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Ce qui jette au-devant la moindre résistance
Me fait perdre courage et changer de dessein.
Vacillante clarté qui manques de pouvoir,
Raison, pourquoi faut-il que tu me fasses voir
La droite manière de vivre;

Pourquoi m'enseignes-tu le chemin des parfaits,
Si de soi ton idée, impuissante aux effets,
Ne peut fournir d'aide à la suivre,

Si cet infâme poids de ma corruption

Rabat l'effort dont tu m'élèves,

Et si ces grands projets que jamais tu n'achèves
Ne peuvent me tirer de l'imperfection?

4. Sainte grâce du ciel sans qui je ne puis rien, Que tu m'es nécessaire à commencer le bien,

A le poursuivre, à le parfaire !

Oui, Seigneur, oui, mon Dieu, je pourrai tout en toi, Pourvu qu'elle m'assiste à régler mon emploi,

Pourvu que son rayon m'éclaire.

Il n'est point de mérite où la grâce n'est pas;
Et tous les dons de la nature,

S'ils n'en ont point l'appui, ne sont qu'une imposture
Dont l'œil bien éclairé ne peut faire de cas.

La richesse, les arts, la force, la beauté,
L'éloquence, et l'esprit, devant ta majesté

gratia deest ad adjuvandum infirmitatem meam, ex levi resistentia resilio et deficio: hinc accidit quod viam perfectionis agnosco, et qualiter agere debeam clare satis video; sed propriæ corruptionis pondere pressus, ad perfectiora non assurgo.

4. O! quam maxime est mihi necessaria, Domine, tua gratia, ad inchoandum bonum, ad proficiendum, et ad perficiendum! nam sine ea nihil possum facere; omnia autem possum in te, confortante me

Ne sont d'aucun poids sans la grâce:

La nature est aveugle à départir ses dons,

Elle en est libérale aux méchants comme aux bons,
Et n'y mêle rien qui ne passe;

Mais la dilection que ta grâce produit

Est la marque du vrai fidèle,

Qu'on ne porte jamais sans devenir par elle
Digne de ce grand jour qui n'aura point de nuit.

La grâce donne à tout le rang qu'il doit tenir :
Sans elle ce n'est rien de prévoir l'avenir

Et d'en prononcer les oracles;

Sans elle, c'est en vain qu'on perce jusqu'aux cieux,
Qu'on rend l'oreille aux sourds, aux aveugles les yeux;
Ce n'est rien que tous ces miracles:

L'espérance, la foi, le reste des vertus,
Sans la charité, sans la grâce,

Pour hautes qu'elles soient, tombent devant ta face
Ainsi que des épis de langueur abattus.

5. O trésor que jamais le monde ne comprit!
O grâce qui répands sur le pauvre d'esprit
Des vertus les saintes richesses,

Et rends sainte à son tour l'abondance des biens

gratia. O vere cœlestis gratia, sine qua nulla sunt propria merita, nulla quoque dona naturæ ponderanda! Nihil artes, nihil divitiæ, nihil pulchritudo vel fortitudo, nihil ingenium vel eloquentia, valent apud te, Domine, sine gratia. Nam dona naturæ bonis et malis sunt communia; electorum autem proprium donum est gratia sivè dilectio, qua insigniti digni habentur vita æterna. Tantum eminet hæc gratia, ut nec donum prophetiæ, nec signorum operatio, nec quantalibet alta speculatio, aliquid æstimentur sine ea: sed neque fides, neque spes, neque aliæ virtutes, tibi acceptæ sunt sine caritate et gratia.

5. O beatissima gratia, quæ pauperem spiritu virtutibus divitem

Par cette humilité qu'en l'âme tu soutiens

Contre l'orgueil de nos foiblesses;

Viens dès le point du jour, descends, verse en mon cœur
Tes consolations divines,

De peur qu'aride et las en ce champ plein d'épines
Il n'y demeure enfin sans force et sans vigueur!

Accorde-moi ce don, et j'accepte un refus
De quoi qu'osent chercher les sentiments confus
De l'infirmité naturelle.

Ta grâce me suffit, et si je suis tenté,
Battu d'afflictions, trahi, persécuté,

Je ne craindrai rien avec elle;

J'y mets toute ma force, et j'en fais tout mon bien :
Elle secourt, elle conseille;

Il n'est sagesse aucune à la sienne pareille,
Ni pouvoir ennemi qui soit égal au sien.

