Il en obtient le fruit, et change de discours: " " Dit-il, et la pitié l'ayant rendu flexible, Lui-même il a voulu descendre à mon secours. » Veux-tu savoir de quelle sorte Agit cette grâce plus forte? Écoute ses ravissements: « Tu dissipes, ô Dieu, l'aigreur de ma tristesse, << Tu changes en plaisirs tous mes gémissements, « Et m'environnes d'allégresse.»> Puisque Dieu traite ainsi même les plus grands Saints, Qu'aussitôt ta retraite éprouve notre cœur. » clamabo, et ad Deum meum deprecabor. (Ib. 9.) Denique orationis suæ fructum reportat et sé exauditum testatur, dicens: Audivit Dominus et misertus est mei, Dominus factus est adjutor meus (Ib. 11.): sed in quo? Convertisti, inquit, planctum meum in gaudium mihi, et circumdedisti me lætitia. (Ib. 12.) Si sic actum est cum magnis Sanctis, non est desperandum nobis infirmis et pauperibus, si interdum in fervore et interdum in frigiditate sumus; quoniam Spiritus venit et recedit secundum suæ beneplacitum voluntatis. Unde beatus Job ait: Visitas eum diluculo, et subito probas illum. (Job. vij, 18.) 6. Sur quoi donc faut-il que j'espère, Et, dans l'excès de ma misère, Sur quoi puis-je me confier, Sinon sur la grandeur de sa miséricorde, Et sur ce que sa grâce aime à justifier Ceux à qui sa bonté l'accorde? Soit que j'aie avec moi toujours des gens de bien, Soit Soit que des beaux traités les conseils salutaires, 7. Je n'ai point, vu d'âme si sainte, De religieux si parfaits, Qui n'ait senti la grâce, en lui comme séchée, 6. Super-quid igitur sperare possum, aut in quo confidere debeo, nisi in sola magna misericordia Dei et in sola spe gratiæ cœlestis? Sive enim adsint homines boni, sive devoti fratres vel amici fideles, sive libri sancti vel tractatus pulchri, sive dulcis cantus et hymni; omnia hæc modicum juvant, modicum sapiunt, quando desertus sum a gratia, et in propria paupertate relictus. Tunc non est melius remedium, quam patientia et abnegatio mei in voluntate Dei. 7. Numquam inveni aliquem tam religiosum et devotum, qui non habuerit interdum gratiæ subtractionem, aut non senserit fervoris di N'y verser quelquefois aucun sensible attrait, Aucun n'est éclairé de rayons si puissants; Qui n'ait vu sa clarté précédée ou suivie D'une attaque, ou du diable, ou de ses propres sens: S'il n'a franchi pour Dieu quelque rude carrière. Ne t'inquiète point de leurs inquiétudes; D'elles naîtra le calme, et leurs coups les plus rudes « Puissant Maître de la nature, Ta sainte parole en assure Ceux qu'elles auront éprouvés : « Sur qui vaincra, dis-tu, je répandrai ma gloire, Et de l'arbre de vie il verra réservés « Les plus doux fruits pour sa victoire. » 8. Cette douceur du ciel en tombe quelquefois Pour fortifier l'homme à vaincre l'amertume; L'amertume la suit, de peur qu'il n'en présume Le ciel ouvert pour lui sans plus porter de croix : minutionem. Nullus sanctus fuit tam alte raptus et illuminatus, qui, prius vel postea, non fuit tentatus. Non enim dignus est alta Dei contemplatione, qui pro Deo non est exercitatus aliqua tribulatione; solet enim sequentis consolationis tentatio præcedens esse signum. Nam tentationibus probatis cœlestis promittitur consolatio. Qui vicerit, inquit, dabo ei edere de ligno vitæ. (Apoc. ij, 7.) 8. Datur autem consolatio divina, ut homo fortior sit ad sustinendum Car enfin le bien même est souvent une porte Par où la propre estime entre avec la vertu ; Le diable ne dort point, et la chair n'est pas morte. Qui ne savent que c'est que de se reposer. CHAPITRE X. DE LA RECONNOISSANCE POUR LES GRACES DE Dieu. I. .Оx, que tu sais mal te connoître, Mortel! et que mal à propos, Toi que pour le travail Dieu voulut faire naître, Tu cherches ici du repos ! Songe plus à la patience Qu'à cette aimable confiancé Que versent dans les cœurs ses consolations, Que mêlent ses bontés aux tribulations. adversa. Sequitur etiam tentatio, ne se elevet de bono. Non dormit diabolus, nec caro adhuc mortua est; ideo non cesses te præparare ad certamen, quia a dextris et a sinistris hostes sunt, qui numquam quiescunt. CAP. X. 1. Cur quæris quietem, quum natus sis ad laborem? Pone te ad patientiam magis quam ad consolationes, et ad crucem portandam magis quam ad lætitiam. Quis enim secularium non libenter consola Quels mondains à Dieu si rebelles De leurs âmes voudroient bannir Le goût de ces douceurs toutes spirituelles, N'ont jamais rien qui les égale; Les délices des sens n'en sauroient approcher; Et la honte s'attache à celles de la chair. Mais les douceurs spirituelles, Seules dignes de nos désirs, Seules n'ont rien de bas, et seules toujours belles, C'est la vertu qui les fait naître, Et Dieu, cet adorable Maître, N'en est jamais avare aux cœurs purs et constants: Voit la tentation ne cesser pas long-temps. 2. Par trop d'espoir en nos mérites La fausse liberté d'esprit tionem et lætitiam spiritualem acciperet, si semper obtinere posset? Excedunt enim spirituales consolationes omnes mundi delicias et carnis voluptates: nam omnes delicia mundanæ aut vanæ sunt aut turpes ; spirituales vero delicia, solæ jucundæ et honestæ, ex virtutibus progenitæ, et a Deo puris mentibus infusæ. Sed istis divinis consolationibus nemo semper pro suo affectu frui valet, quia tempus tentationis non diu cessat. 2. Multum autem contrariatur supernæ visitationi falsa libertas animi et magna confidentia sui. Deus bene facit, consolationis gratiam |