Oldalképek
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Veut peindre de son fils l'aventure cruelle,
Et deux fois il échappe à la main paternelle.
Long-temps sur ces objets, ces merveilles de l'art,
Le héros laisse errer un avide regard.
Achate enfin arrive, avec lui la prêtresse;
Au Troyen, en ces mots, la Sibylle s'adresse:
«Le temps presse, venez, laissez là ces tableaux;
» Quatre jeunes brebis, quatre jeunes taureaux
» Doivent à ces autels tomber en sacrifice. »
Elle dit: ces présens rendent le ciel propice;
Et la prêtresse au temple appelle les Troyens.
Un antre fut taillé dans les rocs Eubéens,

Où cent larges chemins, où cent portes conduisent:
De là les saints trépieds par cent voix nous instruisent.
Ils avancent; soudain, pleine d'un saint transport,
« Il est temps, il est temps d'interroger le sort:
» Le dieu vient, le dieu vient ; il m'agite, il me presse;
» Fils d'Anchise, écoutez la voix de sa prêtresse!
» C'est lui-même, c'est lui; je le sens, je le vois! »
Devant la porte auguste ainsi tonne sa voix.
Mais à son dieu déjà tous ses sens s'abandonnent;
Ses cheveux, son regard, ses traits se désordonnent;
Son sein bat et se gonfle, et mugit de fureur.
Mais, lorsque de plus près le dieu parle à son coeur,
Alors son air, sa voix n'ont rien d'une mortelle :
«Hâte-toi, fils des dieux! qu'attends-tu donc? dit-elle :

Phoebe, graves Troja semper miserate labores,
Dardana qui Paridis direxti tela manusque
Corpus in acidæ, magnas obeuntia terras
Tot maria intravi, duce te, penitùsque repostas
Massylum gentes, prætentaque Syrtibus arva;
Jam tandem Italiæ fugientis prendimus oras:
Hàc Trojana tenus fuerit fortuna secuta.

Vos quoque Pergameæ jam fas est parcere genti,
Dique deæque omnes quibus obstitit Ilium, et ingens
Gloria Dardaniæ. Tuque, o sanctissima vates,
Præscia venturi, da, non indebita posco
Regna meis fatis, Latio considere Teucros,
Errantesque deos, agitataque numina Trojæ.
Tum Phoebo et Trivia solido de marmore templum
Instituam, festosque dies de nomine Phoebi.
Te quoque magna manent regnis penetralia nostris :
Hic ego namque tuas sortes, arcanaque fata
Dicta meæ genti, ponam, lectosque sacrabo,
Alma, viros. Foliis tantùm ne carmina manda,

» Quand commenceras-tu tes prières, tes vœux? » Parle : c'est à ce prix que répondront mes dieux, » Et que s'ébranleront ces portes redoutables. » Elle dit, et se tait. A ces sons formidables Il frémit, il s'écrie: « O divin Apollon! » Toi qu'attendrit toujours le malheur d'Ilion, » Qui des traits de Pâris perças le fier Achille; » C'est toi qui, par la main guidant mon cours docile, » A travers tant d'écueils et tant de vastes mers » Dont l'humide ceinture embrasse l'univers,

» Et les sables brûlans des rives africaines,

» Et des Massyliens les peuplades lointaines,

» M'as conduit sur ces bords. Enfin un sort plus doux » Nous livre ces beaux lieux qui fuyoient devant nous : » Termine enfin ici les malheurs de Pergame!

» Et vous, déesses, dieux, que le fer et la flammę
» Ont enfin délivrés de ces fameux remparts
» Dont la gloire importune offensoit vos regards,
» Aplanissez pour nous la mer et les obstacles;
» Dégagez, il est temps, la foi de nos oracles.
» Et toi, sainte prêtresse, accorde-nous enfin
» Ce que depuis long-temps m'accorde le Destin,
» Et fixe en ces climats notre fortune errante!
» Pour prix de ce bienfait ma main reconnoissante
» Bâtira d'un beau marbre un somptueux séjour
» A la reine des nuits, au dieu brillant du jour :

Ne turbata volent rapidis ludibria ventis:
Ipsa canas, oro. Finem dedit ore loquendi.
At, Phoebi nondum patiens, immanis in antro
Bacchatur vates, magnum si pectore possit
Excussisse deum: tantò magis ille fatigat

Os rabidum, fera corda domans, fingitque premendo.
Ostia jamque domûs patuere ingentia centum
Sponte suâ, vatisque ferunt responsa per auras:
O tandem magnis pelagi defuncte periclis!
Sed terrâ graviora manent. In regna Lavinî
Dardanidæ venient, mitte hanc de pectore curam;
Sed non et venisse volent: bella, horrida bella,
Et Thybrim multo spumantem sanguine cerno.
Non Simoïs tibi, nec Xantus, nec Dorica castra,
Defuerint: alius Latio jam partus Achilles,
Natus et ipse deâ ; nec Teucris addita Juno
Usquam aberit. Quum tu supplex, in rebus egenis,
Quas gentes Italûm, aut quas non oraveris urbes!
Causa mali tanti conjux iterum, hospita Teucris,
Externique iterum thalami.

Tu, ne cede malis; sed contrà audentior ito,

Quà tua te fortuna sinet. Via prima salutis,

>> De tes accens sacrés et de tes saints mystères,
» Là, des hommes choisis seront dépositaires;
» J'en fais ici le voeu. Mais aux vents indiscrets
confier tes éternels décrets,

»Ne va pas » Graver l'ordre des dieux sur la feuille mobile: » Parle, parle toi-même. » Il dit, et la Sibylle De son antre profond, terrible, l'oeil en feu, Impatiente encor, lutte contre le dieu. Plus elle se débat, et plus il la tourmente, S'imprime dans son cœur, sur sa bouche écumante, Façonne son maintien, ses paroles, ses traits, Et lui souffle des sons dignes de ses décrets. D'elles-mêmes alors les cent portes s'ouvrirent, Et ces accens sacrés dans les airs retentirent: «Fais taire tes frayeurs, chef d'illustres bannis; » Oui, sur les flots enfin tes malheurs sont finis. » Mais que la terre encor te garde de tempêtes! » Oui, je les garantis tes illustres conquêtes: » Les Troyens obtiendront les champs de Latinus; » Mais à quel prix sanglant ils seront obtenus! »Je vois, je vois la guerre, et le meurtre, et la rage, » Et le Tibre effrayé regorgeant de carnage. » Là, de Bellone encor tu verras le drapeau, » Un nouveau Simoïs, un Achille nouveau, » Né comme le premier du sang d'une déesse. » Là, de Junon encor la haine vengeresse

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