Oldalképek
PDF
ePub

Les bras; adieu, vous aussi que nous n'avons pu changer, vous qui n'avez pas voulu nous entendre, vous surtout qui avez fait tant d'efforts pour troubler nos exercices, et qui avez mis tant de persévérance à calomnier notre ministère, adieu; vous nous aviez vu avec douleur arriver parmi vous, notre présence étoit pour vous un supplice; chaque jour peut-être vous soupiriez après notre départ; nous partons! Dieu sans doute ne nous a pas jugés digues de vous ramener à lui; mais nous ne cesserons de vous aimer et de prier pour vous le Père des miséricordes. Il me faut descendre de cette chaire. Adieu, fidèles de cette édifiante paroisse, adieu, fideles de cette ville, adieu, chrétiens, nous nous reverrons dans le ciel ». Nous ne rendons pas le spectacle qu'offroit en ce moment l'église. L'émotion étoit générale, et ce fut au milieu des larmes et des gémissemens que le missionnaire descendit de cette chaire, où nous ne devions plus le revoir. Le silence qui suivit ne fut plus interrompu par le chant des cantiques, comme les jours précédens. Les filles de Sion ne retrouvoient plus leurs voix, la douleur avoit fait taire leurs accords. L'impression étoit la même dans les autres églises de la station, où d'autres missionnaires parloient à la même heure. Le lendemain 17, les missionnaires partirent, à l'exception de M. l'abbé Rauzan, encore retenu par son indis position. Une foule d'habitans les accompagnèrent depuis l'évêché jusqu'à l'extrémité du faubourg. Plusieurs voitures particulières suivoient la voiture publique qui les menoit sur la route de Bordeaux. Un grand nombre de jeunes gens à cheval l'entouroit. M. l'abbé Guillon monta lui-même à cheval pour leur faire honneur, et s'entretenir avec eux. On se sépara au Pont-Péan, à deux lieues de la ville. Les missionnaires y acceptèrent quelques rafraîchissemens, et M. l'abbé Guillon porta la santé de la ville de Rennes. On se donna des marques mutuelles d'intérêt et d'attachement. Adicu donc, puisqu'il le faut, dit le journal de Rennes, adieu, hommes vraiment apostoliques; portez ailleurs les bienfaits de votre éloquence et de votre zèle. Vous avez promis aux Rennois qu'ils seroient toujours présens à votre coeur; les notres vous suivront partout où vous irez. Privés de votre présence, nous conserverons et votre souvenir et le bien que vous nous avez fait. Ce n'est pas seulement la foi et les mœurs que vous avez fait revivre, vous avez éteint nos haines, ef

facé nos divisions. Nous serons et plus chrétiens et plus fran çois. Nous n'oublierons jamais les sermens reçus au pied de cette croix que nous vous devons, et autour de laquelle une foule pieuse revient tous les jours repasser vos leçons.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Le dimanche 2 mars, il y a eu grande réception chez le Roi. Les Princes, les ministres, les maréchaux de France, un grand nombre de fonctionnaires publics, d'officiers-généraux, de pairs, de députés, ont été admis à faire leur cour à S. M.

Le même jour, il y eu une grande revue sur la place du Carrousel. MONSIEUR et les deux Princes ses fils ont passé en revue environ 12,000 hommes de troupes, tant de la garde royale, que d'autres corps. Ils ont passé dans les rangs, et les troupes ont ensuite défilé devant LL. AA. RR. Un temps superbe a favorisé cette revue, qui avoit attiré beaucoup de spectateurs. Les cris de Vive le Roi! vivent les Bourbons! ont été unanimement répétés.

Mr. le duc d'Angoulême a adressé une somme de 1000 francs à M. de Kerespert, sous-préfet de Fougères, pour les indigens de cet arrondissement.

- M. le prince de Talleyrand a repris son service comme grand chambellan.

--

Le montant des legs et donations faits dans le royaume à des établissemens de charité, pendant 1816, s'élève à la somme de 1,566,425 fr. 36 cent. Les six départemens où ces dons ont été le plus considérables, sont la Seine, l'Aube, Seine et Oise, la Côte-d'Or, les Vosges et la Haute-Garonne. Dans le premier, les donations se sont élevées à 173,685 fr., et dans le second à 94,943 fr.

[ocr errors]

M. Pepin de Bellisle, préfet de la Creuse, est nommé préfet de la Dordogne. M. Garnier, sous préfet de Coulom-. niers, est préfet de la Creuse. M. Dessoles, préfet de l'Indre, passe à la préfecture des Basses-Pyrénées; et M. de Cotton, membre de la chambre des députés, est fait préfet de Vaucluse.

-

Une ordonnance du Roi maintient les écoles d'arts et de métiers de Châlons-sur-Marne et d'Angers. Le nombre des élèves est fixé à cinq cents.

