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Jamais autour du riche à flatter ne t'exerce;
Vis sans démangeaison de te montrer aux grands;
Vois l'humble, le dévot, le simple, et n'entreprends
De faire qu'avec eux un long et plein commerce;
Et n'y traite surtout que des biens précieux
Dont une âme achète les cieux.

Évite avec grand soin la pratique des femmes,
Ton ennemi par là peut trouver ton défaut;
Recommande en commun aux bontés du Très-Haut
Celles dont les vertus embellissent les âmes;
Et, sans en voir jamais qu'avec un prompt adieu,
Aime-les toutes, mais en Dieu.

Ce n'est qu'avec lui seul, ce n'est qu'avec ses anges
Que doit un vrai chrétien se rendre familier:

Porte-lui tout ton cœur, deviens leur écolier;
Adore en lui sa gloire, apprends d'eux ses louanges;
Et, bornant tes désirs à ses dons éternels,

Fuis d'être connu des mortels.

2. La charité vers tous est toujours nécessaire,
Mais non pas avec tous un accès trop ouvert:
La réputation assez souvent s'y perd,

Et tel qui plaît de loin, de près cesse de plaire;
Tant ce brillant éclat qui ne fait qu'éblouir

Est sujet à s'évanouir!

non libenter appareas. Cum humilibus et simplicibus, cum devotis et morigeratis sociare, et quæ ædificationis sunt pertracta. Non sis familiaris alicui mulieri, sed in communi omnes bonas mulieres Deo commenda. Soli Deo et angelis ejus opta familiaris esse, et hominum notitiam devita.

2. Caritas habenda est ad omnes, sed familiaritas non expedit. Quandoque accidit ut persona ignota ex bona fama lucescat, cujus tamen

Oui, souvent il arrive, et contre notre envie,
Que plus on prend de peine à se communiquer,
Plus cet effort nous trompe, et force à remarquer
Les désordres secrets qui souillent notre vie,
Et que ce qu'un grand nom avoit semé de bruit
Par la présence est tôt détruit.

I.

CHAPITRE IX.

DE L'OBÉISSANCE ET DE LA SUJÉTION.

QU'IL fait bon obéir! que l'homme a de mérite
Qui d'un supérieur aime à suivre les lois,

Qui ne garde aucun droit dessus son propre choix,
Qui l'immole à toute heure, et soi-même se quitte!
L'obéissance est douce, et son aveuglement
Forme un chemin plus sûr que le commandement,
Lorsque l'amour l'a fait, et non pas la contrainte;
Mais elle n'a qu'aigreur sans cette charité,
Et c'est un long sujet de murmure et de plainte
Quand son joug n'est souffert que par nécessité.

Tous ces devoirs forcés où tout le cœur s'oppose
N'acquièrent à l'esprit ni liberté ni paix.

præsentia oculos intuentium offuscat. Putamus aliquando aliis placere ex conjunctione nostra, et incipimus magis displicere ex morum improbitate in nobis considerata.

CAP. IX. 1. Valde magnum est in obedientia stare, sub prælato vivere, et sui juris non esse. Multo tutius est stare in subjectione quam in prælatura. Multi sunt sub obedientia magis ex necessitate quam ex caritate: et illi pœnam habent, et leviter murmurant; nec libertatem

Aime qui te commande, ou n'y prétends jamais;,
S'il n'est aimable en soi, c'est Dieu qui te l'impose.
Cours deçà, cours delà, change d'ordre ou de lieux,
bien obéir tu ne fermes les yeux,

Si pour
Tu ne trouveras point ce repos salutaire;

Et tous ceux que chatouille un pareil changement
Ny rencontrent enfin qu'un bien imaginaire
Dont la trompeuse idée échappe en un moment.

2. Il est vrai que chacun volontiers se conseille,
Qu'il aime que son sens règle ses actions,
Et tourne avec plaisir ses inclinations

Vers ceux dont la pensée à la sienne est pareille;
Mais, si le Dieu de paix règne au fond de nos cœurs,
Il faut les arracher à toutes ces douceurs,

De tous nos sentiments soupçonner la foiblesse,
Les dédire souvent, et, pour mieux le pouvoir,
Nous souvenir qu'en terre il n'est point de sagesse
Qui sans aucune erreur puisse tout concevoir.

