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De sa première pauvreté,

Au milieu de mes dons, ingrate, elle s'oublie ;
Et qui sait l'art d'en bien jouir

Craint toujours de donner à ma grâce affoiblie
Quelque lieu de s'évanouir.

Ne sois pas moins soigneux de régler la tristesse :
C'est témoigner peu de vertu

Que d'avoir un cœur abattu
Sitôt qu'un déplaisir violemment te presse;
Quelque grand que soit le malheur,
Il ne faut pas que la douleur

Forme aucun désespoir de ton impatience,
Ni que le zèle rebuté

Étouffe par dépit toute la confiance

Qu'il doit avoir en ma bonté.

4. Fuis ces extrémités : quiconque en la bonace S'ose tenir trop assuré

Devient lâche et mal préparé

A la moindre tempête, à sa moindre menace.
Si tu peux te faire la loi,

Toujours humble, toujours en toi,
Toujours de ton esprit le véritable maître,

Alors, moins prompt à succomber,

agit qui se totum lætitiæ tradit, obliviscens pristinæ inopiæ suæ et casti timoris Domini, qui timet gratiam oblatam amittere. Nec etiam satis virtuose sapit qui, tempore adversitatis et cujusque gravitatis, nimis desperate se gerit, et minus fidenter de me quam oportet recogitat

ac sentit.

4. Qui tempore pacis nimis securus esse voluerit, sæpe tempore belli nimis dejectus et formidolosus reperietur. Si scires semper humilis et modicus in te permanere, necnon spiritum tuum bene mode

Tu verras les périls que toutes deux font naître
Presque sans péril d'y tomber.

Dans l'ardeur la plus forte et la mieux éclairée
Conserve bien le souvenir

De ce que tu dois devenir
Lorsque cette clarté se sera retirée :
Dans l'éclipse d'un si beau jour

Pense de même à son retour;

Fais briller ses rayons sans cesse en ta mémoire;
Et s'ils paroissent inconstants,

Crois

que

c'est pour ton bien et pour ma propre gloire
Que je t'en prive quelque temps.

5. Cette sorte d'épreuve est souvent plus utile,
Bien qu'un peu rude à ta ferveur,
Que si tu voyois ma faveur

Rendre à tous tes souhaits l'événement facile.

Ne sont

L'amas des consolations,

L'éclat des révélations,

pas du mérite une marque Et ni par le degré plus haut,

Ni par la suffisance à lire l'Écriture

fort sûre;

On ne juge bien ce qu'il vaut.

Il veut pour fondements de son prix légitime
Une sincère humilité,

rare et regere, non incideres tam cito in periculum et offensam. Consilium bonum est ut, fervoris spiritu concepto, mediteris quid futurum sit abscedente lumine. Quod dum contigerit, recogita et denuo lucem posse reverti, quam, ad cautelam tibi, mihi autem ad gloriam, ad tempus subtraxi.

5. Utilior est sæpe talis probatio, quam si semper prospera pro tua haberes voluntate. Nam merita non sunt ex hoc existimanda, si quis

Une parfaite charité,

Un ferme désaveu de toute propre estime.

Celui-là seul sait mériter

Qui n'aspire qu'à m'exalter,

Qui partout et sur tout ne cherche que ma gloire,
Qui tient les mépris à bonheur,

Et

gagne sur soi-même une telle victoire,

Qu'il les goûte mieux que l'honneur.

CHAPITRE VIII.

DU PEU D'ESTIME DE SOI-MÊME EN LA présence de dieu.

I.

SEIGNEUR, t'oserai-je parler,

Moi qui ne suis que cendre et que poussière,
Qu'un vil extrait d'une impure matière,
Qu'au seul néant on a droit d'égaler ?

