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2. Sa doctrine en effet passe toute doctrine;
Mais il faut son esprit pour la bien concevoir,
Et sa manne cachée est difficile à voir
Qu'à ces yeux épurés que la grâce illumine.
Toi qui, par l'amour-propre à toi-même attaché,
L'écoutes et la lis sans en être touché,

Faute de cet esprit, tu n'y trouves qu'épines;
Mais si tu veux l'entendre et lire avec plaisir,
Conformes-y ta vie; et ses douceurs divines
S'étaleront en foule à ton heureux désir.

3. Que te sert de percer les plus secrets abîmes
Où se cache à nos sens l'immense Trinité,
Si ton intérieur, manque d'humilité,
Ne lui sauroit offrir d'agréables victimes?
Cet orgueilleux savoir, ces pompeux sentiments,
Ne sont aux yeux de Dieu que de vains ornements;
Il ne s'abaisse point vers des âmes si hautes :
Et la vertu sans eux est de telle valeur,

Qu'il vaut mieux bien sentir la douleur de tes fautes,

Que savoir définir ce qu'est cette douleur.

Porte toute la Bible en ta mémoire empreinte;
Sache tout ce qu'ont dit les sages des vieux temps;

2. Doctrina CHRISTI Omnes doctrinas sanctorum præcellit; et qui Spiritum haberet, absconditum ibi manna inveniret. Sed contingit quod multi ex frequenti auditu Evangelii parvum desiderium sentiunt, quia Spiritum CHRISTI non habent. Qui autem vult plenè et sapidè CHRISTI verba intelligere, oportet ut totam vitam suam illi studeat conformare.

3. Quid prodest tibi alta de Trinitate disputare, si careas humilitate, unde displiceas Trinitati? Verẻ, alta verba non faciunt sanctum et justum; sed virtuosa vita efficit Deo carum. Opto magis sentire compunc

Joins-y, si tu le peux, tous les traits éclatans
De l'histoire profane et de l'histoire sainte :
De tant d'enseignements l'impuissante langueur
Sous leur poids inutile accablera ton cœur,
Si Dieu n'y verse encor son amour et sa grâce;
Et l'unique science où tu dois prendre appui,
C'est que tout n'est ici que vanité qui passe,
Hormis d'aimer sa gloire, et ne servir que lui.

C'est là des vrais savants la sagesse profonde ;
Elle est bonne en tout temps, elle est bonne en tous lieux;
Et le plus sûr chemin pour aller vers les cieux,
C'est d'affermir nos pas sur le mépris du monde.
Ce dangereux flatteur de nos foibles esprits
Oppose mille attraits à ce juste mépris;
Qui s'en laisse éblouir s'en laisse tôt séduire :
Mais ouvre bien les yeux sur leur fragilité,
Regarde qu'un moment suffit pour les détruire,
Et tu verras qu'enfin tout n'est
que vanité.

4. Vanité d'entasser richesses sur richesses;
Vanité de languir dans la soif des honneurs;
Vanité de choisir pour souverains bonheurs
Des plaisirs criminels les damnables mollesses;

tionem, quam scire ejus definitionem. Si scires totam Bibliam exterius et omnium philosophorum dicta, quid totum prodesset sine caritate Dei et gratia? Vanitas vanitatum, et omnia vanitas (Eccle. j, 2. ), præter amare Deum et illi soli servire. Ista est summa sapientia, per contemptum mundi tendere ad regna cœlestia.

4. Vanitas igitur est, divitias perituras quærere et in illis sperare. Vanitas quoque est, honores ambire et in altum statum se extollere. Vanitas est, carnis desideria sequi, et illud desiderare unde postmodum

Vanité d'aspirer à voir durer nos jours

Sans nous mettre en souci d'en mieux régler le cours,
D'aimer la longue vie, et négliger la bonne,
D'embrasser le présent sans soin de l'avenir,

Et de plus estimer un moment qu'il nous donne
Que l'attente des biens qui ne sauroient finir.

