Oldalképek
PDF
ePub

Qu'il te nuit bien moins qu'à soi-même :

Pour grand qu'il soit en terre, un Dieu voit ce qu'il fait, Et de son jugement suprême

Il ne peut éviter l'irrévocable effet.

Tiens-le devant tes yeux, à toute heure, en tout lieu, Ce juge universel, ce redoutable Dieu,

Et vis sans soin de tout le reste;

Quoi qu'on t'ose imputer, ne daigne y repartir,
Et dans un silence modeste

Trouve, sans t'indigner, l'art de tout démentir.

Tu paroîtras peut-être en quelque occasion
Tout couvert d'infamie ou de confusion,

Malgré ce grand art du silence;

Mais ne t'en émeus point, n'en sois pas moins content, Et crains que ton impatience

Ne retranche du prix du laurier qui t'attend.

Quelque honte à ton front qui semble s'attacher,
Souviens-toi que mon bras peut toujours t'arracher
A toute cette ignominie,

Que je sais rendre à tous suivant leurs actions,
Et sur l'imposture punie

Élever la candeur de tes intentions.

habe Deum præ oculis et noli contendere verbis querulosis. Quod si ad præsens tu videris succumbi, et confusionem pati quam non meruisti; ne indigneris ex hoc, neque per impatientiam minuas coronam tuam; sed ad me potius respice in cœlum, qui potens sum eripere ab omni confusione et injuria, et unicuique reddere secundum opera sua.

CHAPITRE XXXVII.

DE LA PURE ET ENTIÈRE RÉSIGNATION DE SOI-MÊME POUR OBTENIR LA LIBERTÉ DU coeur.

I. QUITTE-TOI, mon enfant, et tu me trouveras ;
Prépare-toi sans choix à quoi que je t'envoie,
Sans aucun propre amour, sans aucun embarras
De ce qui peut causer ta douleur ou ta joie :
Tu gagneras beaucoup en quittant tout ainsi,
Ma grâce remplira la place du souci,
Plus forte et mieux accompagnée;
Et je te la ferai sentir

Sitôt qu'entre mes mains ton âme résignée
Ne voudra plus se revêtir.

2. Pour arriver où ta bonté m'invite,

Pour tant de biens qu'elle m'offre à gagner,
Combien de fois me dois-je résigner?

En quoi faut-il, Seigneur, que je me quitte?

3. En tout, mon fils, en tout, et partout, et toujours, Aux points les plus petits, aux choses les plus grandes ; Je n'en excepte rien: si tu veux mon secours,

CAP. XXXVII. 1. CHR. Fili, relinque te, et invenies me. Sta sine electione et omni proprietate, et lucraberis semper: nam et adjicietur tibi amplior gratia, statim ut te resignaveris nec resumpseris.

2. AN. FID. Domine, quoties me resignabo, et in quibus me relinquam ?

3. CHR. Semper, et omni hora; sicut in parvo, sic et in magno:

Tout dépouillé de tout il faut que tu l'attendes.
Tu ne peux autrement te donner tout à moi,
Et je ne puis non plus me donner tout à toi,
Si tu réserves quelque chose;

Je veux l'âme, je veux le corps,

Sans que jamais en toi ta volonté dispose
Ni du dedans ni du dehors.

D'autant plus promptement que par ce grand effort
Tu brises de ta chair le honteux esclavage,
D'autant plus tôt en toi le vieil Adam est mort,
Et le nouveau succède avec plus d'avantage.
Résigne-toi surtout avec sincérité,

Si tu veux obliger ma libéralité

A t'en payer avec usure:

Elle aime à prodiguer mes biens,

Mais l'effort qu'elle y fait souvent prend sa mesure
Sur la plénitude des tiens.