Une autre ordonnance nomine M. Bruyère directeur des travaux de Paris.

[ocr errors]

- Les marchands de vin de Paris ont fait une collecte pour les pauvres, qui a produit plus de 3000 fr. Les marchands de bois ont donne 500 fr. pour le même objet.

- Un maréchal-des-logis et trois gendarmes ont été dernièrement traduits en justice pour escroqueries et concussions. Le premier a été condamné à sept ans de fers et au carcan, et un autre à deux ans de prison. Le public a applaudi à cette juste sévérité envers des hommes chargés de réprimer les délits même dont ils se sont rendus coupables, et qui ont donné un exemple, heureusement fort rare, de malversations dans des fonctions destinées à les empêcher ou à les punir.

- Des voleurs se sont introduits une des dernières nuits dans l'église Saint-Roch, ont brisé les troncs et emporté l'argent qu'ils y ont trouvé, ainsi que le linge qui étoit resté sur plusieurs autels. On ne connoît pas encore les auteurs de ce vol, qui, par une de ces lacunes dont notre Code offre quelques exemples, n'est pas puni plus sévèrement que toute autre espèce de vol. On avoit voulu rayer de la législation tout ce qui se rapportoit à Dieu et à la religion. On sentira sans doute le vice et les dangers de ce systême tout philosophique. La reine d'Espagne est dans le cinquième mois de sa grossesse. Cette nouvelle a été annoncée officiellement.

-En Angleterre, le bill de suspension de l'acte d'habeas corpus a été adopté dans la chambre des pairs, à la majorité de 115 voix contre 35. Dix-huit pairs, ayant à leur tête le duc de Sussex, un des fils du Roi, ont protesté. On discute en ce moment le même bill à la chambre des communes.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Le 28 février, au commencement de la séance, M. Magnier Grandpré, parlant au nom de la commission des douanes, annonce 'qu'elle a été d'avis de maintenir l'interdiction par terre des denrées coloniales et la réexportation des tissus de fabrique étrangère. La discussion sur les douanes s'ouvrira immédiatement après le budget. L'ordre du jour appelle la délibération sur les dépenses de la guerre. M. d'Ambrujeac établit que toute réduction est impossible dans le paiement de l'armée active ou inactive; il faudroit, au contraire, compléter les cadres. Quant aux états-majors, à l'administration et au matériel, on peut faire des réformes, mais le montant des économies ne sauroit excéder 12 millions. La meilleure garantie de la France, dit l'orateur en finis

sant, sera une bonne et fidèle armée; ce sera la plus ferme base de la légitimité. Il conclut à ce que le budget de la guerre soit fixé à 204 milHous. M. Savoye-Rollin le réduit à 180 millions, attendu qu'on peut faire de grandes économies sur les marchés de vivres et de fourrages, où il y a trop à gagner, L'opinant blâme surtout un marché fait en 1814. M. Tabarie répond que ce marché a été passé sous le ministère de M. le comte Dupont, et qu'on a été obligé de l'augmenter cette année sur l'avis d'une commission prise dans les deux chambres. M. Clausel de Coussergues attaque l'article du budget qui accorde 1,900,000 fr. à des réfugiés Espagnols, Portuguais et Egyptiens. Cette somme, dit il, est supérieure à l'impôt foncier de tout un département, et la taxe des huiles, si péniblement accordée, ne rapportera pas davantage cette année. M. de Barante a comparé ces réfugiés aux émigrés; mais peut-on mettre des royalistes fidèles sur la même ligne que des Espagnols infidèles à leur Roi, que des Mamelucks? Ce seroit comparer les soldats de Spartacus et de Catilina aux guerriers romains qui passèrent la mer avec le sénat et les consuls. Doit-on quelque chose aux ennemis des Bourbons, aux courtisans de Joseph, à des hommes qui ont vu avec joie le 20 mars? Ils touchent des secours plus forts que ceux des magistrats dans les départemens où ils ont un asile, et cela pendant que dans le budget il n'y a pas un article pour les François qui ont tout perdu par suite de leur attachement à la cause royale, et qui n'ont pas retrouvé même leurs foyers. M. Clausel conclut à ce qu'on accorde un trimestre à ces réfugiés, et qu'on les renvoie. M. le ministre de l'inté rieur invoque en leur faveur l'hospitalité, la pitié, l'honneur. Ces seeours leur sont payés depuis quelques années; il y auroit une extrême rigueur à les en dépouiller. Les ressentimens des passions, dit le ministre, s'éteignent peu à peu. Les rois sont comme ces pères de famille irrités qui ferment la maison paternelle à des enfans coupables, mais qui ne sont pas fâches qu'on intercède pour eux; et le temps, le plus inexorable des souverains, a aussi son droit de grâce. Applandissemens. M. Boursier vote dans le sens de MM. d'Ambrujeac et Sartelon. M. Jobez demande qu'on imprime la liste des officiers à demi-solde, et qu'on réduise le budget de la guerre à 180 millions, Il inculpe durement le ministre de la guerre pour avoir dépassé son budget, et énonce des soupçons sur l'emploi des fonds. Ce discours a éte interrompu par de fréquens murmures. M. Dudon, commissaire du Roi, s'étonne de ce qu'on parle de préventions contre un ministre honoré de la confiance du Ror, et qui a proposé lui-même d'imprimer la liste qu'on lui demande. M. le général Erncuf s'afflige d'avoir vu cette tribune devenue le théâtre d'une diatribe indécente. Il venge le ministre, et vote pour que le crédit soit de 204 millions. D'excessives économies rendroient impossible le récrutement de l'armée; on n'improvise pas des bataillons avec des amendemens. La discussion est fermée M. Roy, rapportenr, résume les objections. M. Tabarie félicite l'armée d'avoir trouvé des orateurs dignes de la défendre, et conclut au maintien de la proposition ministérielle. La priorité est accordée à l'amendement de MM. Sartelon et d'Ambrujean, et le budget de la guerre n'est réduit que de 8 millious, au lieu de 16 qu'avoit demaudés la commission. On