Ne prends donc pas aux tiens si pleine confiance
Que tu n'ouvres l'oreille encore à ceux d'autrui;
Et quand tu te convaincs de juger mieux que lui,
Sacrifie à ton Dieu cette juste croyance.
Combattre une révolte où penche la raison,
Pour donner au bon sens une injuste prison,

mentis acquirent, nisi ex toto corde propter Deum se subjiciant. Curre hic vel ibi; non invenies quietem nisi in humili subjectione sub prælati regimine. Imaginatio locorum et mutatio multos fefellit.

2. Verum est quod unusquisque libenter agit pro sensu suo, et inclinatur ad eos magis qui secum sentiunt. Sed si Deus est inter nos, necesse est ut relinquamus etiam quandoque nostrum sentire propter bonum pacis. Quis est ita sapiens qui omnia plene scire potest? Ergo noli nimis

C'est se faire soi-même une sainte injustice;

Et pour en venir là plus tu t'es combattu,
Plus ce Dieu, qui regarde un si grand sacrifice,
T'impute de merite et t'avance en vertu.

3. On va d'un pas plus ferme à suivre qu'à conduire ; L'avis est plus facile à prendre qu'à donner :

On peut mal obéir comme mal ordonner;

Mais il est bien plus sûr d'écouter que d'instruire.
Je sais que l'homme est libre, et que sa volonté
Entre deux sentiments d'une égale bonté

Peut avec fruit égal embrasser l'un ou l'autre;
Mais ne point déférer à celui du prochain,
Quand l'ordre ou la raison parle contre le nôtre,
C'est montrer un esprit opiniâtre ou vain.

CHAPITRE X.

qu'il faut se garder de la superfluité des paroles.

I.

FUIS

UIS l'embarras du monde autant qu'il t'est possible; Ces entretiens du siècle ont trop d'inanité,

Et la paix y rencontre un obstacle invincible
Lors même qu'on s'y mêle avec simplicité.

in sensu tuo confidere, sed velis etiam libenter aliorum sensum audire. Si bonum est tuum sentire, et hoc ipsum propter Deum dimittis, et alium sequeris; magis exinde proficies.

3. Audivi enim sæpe, securius esse audire et accipere consilium, quam dare. Potest etiam contingere ut bonum sit uniuscujusque sentire; sed nolle aliis acquiescere, quum id ratio aut causa postulat, signum est superbiæ et pertinacia.

CAP. X. 1. Cavcas tumultum hominum, quantum potes: multum

Soudain l'âme est souillée, et le cœur fait esclave
Des vains amusements qu'ils savent nous donner;
Leur force est merveilleuse, et pour un qui les brave
Mille à leurs faux appas se laissent enchaîner.

Leur amorce flatteuse a l'art de nous surprendre,
Le poison qu'elle glisse est aussitôt coulé ;
Et je voudrois souvent n'avoir pu rien entendre,
Ou n'avoir vu personne, ou n'avoir point parlé.

Qui donc fait naître en nous cette ardeur insensée,
Ce désir de parler en tous lieux épandu,

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S'il est si malaisé que sans être blessée
L'âme rentre en soi-même après ce temps perdu?

N'est-ce point que chacun, de s'aider incapable,
Espère l'un de l'autre un mutuel secours,
Et que l'esprit, lassé du souci qui l'accable,
Croit affoiblir son poids s'il l'exhale en discours?

Du moins tous ces discours sur qui l'homme se jette,
Son propre intérêt seul les forme et les conduit ;
Il parle avec ardeur de tout ce qu'il souhaite,
Il parle avec douleur de tout ce qui lui nuit.

enim impedit tractatus secularium gestorum, etiamsi simplici intentione proferantur; cito enim inquinamur vanitate et captivamur. Vellem me pluries tacuisse, et inter homines non fuisse. Sed quare tam libenter loquimur et invicem fabulamur, quum tamen raro sine læsione conscientiæ ad silentium redimus? Ideo tam libenter loquimur, quia per mutuas loquutiones ab invicem consolari quærimus; et cor diversis cogitationibus fatigatum optamus relevare. Et multum libenter de his quæ multum diligimus vel cupimus, vel quæ nobis contraria sentimus, libet loqui et cogitare.

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