4. J'en vois se résigner avec retranchement, De la moitié du cœur se remettre en ma garde, Et ne s'assurer pas en moi si fortement

Qu'ils ne veuillent pourvoir à ce qui les regarde;
Quelques autres d'abord m'offrent bien tous leurs vœux,
Mais la tentation marche à peine vers eux

nihil excipio, sed in omnibus te nudatum inveniri volo. Alioquin, quomodo poteris esse meus, et ego tuus, nisi fueris ab omni propria voluntate intus et foris spoliatus? Quanto celerius hoc agis, tanto melius habebis; et quanto plenius et sincerius, tanto mihi plus placebis et amplius lucraberis.

4. Quidam se resignant, sed cum aliqua exceptione; non enim plene Deo confidunt, ideo sibi providere satagunt. Quidam etiam primo totum offerunt; sed postea, tentatione pulsati, ad propria redeunt : ideo

[ocr errors]

Qu'ils font retraite vers eux-mêmes;

Et leur courage rabattu,

Cherchant d'autres appuis que mes bontés suprêmes,
N'avance point en la vertu.

Ni ceux-ci ni ceux-là n'arriveront jamais
A la liberté vraie, inébranlable, entière,
A cette pure joie, à cette ferme paix

Qu'entretient dans les cœurs ma grâce 'familière:
C'est peu que d'élever jusque-là son désir,

A moins

que

de soumettre à tout mon bon plaisir Son âme pleinement captive;

Et sans s'immoler chaque jour,

On ne conserve point l'union fruïtive
Que donne le parfait amour.

5. Je te l'ai déjà dit, je te le dis encor,
Quitte, résigne-toi, déprends-toi de toi-même,
Et tu posséderas ce précieux trésor,

Ce calme intérieur, qui fuit tout ce qui s'aime :
Donne-moi tout pour tout, ne forme aucun désir,
Ne redemande rien, n'envoie aucun soupir

Vers ce tout que pour moi tu quittes,
Tiens enfin ton cœur tout en moi;

Et moi qui paie enfin par-delà les mérites,
Je me donnerai tout à toi.

minime in virtute proficiunt. Hi ad veram puri cordis libertatem et jucundæ familiaritatis meæ gratiam non pertingent, nisi integra resignatione, et quotidiana sui immolatione prius facta, sine qua non stat nec stabit unio fruitiva.

5. Dixi tibi sæpissime, et nunc iterum dico: Relinque te, resigna te, et frueris magna interna pace. Da totum pro toto; nil exquire, nil repete; sta pure et inhæsitanter in me : et habebis me; eris liber in

Ainsi tu seras libre, et l'ange ténébreux
Ne te pourra jamais réduire en servitude;
Mais n'épargne ni soins, ni prières, ni vœux,
Pour ce digne avant-goût de la béatitude :
Ce plein dépouillement des soucis superflus,
Te laissant nu dans l'âme, ainsi que je le fus,
Te rendra digne de me suivre :

Et par un bienheureux transport
Tu sauras en moi-même éternellement vivre
Sitôt qu'en toi tu seras mort.

Alors disparoîtront tous ces fantômes vains
Qui t'obsèdent partout de leurs folles images,
Cet inutile amas d'empressements mondains,
Ces troubles qui chez toi font de si grands ravages.
La crainte immodérée, et l'amour déréglé,
Ces infâmes tyrans de ton cœur aveuglé,
Verront leur force dissipée;

Et leur nuit faisant place au jour,
Celle qu'ils y tenoient sera tout occupée
Par ma crainte et par mon amour.

corde, et tenebræ non conculcabunt (Ps. cxxxviij, 11.) te. Ad hoc conare, hoc ora, hoc desidera, ut ab omni proprietate possis exspoliari et nudus nudum JESUM sequi, tibi mori et mihi æternaliter vivere. Tunc deficient omnes vanæ phantasiæ, conturbationes iniquæ, et curæ superfluæ tunc etiam recedet immoderatus timor, et inordinatus amor morietur.

« ElőzőTovább »