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admis à cet unique mystère, qu'ambitieux de pénétrer tous les autres.

Aussi les philosophes n'ont-ils rien négligé pour nous apprendre une chose si ardemment désirée. Théories, systèmes, hypothèses, moyens pris dans l'expérience, moyens cherchés hors de l'expérience, tout a été épuisé.

Mais ceux qui ont fait de l'évidence la règle de leurs jugemens, ceux qu'une sage réserve tient en garde contre l'autorité des noms, contre les séductions du talent, contre les prestiges de l'imagination; ceux-là se sont toujours refusés à des interprétations qui n'étaient qu'ingénieuses.

Les difficultés naissaient des difficultés, parce qu'on manquait des données nécessaires. A peine avait-on remarqué les causes de nos idées, et, une seule exceptée (1), leurs origines étaient totalement inconnues.

Nous essaierons de porter la lumière sur ces

(1) La sensation.

causes inaperçues, de mettre à découvert ces origines cachées. Si les idées naissent et se développent sous nos yeux, il nous sera facile d'observer la manière dont se forme l'intelligence de l'homme, de déterminer les conditions de sa possibilité, d'assigner la raison de son existence; et le problème fondamental de toute philosophie se trouvera résolu (1).

Quel sera le sort d'une entreprise dans laquelle tant d'autres ont échoué? Faut-il céder à la crainte? est-il permis de se livrer à l'espérance? Que, du moins, on épargne le reproche de présomption.

(1) La solution de ce problème est l'objet spécial des deux volumes que nous donnons au public. On peut les considérer comme faisant partie d'un cours de philosophie. On peut aussi les considérer comme formant un tout complet; et alors, le titre qu'on lit à la tête de cet ouvrage, Essai sur les facultés de l'âme, devrait être remplacé par le suivant, Des Causes et des Origines de l'intelligence de l'homme, ou plus brièvement, Des Principes de l'intelligence de l'homme. Voyez la douzième et dernière leçon du second volume.

Il est vrai que nous osons nous flatter de tenir, s'il est permis de le dire, les premiers ressorts de la pensée, les divers élémens de la sensibilité, les principes enfin qui donnent la vie à l'intelligence. Mais ces principes, lorsqu'ils sont venus s'offrir à nous, nous ne les avons pas adoptés à la légère et sans examen. Objet d'un enseignement qui remonte au delà de trente années, ils ont assez long-temps subi l'épreuve des contradictions; exposés, d'un côté, à blesser d'anciens préjugés, des opinions en crédit, quelquefois, peut-être, les délicatesses de l'amour-propre ; de l'autre, combattus par des raisonnemens, tour à tour pleins de force, d'adresse et de subtilité, ils peuvent n'avoir pas, jusqu'ici, triomphé de toutes les résistances; mais ils ont su repousser toutes les attaques.

Combien cependant on serait loin de la vérité, si l'on supposait qu'en renonçant à l'heureuse obscurité des écoles, nous avons pu songer à une gloire tardive, ou à quelques vains applaudissemens! Notre unique pensée,

notre unique but a été de remplir une tâche qui nous était imposée (1).

(1) M. de Fontanes, grand-maître de l'Université de France, regardait comme le premier de ses devoirs celui d'encourager le zèle des professeurs. Ayant pris connaissance des leçons que nous donnions à la faculté des lettres de Paris, et que nous avions données autrefois à l'université de Toulouse (au collége de l'Esquile), il voulut bien nous dire qu'il les jugeait utiles à l'instruction de la jeunesse, et qu'il désirait qu'elles fussent imprimées. Un tel désir, et plus encore, un tel suffrage, durent forcer notre consentement.

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LA

PREMIÈRE LEÇON.

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De la méthode.

nature, toujours variée dans les ouvrages qu'elle expose nos regards, peut avoir mis autant de différence entre les esprits qu'elle en a mis entre les corps. Elle peut avoir donné à l'intelligence de chaque homme un caractère propre qui la distingue de toutes les autres; mais ces inégalités primitives, si elles existent, s'effacent bientôt devant les grandes inégalités qui viennent de l'art et de la puissance des méthodes. Un enfant, aidé d'un levier, est plus fort qu'Hercule livré à ses propres forces. Celui qui connaît l'artifice des chiffres, étonnera le génie d'Archimède, si Archimède ne calcule que dans sa tête ou avec ses doigts.

«Je n'ai jamais cru, dit Descartes, avoir été

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