nous étoient d'abord venues dans l'esprit. C'est dans cette intention que nous allons rapporter la substance de plusieurs lettres qui nous sont parvenues, et qu'il nous a paru bon de consigner ici, pour redresser ou pour confirmer ce que nous avons dit.

La première lettre est de Carcassonne. Nous avions supposé qu'on pouvoit réunir à ce diocèse celui d'Aleth, en même temps qu'on rétabliroit le siége de Narbonne. Cet arrangement, nous écrit-on, présenteroit plusieurs inconvéniens. D'abord, l'ancienne circonscription de Narbonne étoit telle qu'il falloit nécessairement passer par Carcassonne pour se renTome XI. L'Ami de la Religion et du Ror. E

dre dans certaines parties du diocèse, par exemple, à Limoux, et dans plus de trente paroisses qui étoient aussi de Narboune; il n'y a pas d'autre route, à moins de passer par des montagues, où il n'existe de chemin que pour les chèvres. De plus, l'évêque de Carcassonne, seroit obligé, de son côté, de traverser le canton de Limoux pour aller à Aleth; de sorte que les deux diocèses se croiseroient d'une manière tout-à-fait irrégulière et bizarre. Si l'on vouloit donc adopter la réunion proposée, il faudroit distraire de Narbonne quelques parties qui feroient la jonction du diocèse de Carcassonne avec le diocèse d'Aleth. L'auteur de la lettre fait ensuite une observation générale, que nous ne faisons aucune difficulté de rapporter, lant nous sommes de bonne foi dans cette affaire; c'est qu'il est très-facile de faire de semblables arrangemens sur le papier; mais que dans l'exécution, ils souffrent un peu plus de difficultés, et que la connoissance de toutes les localités est indispensable pour prévenir des erreurs et des méprises qui auroient de fâcheuses conséquences. Ne seroit-il pas nécessaire ajoute-t-on, de consulter les évêques ou ceux qui ont été sur les lieux, et qui sont au fait des détails que l'on ignore dans l'éloignement; et ne s'expose-t-on pas sans cela à unir ce qui n'est pas susceptible de l'être, et à séparer ce qui devroit être uni? Ce n'est point avec une carte et un Almanach ecclésiastique que l'on peut faire bien une semblable opération. L'auteur de la lettre verra du moins que nous ne dissimulons pas ses objections, et que nous sommes les premiers à entrer dans ses vues. Il regarde eucore comme un inconvénient de la mesure proposée, que vingt-cinq paroisses environ de l'ancien diocèse d'A

leth font actuellement partie du département des Pyrénées-Orientales, et que cinq ou six autres sont de l'Arriége; ce qui obligeroit l'administration diocé→ saine à correspondre avec deux ou trois préfets. Nous avouons qu'il ne nous paroît pas que ce fût là un inconvénient bien grave. Ce n'est que depuis peu que Pon s'est accoutumé à faire cadrer bien symétriquement la division ecclésiastique avec la division civile, et Fon reviendroit bientôt aux anciennes habitudes.

La seconde lettre est relative à l'archevêché d'Embrun, dont nous avions indiqué la suppression comme probable. M. l'abbé de S. croit que le rétablissement d'Embrun seroit à désirer pour le Briançonnois et les parties environnantes, pays de montagnes qui ont plus de besoin de la proximité de l'autorité, et qui méritent d'autant plus de considération qu'ils ont toujours fourni beaucoup d'ecclésiastiques, et qu'ils en fournissent encore malgré l'état actuel du clergé. Il fait valoir, en faveur d'Embrun, que c'étoit un archevêché qui, à ce titre seul, mérite quelque préférence; que la cathédrale est une des plus belles de France; qu'elle subsiste, et est même assez ornée; que le palais des archevêques est dans son entier; qu'à la vérité le tribunal y tient ses séances, mais qu'il seroit aisé de lui trouver un autre local; que le séminaire et le college subsistent également et pourroient être rendus à leur destination, et qu'il seroit dommage de ne pas profiter de ces édifices qui ont été conservés, et qui semblent appeler d'eux-mêmes les établissemens auxquels ils étoient consacrés. Nous laissons le lecteur peser ces motifs, et nous nous acquittons au moins par cet exposé de ce qu'on nous avoit demandé en faveur du siége d'Embrun.

dont on s'accorde à réclamer le rétablissement. Nons avons déjà exposé les raisons qui appuient cette réclamation, l'ancienneté de ce siége, l'étendue de son territoire, la sainteté de plusieurs de ses évêques, l'existence de ses principaux établissemens, les vœux des peuples. Les diocèses voisins sont déjà très-grands. Que seroit-ce si on les augmente encore de celui-ci ? La ville de Tonl à, dit-on, présenté à cet égard une demande fort bien motivée, et nous voyons par plu sieurs lettres que le clergé de ce diocèse conserve un tendre attachement pour l'Eglise où il a été formé à l'état ecclésiastique. Vous ne comptez, dit un de nos correspondans, que huit évêques de Toul qui ont reçu un culte public; il y en a quatorze, comme on le voit par le rituel de cette église. Cette observation n'est sûrement pas la plus forte des considérations qui plaident pour ce siége; cependant elle n'est point à dédaigner, quand elle vient après tant de motifs puissans et dignes de fixer l'attention des personnes qui doivent décider ces questions, et qui, nous le savobs, désirent surtout d'être éclairées sur ce qui est le plus avantageux à la religion.

La dernière leure dont nous ferons mention, est relative au siége de Cominges. L'auteur, après nous avoir remercié de l'opinion que nous avions émise sur Je rétablissement de ce siége, ajoute de nouvelles raisons. Ce diocèse comprenoit, dit-il, non pas seulement deux cent soixante-six cures, mais trois cent deux,' sans compter cent soixante-neuf annexes. La ville de Saint-Bertrand offre toujours tout ce dont on auroit besoin. Le nombre des bénéficiers y étoit considérable, et tons étoient convenablement logés; ceux qu'on y établiroit le seroient aisément et à un prix

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modique. La cathédrale a toujours été entretenue
avec soin; elle est citée parmi les monumens du
midi, par la beauté de son architecture et la soli-
dité de sa construction. Sa conservation doit inté-
resser les arts comme la religion. Le palais de l'évê-
que n'est point dégradé. La ville domine une plaine
fertile, Saint-Gaudens se trouve vers une des extré-
mités du diocèse et vers la partie la moins peu-
pléc, tandis que
Saint-Bertrand est centrale et entou-
rée de la partie la plus forte de la population. Cette
église compte dans ses annales de saints personnages,
des cardinaux, des princes du sang de nos Rois. Elle
a eu pour évêques le cardinal Pierre de Foix, Jean
de Foix, Pierre d'Albret, Charles II de Bourbon.
Le pape Clément V l'avoit aussi gouvernée, et il y
établit un jubilé qui appelle dans la cathédrale un
grand concours de fidèles. J'ai entendu dire que nous
étions trop éloignés pour qu'on pensât à nous. J'ai
peine à croire qu'un semblable motif pût avoir quel-
que poids dans l'esprit des arbitres de notre sort; ils
ne se décident point certainement par de telles con-
sidérations.

Telles sont les observations principales dont nous avions à entretenir le lecteur. Nous avons cru devoir, et à la nature du sujet, et au désir de nos abonnés de faire mention de leurs vues sur des arrangemens qui se méditent en ce moment, et qui intéressent tous les diocèses. Puissions-nous avoir à annoncer prochaiBement une conclusion que l'Eglise de France attend avec anxiété, et dont le retard prolongé étonne et afAlige les ecclésiastiques et les fidèles!

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