met ensuite aux voir les différens articles de dépenses. La liste des soldes, demi-soldes et traitemens sera imprimée. MM. Sartelon et d'Ambrujeac avoient proposé de convertir les demi-soldes en soldes de retraites pour ceux qui le désirerojent. La question préalable est invoquée et rejetée. L'assemblée devient tumultueuse. Les uns demandent à aller aux voix, les autres proposent de renvoyer à la commission. Après quelques débats, la suite de la délibération sur cet article est renvoyée au lendemain.

Le er. mars, M. le président déclare, an nom de MM. Sartelon et d'Ambrujeac, qu'ils renoncert à leur amendement. La discussion s'ouvre sur le budget de la marine. M. Dudon, commissaire du Roi, annonce que S. M. a approuvé les améliorations faites par la commission au travail des ministres; mais il pense que la chambre accordera an ministre de la marine les 50 millions qu'il a demandés. Il faut faire quelque chose pour les colonies, et ne pas leur donner lieu de regretter le temps où elles obéissoient à une puissance étrangère. Op a dit que M. Malouet avoit avancé que les colonies pouvoient se suffice à elles-mêmes; il les connoissoit trop bien pour hasarder cette assertion, et, au contraire, à l'assemblée constituante, il annonça que négliger les colonies c'étoit perdre aussi la marine. M. Duvergier de Hauranne plaide en faveur des colonies, auxquelles il veut qu'on affecte 6 miltons. L'économie proposée anéantiroit une source de prospérité, Œ diminueroit la masse des productions de notre commerce. L'orateur désireroit que l'on rétablit les conseils coloniaux, élus par les principaux habitans. M. le contre-amiral Daugier vote pour les 50 millions, et rappelle qu'en 1814, M. Malouet avoit demandé 60 millions, et qu'on lui en accorda 51. M. de Puymaurin combat aussi les calculs de la commission, et montre les besoins de la Martinique, de la Guadeloupe et des autres colonies. M. de Sainte-Aldegonde applaudit au tra vail de la commission, et propose néanmoins d'ajouter 2 millions pour fes colonies. It croit qu'on pourroit épargner sur les constructions navales, sur l'exagération des approvisionnemens, sur les frais de l'administration centrale. M. Begourn fait voir qu'on ne peut diminuer ce budget saus nuire au commerce, à l'industrie, et sans faire un fort grave à nos colonies. Il demande 48 millions, dont 6 pour les colonies. M. Néel prend un terme moyen, et propose 46 millions. M. Cotton prend la défense de divers articles de dépenses, et surtout des armemens et la composition du corps de la marine; ce soin, dit-il, ne regarde que le Roi. Il vote 48 millions. M. Roy persiste dans les 44 millions proposés par la commission. Tout le monde appelle des économies; mais quand il s'agit de les réaliser, aucune ne se trouve possible. Avons-nous besoin de vingt-huit vice amiraux, de vingt contreamirans, etc.? Nous n'avons plus Saint-Domingue, ni l'Ile de France. Le ministre de la marine prend la parole. Ce n'est qu'après avoir réfléchi sur la nécessité de l'économie qu'il avoit demandé 48,823,554 fr. Il se restreint à la rigueur à 48 millions, et entre dans des calculs sur les frais de l'administration. Le président résume les divers amendemens. M. Courvoisier demande la priorité pour l'article de la commission, dont le travail, dit-il, a obtenu l'assentiment du Roi. M. de

« ElőzőTovább »