Tel que les vrais chrétiens Dans leurs plus longs travaux attendent sans murmure; Un avant-goût délicieux, Tel que sent quelquefois une âme droite et pure De qui tout l'entretien s'élève jusqu'aux cieux. Rempli de cette idée, il te sera facile Qu'a le monde et sa vanité, Durables à l'égal de sa sainte parole: Et portant en tous lieux un Dieu qui les console, mundicordes, quorum conversatio est in cœlis. (Philipp. iij, 20.) Vanum est et breve omne humanum solatium : beatum et verum solatium, quod intus a Veritate percipitur. Devotus homo ubique secum fert consolatorem suum JESUM, et dicit ad eum : « Adesto mihi, Do« mine JESU, in omni loco et tempore. Hæc mihi sit consolatio libenter « velle carere omni humano solatio : et si tua defuerit consolatio, sit Qu'au défaut même de la tienne, Fait cette épreuve de la mienne. Car enfin, Seigneur, ta colère CHAPITRE XVII. QU'IL FAUT NOUS REPOSER EN Dieu de tout le soin de 1. LAISSE-MOI te traiter ainsi que je l'entends: Je sais ce qui t'est nécessaire; Je juge mieux que toi de ce que tu prétends; Tu vois tout comme un homme, et sur tous les objets Tu lui remets souvent le choix de tes désirs ; Tu rencontres des maux où tu crois des plaisirs. <«< mihi tua voluntas et justa probatio pro summo solatio; non enim in « perpetuum irasceris, neque in æternum comminaberis. » (Ps. cij, 9.) CAP. XVII. 1. CHR. Fili, sine me tecum agere quod volo; ego scio quid expedit tibi. Tu cogitas sicut homo; tu sentis in multis sicut humanus suadet affectus. 2. Ce que tu dis, Seigneur, n'est que trop véritable Les soucis que tu prends de moi Surpassent de bien loin tous ceux dont est capable Aussi faut-il sur toi pleinement s'en démettre, Et qui n'en use ainsi ne sauroit se promettre Tiens donc ma volonté sous ton ordre céleste, A cela près, Seigneur, que ta main se déploie ; Et je suis assuré que, quoi qu'elle m'envoie, Sois béni, si tu veux que tes lumières saintes Et ne le sois pas moins, si leurs clartés éteintes Sois à jamais béni, si tes douces tendresses 2. AN. FID. Domine, verum est quod dicis. Major est solicitudo tua pro me, quam omnis cura quam ego gerere possum pro me: nimis enim casualiter stat, qui non projicit omnem solicitudinem suam in te. Domine, dummodo voluntas mea recta et firma ad te permaneat, fac de me quidquid tibi placuerit; non enim potest esse nisi bonum quidquid de me feceris: si me vis esse in tenebris, sis benedictus; et si me vis esse in luce, sis iterum benedictus : si me dignaris consolari, sis benedictus; et si me vis tribulari, sis æque semper benedictus. Et ne le sois pas moins, si tes justes rudesses 3. Ainsi tous tes souhaits se doivent concevoir, Ainsi tu dois, mon fils, te mettre en mon pouvoir, Tiens ton cœur prêt à toút, et d'un visage égal 4. Volontiers, ô mon Dieu, volontiers je captive Et pour l'amour de toi je veux, quoi qu'il m'arrive, Le succès le plus triste et le plus favorable, Me seront tous des choix de ta main adorable, Je les recevrai tous, sans mettre différence Je les aimerai tous, et ma persévérance 3. CHR. Fili, sic oportet te stare, si mecum desideras ambulare: íta promptus esse debes ad patiendum sicut ad gaudendum; ita libenter debes esse inops et pauper, sicut plenus et dives. 4. AN. FID, Domine, libenter patiar pro te quidquid volueris venire super me. Indifferenter volo de manu tua bonum et malum, dulce et amarum, lætam et triste suscipere, et pro omnibus mihi contingentibus Aux assauts du péché rends mon âme invincible; Et je ne craindrai point la mort la plus terrible, Pourvu que ma langueur ne soit jamais punie Pourvu, Seigneur, pourvu que du livre de vie Fais pleuvoir des douleurs, fais pleuvoir des misères, Rien ne pourra me nuire, et dans les plus amères CHAPITRE XVIII. QU'IL FAUT SOUFFRIR AVEC PATIENCE LES MISÈRES I. Vois, mortel, combien tu me dois; J'ai quitté le sein de mon Père, Je me suis revêtu de toute ta misère, J'en ai voulu subir les plus indignes lois : Le ciel étoit fermé, tu n'y pouvois prétendre ; Pour t'en ouvrir la porte il m'a plu d'en descendre, gratias agere. Custodi me ab omni peccato, et non timebo mortem nec infernum dummodo in æternum me non projicias, nec deleas de libro vitæ, non mihi nocebit quidquid venerit tribulationis super me. : CAP. XVIII. 1. CHR. Fili, ego descendi de cœlo pro tua salute: suscepi tuas miserias, non necessitate, sed caritate trahente; ut patien |