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Heureux trois fois celui qu'une si douce vie
Conduit vers une heureuse mort!

Si tu veux mériter, si tu veux croître en grâce,
Ne t'estime ici-bas qu'un passant, qu'un banni;
Parois fou pour ton Dieu, prends ce zèle infini
Qui court après l'opprobre et jamais ne s'en lasse.
2. La tonsure et l'habit sont bien quelques dehors,
Mais ne présume pas que les gênes du corps
Fassent l'âme religieuse;

C'est au détachement de tes affections

Qu'au milieu d'une vie âpre et laborieuse
En consistent les fonctions.

Cherche Dieu, cherche en lui le salut de ton âme,
Sans chercher rien de plus dessous cette couleur :
Tu ne rencontreras qu'amertume et douleur,
Si jamais dans ton cloître autre désir t'enflamme.
Tâche d'être le moindre et le sujet de tous,
Ou ce repos d'esprit qui te semble si doux
Ne sera guère en ta puissance.

3. Veux-tu le retenir? Souviens-toi fortement
Que tu n'es venu là que pour l'obéissance,
Et non pour le commandement.

2. Habitus et tonsura modicum conferunt, sed mutatio morum et integra mortificatio passionum verum faciunt Religiosum. Qui aliud quærit quam pure Deum et animæ suæ salutem, non inveniet nisi tribulationem et dolorem. Non potest etiam diu staré pacificus, qui non nititur esse minimus et omnibus subjectus.

3. Ad serviendum venisti, non ad regendum; ad patiendum et laborandum scias te vocatum, non ad otiandum vel fabulandum. Hic ergo probantur homines, sicut aurum in fornace (Sap. iij, 6.); hic nemo potest stare, nisi ex toto corde se voluerit propter Deum humiliare.

Le cloître n'est pas fait pour une vie oisive,
Ni pour passer les jours en conversation,
Mais pour une éternelle et pénible action,
Pour voir les sens domtés, la volonté captive.
C'est là qu'un long travail n'est jamais achevé,
C'est là que pleinement le juste est éprouvé
De même que l'or dans la flamme;

Et c'est là que sans trouble on ne peut demeurer,
Si cette humilité qui doit régner sur l'âme
N'y fait pour Dieu tout endurer.

I.

TU

CHAPITRE XVIII.

DES EXEMPLES DES SAINTS PÈRES.

u vois en tous les Saints de merveilleux exemples;

C'est la pure religion,

C'est l'entière perfection

Qu'en ces grands miroirs tu contemples:
Vois les sentiers qu'ils ont battus,

Vois la pratique des vertus

Aussi brillante en eux que par toi mal suivie.
Que fais-tu pour leur ressembler?

Et quand à leurs travaux tu compares ta vie,
Peux-tu ne point rougir, peux-tu ne point trembler?

CAP. XVIII. 1. Intuere sanctorum Patrum vivida exempla, in quibus vera perfectio refulsit et religio; et videbis quam modicum sit et pene nihil quod nos agimus. Heu! quid est vita nostra, si illis fuerit comparata? Sancti et amici CHRISTI Domino servierunt in fame et siti, in frigore et nuditate, in labore et fatigatione, in vigiliis et jejuniis (II. Cor. xj, 27. ), in orationibus et meditationibus sanctis, persecutionibus et opprobriis multis.

in

La faim, la soif, le froid, les oraisons, les veilles,

Les fatigues, la nudité,

Dans le sein de l'austérité

Ont produit toutes leurs merveilles ;

Les saintes méditations,

Les longues persécutions,

Les jeûnes et l'opprobre ont été leurs délices s;

Et, de Dieu seul fortifiés,

Comme ils fuyoient la gloire et cherchoient les supplices, Les supplices enfin les ont glorifiés.

2. Regarde les Martyrs, les Vierges, les Apôtres,
Et tous ceux de qui la ferveur

Sur les sacrés pas du Sauveur
A frayé des chemins aux nôtres :
Combien ont-ils porté de croix,
Et combien sont-ils morts de fois
Au milieu d'une vie en souffrances féconde,
Jusqu'à ce que leur fermeté,

A force de haïr leurs âmes en ce monde,
Ait su les posséder dedans l'éternité ?

