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S'oppose puissamment à ces douces visites

Dont nous régale Jésus-Christ.
Lorsque sa grâce nous console,
D'un seul accent de sa parole

Il remplit tout l'excès de sa bénignité ;

Mais l'homme y répond mal, l'homme l'en désavoue,

S'il ne rend grâces, s'il ne loue,

S'il ne rapporte tout à sa haute bonté.

Veux-tu que la grâce divine

Coule abondamment dans ton cœur ?

Fais remonter ses dons jusqu'à leur origine;
N'en sois point ingrat à l'auteur :
Il fait toujours grâce nouvelle

A qui, pour la moindre étincelle,

Lui témoigne un esprit vraiment reconnoissant;
Mais il sait bien aussi remplir cette menace
D'ôter au superbe la grâce

Dont il prodigue à l'humble un effet plus puissant.

3. Loin, consolations funestes,

Qui m'ôtez la componction!

Loin de moi ces pensers qui semblent tous célestes,
Et m'enflent de présomption!

Dieu n'a pas toujours agréable

dando; sed homo male agit, non totum Deo cum gratiarum actione retribuendo. Et ideo non possunt in nobis dona gratiæ fluere, quia ingrati sumus auctori, nec totum refundimus fontali origini; semper enim debetur gratia digne gratias referenti, et auferetur ab elato quod dari solet humili.

3. Nolo consolationem quæ mihi aufert compunctionem, nec affecto contemplationem quæ ducit in elationem : non enim omne altum, sanctum; nec omne dulce, bonum; nec omne desideriun, purum; nec

Tout ce qu'un dévot trouve aimable ;

Toute élévation n'a pas la sainteté :

On peut monter bien haut sans atteindre aux couronnes; Toutes douceurs ne sont pas bonnes;

Et tous les bons désirs n'ont pas la pureté.

J'aime, j'aime bien cette grâce

Qui me sait mieux humilier,

Qui me tient mieux en crainte, et jamais ne se lasse
De m'apprendre à mieux m'oublier :

Ceux que ses dons daignent instruire,
Ceux qui savent où peut réduire

Le douloureux effet de sa substraction,
Jamais du bien qu'ils font n'osent prendre la gloire,
Jamais n'ôtent de leur mémoire
Qu'ils ne sont que misère et qu'imperfection.

Qu'une sainte reconnoissance

Rende donc à Dieu tout le sien;

Et n'impute qu'à toi, qu'à ta propre impuissance,
Tout ce qui s'y mêle du tien :
Je m'explique, et je te veux dire

Que des grâces que Dieu t'inspire

Tu pousses jusqu'à lui d'humbles remercîments,
Et que, te chargeant seul de toutes tes foiblesses,
Tu te prosternes, tu confesses

Qu'il ne te peut devoir que de longs châtiments.

omne carum, Deo gratum. Libenter accepto gratiam, unde semper humilior et timoratior inveniar, atqué ad relinquendum me paratior fiam. Doctus dono gratiæ et eruditus subtractionis verbere, non sibi audebit quidquam boni attribuere, sed potius se pauperem et nudum confitebitur. Da Deo quod Dei est, et tibi adscribe quod tuum est; hoc est, Deo gratias pro gratia tribue, tibi autem soli culpam et dignam pœnam pro culpa deberi sentias.

4. Mets-toi dans le plus bas étage,

Il te donnera le plus haut :

C'est par l'humilité que le plus grand courage
Montre pleinement ce qu'il vaut ;

La hauteur même dans le monde
Sur ce bas étage se fonde,

Et le plus haut sans lui n'y sauroit subsister;

Le plus grand devant Dieu c'est le moindre en soi-même,
Et les vertus que le ciel aime
Par les ravalements trouvent l'art d'y monter.