Si je me prise davantage,

Je t'oblige à t'en ressentir,

Je vois tous mes péchés soudain me démentir,
Et contre moi porter un témoignage

Où je n'ai rien à repartir.

plures visiones aut consolationes habeat, vel si peritus sit in Scripturis, aut in altiori ponatur gradu: sed si vera fuerit humilitate fundatus et divina caritate repletus; si Dei honorem pure et integre semper quærat, si se ipsum nihil reputet et in veritate despiciat, atque ab aliis etiam despici et humiliari magis gaudeat quam honorari.

CAP. VIII. 1. AN. FID. Loquar ad Dominum meum, quum sim pulvis et cinis. (Gen. xviij, 27.) Si me amplius reputavero, ecce tu stas contra me; et dicunt testimonium verum iniquitates meæ, nec

Mais si je m'abaisse et m'obstine

A me réduire au néant dont je viens,
Si toute estime propre en moi se déracine,
Et qu'en dépit de tous ses entretiens
Je rentre en cette poudre où fut mon origine,
Ta grâce avec pleine vigueur

Est soudain propice à mon âme,
Et les rayons de ta céleste flamme
Descendent au fond de mon cœur.

L'orgueil, contraint à disparoître,

Ne laisse dans ce cœur aucun vain sentiment
Qui ne soit abîmé, pour petit qu'il puisse être,
Dans cet anéantissement,

Sans pouvoir jamais y renaître.

Ta clarté m'expose à mes yeux,

Je me vois tout entier, et j'en vois d'autant mieux
Quels défauts ont suivi ma honteuse naissance;
Je vois ce que je suis, je vois ce que je fus,
Je vois d'où je viens ; et confus

De ne voir que de l'impuissance,

Je m'écrie, « O mon Dieu, que je m'étois déçu!

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Je ne suis rien, et n'en avois rien su. »

Si tu me laisses à moi-même,

Je n'ai dans mon néant que foiblesse et qu'effroi ;

possum contradicere. Si autem me vilificavero, et ad nihilum redegero, et ab omni propria reputatione defecero, atque sicut sum pulverisavero erit mihi propitia gratia tua, et vicina cordi meo lux tua; et omnis æstimatio, quantulacumque minima, in valle nihileitatis meæ submergetur et peribit in æternum. Ibi ostendis me mihi, quid sum, quid fui, et quo deveni ; quia nihil sum, et nescivi. Si mihi ipsi relinquor, ecce nihil et tota infirmitas; si autem subito me respexeris,

Mais si dans mes ennuis tu jettes l'œil sur moi,
Soudain je deviens fort, et ma joie est extrême.
Merveille que de ces bas lieux

Élevé tout à coup au-dessus du tonnerre

Je vole ainsi jusques aux cieux,

Moi que mon propre poids rabat toujours en terre;
Que tout à coup de saints élancements,
Tout chargé que je suis d'une masse grossière,
Jusque dans ces palais de gloire et de lumière
Me fassent recevoir tes doux embrassements !

2. Ton amour fait tous ces miracles : C'est lui qui me prévient sans l'avoir mérité; C'est lui qui brise les obstacles

Qui naissent des besoins de mon infirmité;
C'est lui qui soutient ma foiblesse,

Et, quelque péril qui me presse,

C'est lui qui m'en préserve et le sait détourner;
C'est lui qui m'affranchit, c'est lui qui me retire
De tant de malheurs, qu'on peut dire
Que leur nombre sans lui ne se pourroit borner.

Ces malheurs, ces périls, ces besoins, ces foiblesses,
C'est ce que l'amour-propre en nos cœurs a semé,
C'est ce qu'on a pour fruit de ses molles tendresses,
Et je me suis perdu quand je me suis aimé;

statim fortis efficior, et novo repleor gaudio: et mirum valde, quod sic repente sublevor, et tam benigue a te complector, qui proprio pondere semper ad ima feror.

2. Facit hoc amor tuus, gratis præveniens me, et in tam multis subveniens necessitatibus, a gravibus quoque custodiens me periculis, et ab innumeris, ut vere dicam, eripiens malis. Me siquidem male amando, me perdidi; et te solum quærendo et pure amando, me et te

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