Ouvrez, affreux déserts, vos retraites sauvages,
Et des Pères que vous cachez,

Dans vos cavernes retranchés,
Laissez-nous tirer les images;

2. O! quam multas et graves tribulationes passi sunt Apostoli, Martyres, Confessores, Virgines, et reliqui omnes qui CHRISTI vestigia voluerunt sequi! nam animas suas in hoc mundo oderunt, ut in æternam vitam eas possiderent. (Joan. xij, 25.) O! quam strictam et abdicatam vitam sancti Patres in eremo duxerunt! quam longas et graves tentationes pertulerunt! quam frequenter ab inimico vexati sunt! quam crebras et fervidas orationes Deo obtulerunt! quam rigidas abstinentias peregerunt! quam magnum zelum et fervorem ad spiritualem profectum

Montrez-nous les tentations,

Montrez-nous les vexations

Qu'à toute heure chez vous du Diable ils ont souffertes;
Montrez par quels ardents soupirs

Les prières qu'à Dieu sans cesse ils ont offertes
Ont porté dans le ciel leurs amoureux désirs.

Jusques où n'ont été leurs saintes abstinences?
Jusques où n'ont-ils su pousser

Le zèle de voir avancer

Les fruits de tant de pénitences?
Qu'ils ont fait de rudes combats
Pour achever de mettre à bas
Cet indigne pouvoir dont s'emparent les vices!
Qu'ils se sont tenus de rigueur!

Que d'intention pure en tous leurs exercices
Pour rendre un Dieu vivant le maître de leur cœur !

Tout le jour en travail, et la nuit en prière,
Souvent ils mêloient tous les deux,

Et leur cœur poussoit mille vœux
Parmi la sueur journalière :

3. Toute action, tout temps, tout lieu,

Étoit propre à penser à Dieu,

Toute heure étoit trop courte à cette sainte idée ;
Et le doux charme des transports

habuerunt! quam forte bellum adversus edomationem vitiorum gesserunt! quam puram et rectam intentionem ad Deum tenuerunt! Per diem laborabant et noctibus orationi divinæ vacabant, quamquam laborando ab oratione mentali minime cessarent.

3. Omne tempus utiliter expendebant, omnis hora ad vacandum Deo brevis videbatur, et præ magna dulcedine contemplationis etiam oblivioni tradebatur necessitas corporalis refectionis. Omnibus divitiis,

Dont leur âme en ces lieux se trouvoit possédée,
Suspendoit tous les soins qu'elle devoit au corps.

Par une pleine horreur des vanités humaines,
Ils rejetoient et biens et rang,

Et les amitiés ni le sang

N'avoient pour eux aucunes chaînes:
Ennemis du monde et des siens,
Ils en brisoient tous les liens,

De peur de retomber sous son funeste empire;
Et leur digne sévérité

Dans les besoins du corps rencontroit un martyre,
Quand ils abaissoient l'âme à leur nécessité.

Pauvres et dénués des secours de la terre,
Mais riches en grâce et vertu,

Ils ont sous leurs pieds abattu
Tout ce qui leur faisoit la guerre.
Ces inépuisables trésors

De l'indigence du dehors

Réparoient au dedans les aimables misères;
Et Dieu, pour les en consoler,

Versoit à pleines mains sur des âmes si chères
Ces biens surnaturels qu'on ne sauroit voler.

4. L'éloignement, la haine, et le rebut du monde,
Les approchoient du Tout-Puissant,

dignitatibus, honoribus, amicis et cognatis renunciabant : nil de mundo habere cupiebant, vix necessaria vitæ sumebant; corpori servire etiam in necessitate dolebant. Pauperes igitur erant rebus terrenis, sed divites valde in gratia et virtutibus: foris egebant, sed intus gratia et consolatione divina reficiebantur.

4. Mundo erant alieni, sed Deo proximi ac familiares amici: sibi ipsis videbantur tamquam nihili et huic mundo despecti, sed erant in oculis

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