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LIVRE QUATRIÈME.

DU TRÈS SAINT SACREMENT DE L'AUTEL.

PRÉFACE.

+

Vous dont un poids trop lourd étouffe la vigueur,
Vous que je vois gémir sous un travail trop rude,
Accourez tous à moi, venez, dit le Seigneur,
Venez, je vous rendrai de la force et du cœur ;
Je vous affranchirai de toute lassitude.

Le pain que je réserve à qui me sait chercher
N'est autre que ma propre chair,

Que je dois à mon Père offrir pour votre vie :
Prenez, mangez, c'est mon vrai corps
Qu'on livrera pour vous aux rages de l'envie,
Et qui d'un pain visible emprunte les dehors.

Faites en ma mémoire un jour à votre rang

Ce qu'à vos yeux je fais avant ma dernière heure.

Ceux qui mangent ma chair, ceux qui boivent mon sang, Ce sang qui dans ce vase est tel que dans mon flanc, Demeurent dans moi-même, et dans eux je demeure. Dites ce que je dis pour faire comme moi;

L'efficace de votre foi

CHRISTUS. Venite ad me, omnes qui laboratis et onerati estis ; et ego reficiam vos, dicit Dominus. (Matth. xj, 28.) Panis quem ego dabo, caro mea est pro mundi vita. (Joan. vj, 52.) Accipite et comedite; hoc est corpus meum, quod pro vobis tradetur: hoc facite in meam commemorationem. (I. Cor. xj, 24.) Qui manducat meam carnem, et bibit

Produira même effet par les paroles mêmes,
Donnez aux miennes plein crédit,

Et n'oubliez jamais que mes bontés suprêmes
Les remplissent toujours et de vie et d'esprit.

I.

CHAPITRE PREMIER.

AVEC QUEL RESPECT IL FAUT RECEVOIR LE CORPS DE JÉSUS-CHRIST.

СЕ

sont là tes propos, Vérité souveraine;

Ta bouche en divers temps les a tous prononcés ;
Je les vois par écrit en divers lieux tracés;
Mais ce sont tous ruisseaux de la même fontaine :
Ils sont tiens, ils sont vrais, et mon infirmité
Les doit recevoir tous avec fidélité,

Avec pleine reconnoissance,

En faire tout mon bien, et les considérer
Comme autant de trésors que ta magnificence
Pour mon propre salut a voulu m'assurer.

Je les prends avec joie au sortir de ta bouche
Pour les faire passer jusqu'au fond de mon cœur,

meum sanguinem, in me manet, et ego in illo. (Joan. vj, 57.) Verba quæ loquutus sum vobis, spiritus et vita sunt. (Ib. 64.)

CAP. I. 1. AN. FID. Hæc sunt verba tua, Christe, Veritas æterna; quamvis non uno tempore prolata, nec uno in loco conscripta. Quia ergo tua sunt et vera, gratanter mihi et fideliter cuncta sunt accipienda. Tua sunt, et tu ea protulisti; et mea quoque sunt, quia pro salute mea ea edidisti. Libenter suscipio ea ex ore tuo, ut arctins inserantur cordi meo. Excitant me verba tantæ pietatis, plena dulcedinis

Et comme ils n'ont en eux qu'amour et que douceur,
Leur sainte impression sensiblement me touche;
Mais la terreur que mêle à de si doux transports
De mes impuretés le sensible remords,

Par d'inévitables reproches,

Retarde tout l'effet de leurs plus forts attraits,
D'un mystère si haut me défend les approches,
Et me laisse accablé du poids de mes forfaits.

2. Cependant tu le veux, Seigneur, tu me l'ordonnes, Qu'opposant tes bontés à tout ce juste effroi,

Je marche en confiance et m'approche de toi,

Si je veux avoir part aux vrais biens que tu donnes;
Tu veux me préparer par un céleste mets
Aux bienheureux effets de ce que tu promets
Dans une abondance éternelle,

Et que mon impuissance et ma fragilité,
Si je veux obtenir une vie immortelle,
Se nourrissent du pain de l'immortalité.

« Vous donc qui gémissez sous un travail trop rude,
« Vous dont un poids trop lourd étouffe la vigueur,
« Venez tous, nous dis-tu, je vous rendrai du cœur,
« Je vous affranchirai de toute lassitude ».

O termes pleins d'amour! ô mots doux et charmants!

et dilectionis; sed terrent me delicta propria, et ad capienda tanta mysteria me reverberat impura conscientia. Provocat me dulcedo verborum tuorum, sed onerat multitudo vitiorum.

2. Jubes ut fiducialiter ad te accedam, si tecum velim habere partem; et ut immortalitatis accipiam alimoniam, si æternam cupiam obtinere vitam et gloriam. Venite, inquis, ad me, omnes qui aboratis et onerati estis; et ego reficiam vos. O dulce et amicabile verbum in aure peccatoris, quod tu, Domine, Deus meus, egenum et pauperem

Qu'ils ont pour le pécheur de hauts ravissements
Quand tu l'appelles à ta table!

Un

pauvre, un mendiant, s'en voir par toi pressés !
S'y voir par toi repus de ton corps adorable!
Mais enfin tu l'as dit, Seigneur, et c'est assez.

Qui suis-je, ô mon Sauveur, pour oser y prétendre?
Qui me peut enhardir à m'approcher de toi?
Et qui te fait nous dire : Accourez tous à moi,
Toi que ne peut le ciel contenir ni comprendre?
3. D'où te vient cet amour qui m'y daigne inviter,
Moi, dont les actions ne font que t'irriter;

Moi, qui ne suis qu'ordure et glace?
L'Ange ne peut te voir sans en frémir d'effroi,
Les justes et les Saints tremblent devant ta face,
Et tu dis aux pécheurs : Accourez tous à moi!

Si tu ne le disois, quel homme oseroit croire
Qu'un Dieu jusqu'à ce point se voulût abaisser ?
Et si tu n'ordonnois à tous de s'avancer,
Quel homme attenteroit à cet excès de gloire?

4. Si Noé fut cent ans à bâtir un vaisseau Qui contre le ravage et les fureurs de l'eau

invitas ad communionem tui sanctissimi corporis! Sed quis ego sum, Domine, ut ad te præsumam accedere? Ecce cœli cœlorum te non capiunt; et tu dicis : Venite ad me, omnes.

3. Quid sibi vult ista piissima dignatio et tam amicabilis invitatio? Quomodo ausus ero venire, qui nihil boni mihi conscius sum, unde possim præsumere? Quomodo te introducam in domum meam, qui sæpius offendi benignissimam faciem tuam? Reverentur Angeli et Archangeli, metuunt Sancti et Justi; et tu dicis: Venite ad me, omnes! Nisi tu, Domine, hoc diceres, quis verum esse crederet? et nisi tu juberes, quis accedere attentaret?

4. Ecce Noe, vir justus, in arcæ fabrica centum annis laboravit ut

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