Que jamais son aigreur long-temps ne t'embarrasse: Que si tu ne saurois sans trop de répugnance Si tu ne peux ouïr sans indignation Ce que la calomnie à ton opprobre avance, De crainte qu'à les voir quelqu'un ne s'effarouche; Prends garde qu'un seul mot ne sorte de ta bouche La tempête, bientôt cédant à la bonace, Et toute la douleur qu'elle excite au dedans Mais pour en obtenir les nouvelles faveurs Il faut remettre en moi ta confiance entière, Et prendre à m'invoquer de nouvelles ferveurs. gaudenter. Etiamsi minus libenter audis et indignationem sentis, reprime te, nec patiaris aliquid inordinatum ex ore tuo exire unde parvuli scandalisentur. Cito conquiescet commotio excitata, et dolor internus revertente dulcorabitur gratia. Adhuc vivo ego, dicit Dominus ( Jerem. xxij, 24.), juvare te paratus, et solito amplius consolari, si confisus fueris mihi et devote invocaveris, 3. Montre-toi plus égal durant ce peu d'orage, Fais ton effort pour le braver, Et, quelques grands malheurs qui puissent t'arriver, Pour te sentir pressé des tribulations, Pour te voir chanceler sous les tentations, Ne crois pas tout perdu, n'y trouve rien d'étrange: Les Anges même au ciel, le premier homme en terre Conservèrent si peu l'état où je les mis Qu'ils devinrent bientôt dignes de mon tonnerre. Et plus l'homme à mes yeux reconnoît sa bassesse, 4. Béni sois-tu, Seigneur, dont la sainte parole Me fortifie et me console; 3. Animæquior esto, et ad majorem sustinentiam accingere. Non est totum frustratum, si te sæpius percipis tribulatum vel graviter tentatum. Homo es, et non Deus; caro es, non Angelus. Quomodo tu posses semper in eodem statu virtutis permanere, quando hoc defuit Angelo in cœlo et primo homini in paradiso? Ego sum, qui mœrentes erigo sospitate, et suam cognoscentes infirmitatem ad meam proveho divinitatem. 4. AN. FID. Domine, benedictum sit verbum tuum, dulce super Il n'est rien ailleurs de si doux : Que ferois-je, ô mon Dieu! parmi tant de misères, Si tu ne m'enseignois à rabattre leurs coups? Pourvu qu'heureusement j'achève ma carrière, Que m'importe combien je souffre de traverses, Me font du monde entier le glorieux rebut? Fais qu'une bonne fin de ces maux me dégage ; De ce monde à l'éternité; Du besoin qu'a de toi mon imbécillité. mel et favum ori meo. (Ps. cxviij, 103.) Quid facerem in tantis tribulationibus et angustiis meis, nisi me confortares tuis sanctis sermonibus? Dummodo tandem ad portum salutis perveniam, quid curæ est quæ et quanta passus fuero? Da finem bonum, da felicem ex hoc mundo transitum. Memento mei, Deus meus; et dirige me recto itinere in regnum tuum. Amen! QU'IL NE I. CHAPITRE LVIII. FAUT POINT VOULOIR PÉNÉTRER LES HAUTS MYSTÈRES, NI EXAMINER LES SECRETS JUGEMENTS DE DIEU. 'ABUSE point, mon fils, de tes foibles lumières. Ne cherche point à voir quelle raison pressante Ni pourquoi l'un ainsi languit dans la misère, CAP. LVIII. 1. CHR. Fili, caveas disputare de altis materiis et de occultis Dei judiciis; cur iste sic relinquitur, et ille ad tantam gratiam assumitur; cur etiam iste tantum affligitur, et ille tam eximie exaltatur? Ista omnem humanam facultatem excedunt, nec ad investigandum judicium divinum ulla ratio prævalet vel disputatio. Quando ergo hæc tibi suggerit inimicus, vel etiam quidam curiosi inquirunt homines, responde illud Prophetæ : Justus es, Domine, et rectum judicium « Seigneur, vous êtes juste en tous vos jugements; « La vérité préside à vos discernements, « Et l'équité qui règne en vos ordres suprêmes ་ « Les rend toujours en eux justifiés d'eux-mêmes : Qu'il leur plaise abaisser, qu'il leur plaise agrandir, « On doit trembler sous eux, sans les approfondir, « Et jamais sans folie on ne peut l'entreprendre, Puisque l'esprit humain ne les sauroit comprendre ». 2. Ne t'informe non plus qui des Saints m'est aux cieux Le plus considérable, ou le moins précieux, Et ne conteste point sur la prééminence Enfler les cœurs d'orgueil, brouiller les fantaisies, Les contestations de ces recherches vaines Et l'on déplaît aux Saints quand on les loue ainsi. tuum (Ps. cxviij, 137.), et illud : Judicia Domini vera justificata in semetipsa. (Ps. xviij, 10.) Judicia mea metuenda sunt, non discutienda; quia humano intellectui sunt incomprehensibilia. 2. Noli etiam inquirere nec disputare de meritis Sanctorum ; quis alio sit sanctior, aut quis major fuerit in regno cœlorum. Talia generant sæpe lites et contentiones inutiles, nutriunt quoque superbiam et vanam gloriam; unde oriuntur invidiæ et dissensiones, dum iste illum Sanctum et alius alium conatur superbe præferre. Talia autem velle scire et investigare nullum fructum afferunt, sed magis Sanctis displi |