6. C'est elle qui du cœur est la vive clarté,
Elle qui nous instruit et de la vérité
Et de l'heureuse discipline;

C'est elle qui soutient parmi l'oppression;
C'est elle qui nourrit dans la dévotion,

facis, et divitem multis bonis humilem corde reddis! veni, descende ad me; reple me mane consolatione tua, ne deficiat præ lassitudine et ariditate mentis anima mea. Obsecro, Domine, ut inveniam gratiam in oculis tuis; sufficit enim mihi gratia tua, cæteris non obtentis que desiderat natura. Si fuero tentatus et vexatus tribulationibus multis, non timebo mala, dum mecum fuerit gratia tua. Ipsa fortitudo mea, ipsa consilium confert et auxilium; cunctis hostibus potentior est, et sapientior universis sapientibus.

6. Magistra est veritatis, doctrix disciplinæ, lumen cordis, solamen pressuræ, fugatrix tristitiæ, ablatrix timoris, nutrix devotionis, pro

Et bannit tout ce qui chagrine:

Elle ne souffre en l'âme aucun indigne effroi ;
Elle en dissipe les alarmes,

Et donne au saint amour des soupirs et des larmes
Qu'elle-même prend soin d'élever jusqu'à toi.

Sans elle je ne suis qu'un arbre infortuné,
Une souche inutile, un tronc déraciné,

Qui n'est bon qu'à jeter aux flammes.

O grand Dieu, dont la main nous prête un tel secours, Fais-moi donc prévenir, fais-moi suivre toujours

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Fais qu'elle m'affermisse aux bonnes actions,
Père éternel, je t'en conjure

Par ton Fils Jésus-Christ, par cette source pure
D'où part le doux torrent de ses impressions.

CHAPITRE LVI.

QUE NOUS DEVONS RENONCER A NOUS-MÊMES,

I.

ET IMITER

JÉSUS-CHRIST EN PORTANT NOTRE CROIX.

AUTANT que tu pourras t'écarter de toi-même, Autant passeras-tu dans mon être suprême. Comme l'âme au dedans enracine la paix

ductri: lacrymarum. Quid sum sine ea, nisi aridum lignum et stipes inutilis ad ejiciendum? Tua ergo me, Domine, gratia semper et præveniat et sequatur, ac bonis operibus jugiter præstet esse intentum, per Jesum Christum Filium tuum. Amen. (Orat. Dom. xvj, post Pentecost.)

CAP. LVI. 1. CHR. Fili, quantum a te vales exire, tantum in me

Quand pour tout le dehors elle éteint ses souhaits,
Ainsi, lorsqu'au dedans elle-même se quitte,
Elle s'unit à moi par un si haut mérite.

Je te veux donc apprendre à te bien détacher,
Sans plus te revêtir, sans plus te rechercher,
T'instruire à te soumettre à ma volonté pure,
Sans contradiction, sans bruit, et sans murmure.
Suis-moi, je suis et vie, et voie, et vérité :
On ne va point sans voie au terme projeté ;
On ne vit point sans vie ; on ne peut rien connoître
Si de la vérité le jour ne vient paroître.

C'est moi qui suis la vie où tu dois aspirer,

La vérité suprême où tu dois t'assurer,
La voie à suivre en tout, mais voie inviolable,
Vérité hors de doute, et vie interminable.

Je suis la droite voie, et dont le juste cours
Pour arriver au ciel ne souffre aucuns détours;
Je suis la vérité souveraine et sacrée ;

Je suis la vie enfin, vraie, heureuse, incréée.
Si tu prends bien ma voie, et marches sans gauchir,
La vérité saura pleinement t'affranchir ;

Tu la verras entière, et sa clarté fidèle

Te servira de guide à la vie éternelle.

poteris transire. Sicut nihil foris concupiscere, internam pacem facit; sic se interius relinquere, Deo conjungit. Volo te addiscere perfectam abnegationem tui in voluntate mea sine contradictione et querela. Sequere me (Matth. ix, 9.), ego sum via, veritas, et vita. (Joan. xiv, 6.) Sine via non itur; sine veritate non cognoscitur; sine vita non vivitur. Ego sum via quam sequi debes, veritas cui credere debes, vita quam sperare debes. Ego sum via inviolabilis, veritas infallibilis, vita interminabilis. Ego sum via rectissima, veritas suprema, vita vera, vita beata, vita increata. Si manseris in via mea, cognosces veritatem, et veritas liberabit te (Joan. viij, 32.), et apprehendes vitam æternam.

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