5. Toi donc, qui que tu sois, si tu veux bien comprendre Comme à tes sens trompeurs tu dois te confier, Souviens-toi qu'on ne peut jamais rassasier

Ni l'œil humain de voir, ni l'oreille d'entendre;
Qu'il faut se dérober à tant de faux appas,
Mépriser ce qu'on voit pour ce qu'on ne voit pas,
Fuir les contentements transmis par ces organes;
Que de s'en satisfaire on n'a jamais de lieu,
Et que l'attachement à leurs douceurs profanes
Souille ta conscience, et t'éloigne de Dieu.

graviter oportet puniri. Vanitas est, longam vitam optare et de bona vita parum curare. Vanitas est, præsentem vitam solum attendere et quæ futura sunt non prævidere. Vanitas est, diligere quod cum omni celeritate transit, et illic non festinare ubi sempiternum gaudium manet.

5. Memento illius frequenter proverbii: quia Non satiatur oculus visu, nec auris impletur auditu. (Ibid. 8.) Stude ergo cor tuum ab amore visibilium abstrahere, et ad invisibilia te transferre nam sequentes suam sensualitatem, maculant conscientiam et perdunt Dei gratiam.

CHAPITRE II.

DU PEU D'ESTIME DE SOI-MÊME.

1. Le désir de savoir est naturel aux hommes;

Il naît dans leur berceau sans mourir qu'avec eux :
Mais, ô Dieu! dont la main nous fait ce que nous sommes,
Que peut-il sans ta crainte avoir de fructueux?

Un paysan stupide et sans expérience,

Qui ne sait

que t'aimer et n'a que de la foi, Vaut mieux qu'un philosophe enflé de sa science, Qui pénètre les cieux, sans réfléchir sur soi..

Sa

Qui se connoît soi-même en a l'âme peu vaine,
propre connoissance en met bien bas le prix;
Et tout le faux éclat de la louange humaine
N'est pour lui que l'objet d'un généreux mépris.

Au grand jour du Seigneur sera-ce un grand refuge
D'avoir connu de tout et la cause et l'effet,

Et ce qu'on aura su fléchira-t-il un juge

Qui ne regardera que ce qu'on aura fait?

2. Borne donc tes désirs à ce qu'il te faut faire; Ne les porte plus trop vers l'amas du savoir;

CAP. II. 1. Omnis homo naturaliter scire desiderat; sed scientia sine timore Dei quid importat? Melior est profecto humilis rusticus qui Deo servit, quam superbus philosophus qui, se neglecto, cursum cœli considerat. Qui bene se ipsum cognoscit, sibi ipsi vilescit nec laudibus delectatur humanis. Si scirem omnia quæ in mundo sunt, et non essem in caritate; quid me juvaret coram Deo, qui me judicaturus est ex facto?

2. Quiesce a nimio sciendi desiderio, quia magna ibi invenitur dis

Les soins de l'acquérir ne font que te distraire,
Et quand tu l'as acquis il peut te décevoir.

Les savants d'ordinaire aiment qu'on les regarde,
Qu'on murmure autour d'eux. Voilà ces grands esprits;
Et s'ils ne font du cœur une soigneuse garde,
De cet orgueil secret ils sont toujours surpris.

Qu'on ne s'y trompe point, s'il est quelques sciences
Qui puissent d'un savant faire un homme de bien,
Il en est beaucoup plus de qui les connoissances
Ne servent guère à l'âme, ou ne servent de rien.

Par là tu peux juger à quels périls s'expose
Celui qui du savoir fait son unique but,

Et combien se méprend qui songe à quelque chose
Qu'à ce qui peut conduire au chemin du salut.

3. Le plus profond savoir n'assouvit point une àme; Mais une bonne vie a de quoi la calmer,

Et jette dans le cœur qu'un saint désir enflamme
La pleine confiance au Dieu qu'il doit aimer.

Au reste, plus tu sais et plus a de lumière
Le jour qui se répand sur ton entendement,
Plus tu seras coupable à ton heure dernière
Si tu n'en as vécu d'autant plus saintement.

tractio et deceptio. Scientes libenter volunt videri et sapientes dici. Multa sunt, quæ scire, parum vel nihil animæ prosunt. Et valde insipiens est, qui aliquibus intendit quam his quæ saluti suæ deserviunt. Multa verba non satiant animam; sed bona vita refrigerat mentem, et pura conscientia magnam ad Deum præstat confidentiam.

3. Quanto plus et melius scis, tanto gravius inde judicaberis, nisi sanctius vixeris. Noli ergo extolli de ulla arte vel scientia, sed potius time de data tibi notitia. Si tibi videtur quod multa scis et satis bene

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