Et voulant ce que Dieu commande, Il n'obéit qu'à Dieu quand il suit ce vouloir. A personne jamais il ne porte d'envie, Ne fait point d'autres vœux, ne veut point d'autre bien. D'aucun bien à personne il ne donne la gloire, Qu'il est de tous les biens le principe et la fin. Que c'est par le secours de sa toute-puissance Que nous pouvons former un vertueux propos, que c'est par sa jouissance Et Que les Saints dans le ciel goûtent un plein repos. Oh! qui pourroit avoir une seule étincelle Que bientôt sa clarté fidèle Lui feroit voir qu'ici tout n'est que vanité! gaudere, sed in Deo super omnia bona optat beatificari: nemini aliquid boni attribuit; sed totaliter ad Deum refert, a quo fontaliter omnia procedunt, in quo finaliter omnes Sancti fruibiliter requiescunt. O! qui scintillam haberet veræ caritatis, profecto omnia terrena sentiret plena fore vanitatis. CHAPITRE XVI. COMME IL FAUT SUPPORTER D'AUTRUI. 1. PORTE avec patience en tout autre, en toi-même, Ce que tu n'y peux corriger, Jusqu'à ce que ce que de Dieu la puissance suprême En ordonne autrement, et daigne le changer. Pour éprouver ta force il est meilleur peut-être Ton mérite par là se fera mieux connoître ; Tu dois pourtant au ciel élever ta prière Afin que sa bonté t'en fasse grâce entière, 2. Quand par tes bons avis une âme assez instruite Entre les mains de Dieu remets-en la conduite, Et ne t'obstine point à la persécuter. CAP. XVI. 1. Quæ homo in se vel in aliis emendare non valet, debet patienter sustinere, donec Deus aliter ordinet. Cogita quia sic forte melius est pro tua probatione et patientia, sine qua non sunt multum ponderanda merita nostra. Debes tamen pro talibus impedimentis supplicare, ut Deus tibi diguetur subvenire et possis benigne portare. 2. Si quis, semel aut bis admonitus, non acquiescit, noli cum eo contendere; sed totum Deo committe, ut fiat voluntas ejus et honor in omnibus servis suis, qui scit bene mala in bonum convertere. Stude Sa sainte volonté souvent veut être faite Par un autre ordre que le tien : Il sait trouver sa gloire en tout ce qu'il projette; Souffre sans murmurer tous les défauts des autres, Et songe qu'en effet nous avons tous les nôtres, Si ta fragilité met toujours quelque obstacle Comment peux-tu d'un autre exiger ce miracle N'est-ce pas le traiter avec haute injustice Et de ne vouloir pas te corriger d'un vice, 3. Nous voulons que chacun soit sous la discipline, Qu'il souffre la correction, Et nous ne voulons point qu'aucun nous examine, Nous blàmons en autrui ce qu'il prend de licence, patiens esse in tolerando aliorum defectus et qualescumque infirmitates, quia et tu multa habes quæ ab aliis oportet tolerari. Si non potes te talem facere qualem vis, quomodo poteris alium ad tuum habere beneplacitum? Libenter habemus alios perfectos, et tamen proprios non emendamus defectus. 3. Volumus quod alii stricte corrigantur, et ipsi corrigi nolumus; displicet larga aliorum licentia, et tamen nobis nolumus negari quod Et nous nous offensons s'il n'a la complaisance De ne refuser rien à nos bouillants désirs. Nous voulons des statuts dont la dure contrainte Et nous ne voulons point qu'il porte aucune atteinte Où te caches-tu donc, Charité toujours vive, Et si l'on vit ainsi, quand est-ce qu'il arrive Si tous étoient parfaits, on n'auroit rien au monde Et cette patience en vertus si féconde 4. La Sagesse divine autrement en ordonne; Et Dieu nous forme ainsi pour n'exempter personne Aucun n'est sans défaut, aucun n'est sans foiblesse, Aucun n'est sage assez de sa propre sagesse, Aucun n'est assez fort pour se passer d'autrui. petimus; alios restringi per statuta volumus, et ipsi nullatenus patimur amplius cohiberi sic ergo patet quam raro proximum sicut nos ipsos pensamus. Si essent omnes perfecti, quid tunc haberemus ab aliis pro Deo pati? nemo 4. Nunc autem Deus sic ordinavit ut discamus alter alterius onera portare (Gal. vj, 2. ) ; quia nemo sine defectu, nemo sine onere sibi sufficiens, nemo sibi satis sapiens: sed oportet nos invicem portare, Il faut donc s'entr'aimer, il faut donc s'entr'instruire, Il faut donc s'entre-secourir, Il faut s'entre-prêter des yeux à se conduire, Il faut s'entre-donner une aide à se guérir. Plus les revers sont grands, plus la preuve est facile Et leurs plus rudes coups ne le font pas fragile, I. CHAPITRE XVII. DE LA VIE MONASTIQUE. RENDS-TOI des plus savants en l'art de te contraindre, En ce rare et grand art de rompre tes souhaits, Si tu veux avec tous une solide paix, Si tu veux leur ôter tout sujet de se plaindre. Heureux trois fois celui qui se fait un tel sort! invicem consolari, pariter adjuvare, instruere, et admonere. Quantæ autem virtutis quisque fuerit melius patet occasione adversitatis; occasiones namque hominem fragilem non faciunt, sed qualis sit ostendunt. CAP. XVII. 1. Oportet ut discas te ipsum in multis frangere, si vis pacem et concordiam cum aliis tenere. Non est parvum in monasteriis vel in congregatione habitare, et inibi sine querela conversari, et usque ad mortem fidelis perseverare. Beatus, qui ibidem bene vixerit et feliciter consummaverit. Si vis debite stare et proficere, teneas te tamquam exsulem, et peregrinum super terram. Oportet te stultum fieri propter CHRISTUM, si vis religiosam ducere vitam. |