La gloire des Saints ne s'achève
Que par le mépris qu'ils en font ;
Leur abaissement croît autant qu'elle s'élève,
Et devient toujours plus profond:
La vaine gloire a peu de place

Dans un cœur où règne la grâce,

L'amour de la céleste occupe tout le lieu;
Et cette propre estime, où se plaît la nature,
Ne sauroit trouver d'ouverture

Dans celui qui se fonde et s'affermit en Dieu.

Quand l'homme à cet Être sublimé

Rend tout ce qu'il reçoit de bien, D'aucun autre ici-bas il ne cherche l'estime; Ici-bas il ne voit plus rien.

Dans le combat, dans la victoire,

4. Pone te semper ad infimum, et dabitur tibi summum; nam summum non stat sine infimo. Summi Sancti apud Deum minimi sunt apud se; et quanto gloriosiores, tanto in se humiliores. Pleni veritate et gloria cœlesti, non sunt vanæ gloriæ cupidi. In Deo fundati et confirmati, nullo modo possunt esse elati: et qui totum Deo adscribunt quidquid boni acceperunt, gloriam ab invicem non quærunt; sed gloriam quæ a

De tels cœurs ne veulent de gloire

Que celle que Dieu seul y verse de ses mains;
Tout leur amour est Dieu, tout leur but sa louange,
Tout leur souhait que, sans mélange,

Elle éclate partout, en eux, en tous les Saints.

5. Aussi sa bonté semble croître

Des louanges que tu lui rends;

Et pour ses moindres dons savoir le reconnoître,
C'est en attirer de plus grands.

Tiens ses moindres grâces pour grandes,
N'en reçois point que tu ne rendes:
Crois plus avoir reçu que tu n'as mérité;
Estime précieux, estime incomparable
Le don le moins considérable,

Et redouble son prix par ton humilité.

Si dans les moindres dons tu passes

A considérer leur auteur,

Verras-tu rien de vil, rien de foible en ses grâces,
Rien de contemptible à ton cœur ?

On ne peut sans ingratitude

Nommer rien de bas ni de rude

Quand il vient d'un si grand et si doux Souverain;
Et lorsqu'il fait pleuvoir des maux et des traverses,

solo Deo est volunt, et Deum in se et in omnibus Sanctis laudari super omnia cupiunt, et semper in idipsum tendunt.

5. Esto igitur gratus pro minimo, et eris dignus majora accipere. Sit tibi minimum etiam pro maximo, et magis contemptibile pro speciali dono. Si dignitas datoris inspicitur, nullum datum parvum aut nimis vile videbitur; non enim parvum est quod a summo Deo donatur. Etiamsi pœnas et verbera dederit, gratum esse debet ; quia semper pro

Ce ne sont que grâces diverses

Dont avec pleine joie il faut bénir sa main.

Cette charité, toujours vive,

Qui n'a que notre bien pour

but,

Dispose avec amour tout ce qui nous arrive,

Et fait tout pour notre salut.
Montre une âme reconnoissante

Quand tu sens la grâce puissante;
Sois humble et patient dans sa substraction;
Joins pour la rappeler les pleurs à la prière,
Et, de peur de la perdre entière,

Unis la vigilance à la soumission.

CHAPITRE XI.

DU PETIT NOMBRE DE CEUX QUI AIMENT LA CROIX DE

I.

JÉSUS-CHRIST.

QUE d'hommes amoureux de la gloire céleste

Envisagent la croix comme un fardeau funeste,

Et cherchent à goûter les consolations,

Sans vouloir faire essai des tribulations!

Jésus-Christ voit partout cette humeur variable :
Il n'a
que trop d'amis pour se seoir à sa table,

salute nostra facit quidquid nobis advenire permittit. Qui gratiam Dei retinere desiderat, sit gratus pro gratia data, patiens pro sublata: oret ut redeat; cautus sit et humilis ne amittat.

CAP. XI. 1. Habet JESUS nunc multos amatores regni sui cœlestis; sed paucos bajulatores suæ crucis: multos habet desideratores consolationis; sed paucos, tribulationis plures invenit socios mensæ; sed paucos,

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